RÉTROSPECTIVE

Beyrouth, Haut-Karabakh, violences policières : l'année 2020 documentée par nos Observateurs

Si l’année 2020 a été bouleversée par la pandémie de Covid-19, d’autres événements ont également marqué les esprits de nos Observateurs à travers le monde. De Beyrouth aux États-Unis, en passant par le Haut-Karabakh, ils nous ont livré leur témoignage.

Retour en images amateur sur l'année 2020.
Retour en images amateur sur l'année 2020. © Observateurs
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• 18 heures à Beyrouth le 4 août, une explosion géante dévaste tout sur son passage

Le 4 août, le monde découvre avec stupeur ces images :

Une très impressionnante explosion frappe le cœur de Beyrouth, la capitale libanaise. Quelques jours plus tard, les autorités dénombrent 204 morts, plus de 6 500 blessés et des milliards de dollars de dégâts.

Dans les heures et les jours qui ont suivi la catastrophe, les services médicaux se sont retrouvés dans une situation très difficile, devant gérer à la fois les blessés et les malades du Covid-19. Nos Observateurs sont des soignants libanais, ils nous ont raconté leur expérience.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Explosions à Beyrouth : surchargés, les hôpitaux de la capitale sont en détresse

 

• Au nord du Mozambique, un conflit et ses déplacés oubliés

Eclipsée par la pandémie de Covid-19, la situation au Mozambique a également retenu notre attention. Nous avons pu discuter avec les victimes du conflit qui oppose les autorités à un groupe terroriste islamiste dans l’extrême-nord du pays.

À gauche, une maison brûlée dans le Cabo Delgado. À droite, des habitants fuient Mocimboa da Praia, attaquée le 27 juin par des insurgés.
À gauche, une maison brûlée dans le Cabo Delgado. À droite, des habitants fuient Mocimboa da Praia, attaquée le 27 juin par des insurgés. © Pinnacle News

Nos Observateurs nous ont transmis de nombreuses images documentant les conséquences du conflit sur les populations locales, contraintes de fuir.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : ENQUÊTE - Dans le nord du Mozambique, des milliers d’habitants fuient la menace islamiste (1/2)

 

• Des criquets envahissent le Kenya et mettent en danger la sécurité alimentaire du pays

Au début de l’année, une invasion de criquets a beaucoup inquiété les agriculteurs et éleveurs kényans, qui voyaient ces insectes tout dévorer sur leur passage, mettant ainsi en danger la sécurité alimentaire du pays.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Invasion de criquets au Kenya : "J’envisage d’abandonner ma ferme"

 

• Un voyageur camerounais bâillonné dans du film plastique lors de son expulsion de Turquie

Au mois de février, plusieurs internautes nous ont transmis des images montrant un rapatriement particulièrement violent à bord d’un avion de la compagnie Turkish Airlines. L’homme expulsé avait été ligoté avec du film plastique habituellement utilisé dans les aéroports pour emballer les valises.

Nous avons enquêté sur ces images et avons retrouvé la victime, un marchand de chaussures camerounais qui avait fait escale à Istanbul lors de son voyage vers Dubaï.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : "Ils m’ont emballé comme un colis" : le cri de détresse d’un Camerounais expulsé de Turquie

 

• Des vidéos amateur confirment la présence de mercenaires syriens dans le Haut-Karabakh

Au mois d’octobre, la région du Caucase s’est embrasée quand l’Azerbaïdjan a déclaré la guerre à l’Arménie sur fond de dispute territoriale. Les deux pays revendiquent leur souveraineté sur la région du Haut-Karabakh.

Les vidéos amateur, souvent prises par les soldats sur le front et partagées dans des chaînes de messagerie privée, ont permis de confirmer la présence de mercenaires dans les rangs azerbaïdjanais, sujette à controverse.

Des mercenaires syriens échangent des tirs avec des soldats arméniens, hors champ, dans le Haut-Karabakh, début octobre. Au centre, un jeune combattant syrien documente le front pendant un bombardement près de Horadiz.
Des mercenaires syriens échangent des tirs avec des soldats arméniens, hors champ, dans le Haut-Karabakh, début octobre. Au centre, un jeune combattant syrien documente le front pendant un bombardement près de Horadiz. © Observateurs

De la même manière, plusieurs vidéos ont pu documenter des cas de vandalisme du patrimoine culturel arménien dans les zones reprises par l’Azerbaïdjan.

Le 10 novembre, l’Azerbaïdjan a finalement proclamé sa victoire dans une guerre qui aura duré un mois et quatorze jours.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Des vidéos documentent la présence de mercenaires syriens dans le conflit du Haut-Karabakh

 

• Des policiers guinéens utilisent une femme comme bouclier humain en marge d’une manifestation

Sur le continent africain, les cas de violences policières et militaires à l’encontre de civils ont été nombreux. Dans une vidéo de trois minutes tournée au mois de janvier, on voit des policiers guinéens utiliser une femme comme bouclier humain, alors qu’ils font face à des jeunes en marge d’une manifestation.

Capture d'écran de la vidéo montrant une jeune femme utilisée comme bouclier humaine par des policiers.
Capture d'écran de la vidéo montrant une jeune femme utilisée comme bouclier humaine par des policiers. © Guinée Morale

Ces images ont beaucoup choqué et nous avons essayé d’en savoir plus en géolocalisant la vidéo et en recueillant le témoignage de plusieurs témoins. Elles incarnent "une tradition d’impunité pour les violations commises par les forces de sécurité" selon un chercheur d’Amnesty international.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : En Guinée, une femme utilisée comme bouclier humain par des policiers 

 

• Des dauphins victimes de la marée noire sur les plages de l’île Maurice  

Le 25 juillet, un vraquier japonais, le "MV Wakashio", s’est échoué au large de l’île Maurice, dans l’océan Indien, déversant près de 1 000 tonnes de fioul. Selon plusieurs de nos Observateurs sur l’île, cette pollution a eu un impact direct sur la faune marine.

À gauche, quatre dauphins morts trouvés sur la plage de Petit Sable. Au centre, les habitants évaluent les dégâts, un dauphin mort en arrière-plan et, à droite, un résident local retourne une carcasse à Petit Sable.
À gauche, quatre dauphins morts trouvés sur la plage de Petit Sable. Au centre, les habitants évaluent les dégâts, un dauphin mort en arrière-plan et, à droite, un résident local retourne une carcasse à Petit Sable. © Observateurs

"En arrivant [sur les plages] hier matin, il y avait un sentiment de tristesse et de colère parmi les habitants. À Petit Sable, la marée noire était encore très présente. Un peu plus loin, des volontaires repêchaient une carcasse. L’animal avait des traces de mazout dans sa gueule", nous racontait l’un de nos Observateurs.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Des dauphins retrouvés morts à Maurice après la marée noire : "La fin d'une image idyllique de l’île"

 

• Aux États-Unis, un milicien tire sur la foule lors d’une manifestation du mouvement Black Lives Matter

Après la mort de George Floyd, le 25 mai à Minneapolis, lors de son arrestation par la police, les questions des violences policières et des discriminations raciales reviennent sur le devant de la scène et déclenchent une vague de manifestations aux États-Unis.

Quand Jacob Blake se retrouvé paralysé à la suite d'un tir de la police dans la ville de Kenosha, des manifestations sont organisées dans le sillage du mouvement "Black Lives Matter". Lors de l’une d’elle, un adolescent, membre présumé d'une milice d'auto-défense, tire sur la foule. Deux personnes sont tuées et un blessé grave.

Kyle Rittenhouse a tué deux manifestants et en a blessé gravement un autre, à Kenosha (Wisconsin) le 27 août (à gauche). Cette même nuit, des civils armés ont protégé les commerces et sont venus en aide aux manifestants blessés (à droite).
Kyle Rittenhouse a tué deux manifestants et en a blessé gravement un autre, à Kenosha (Wisconsin) le 27 août (à gauche). Cette même nuit, des civils armés ont protégé les commerces et sont venus en aide aux manifestants blessés (à droite). © Twitter

Notre Observateur participait aux manifestations régulièrement et a été témoin de la scène. Il nous a raconté ce qu’il a vu.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Un témoin de la fusillade de Kenosha : "Il est venu avec un fusil et il cherchait à se battre" 

 

• La mort de George Floyd relance les conversations familiales parfois douloureuses sur le racisme

Le mort de George Floyd a aussi mis en lumière les conséquences plus intimes des violences policières et du racisme. De nombreux parents afro-américains ont alors voulu aborder le sujet avec leurs enfants. Ce moment souvent difficile, appelé "The Conversation" aux États-Unis, est vécu par une large majorité d’enfants afro-américains, ce depuis plusieurs générations.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : "Respire, reste en vie" : les conseils de parents afro-américains à leurs enfants face à la police 

 

• En Mauritanie, des policiers imitent le geste de Derek Chauvin et relancent le débat sur le racisme et l’esclavage

La vague d’indignation suscitée par la mort de George Floyd a rapidement traversé les frontières américaines et donné du poids à de nombreux combats antiracistes. En Mauritanie, l’arrestation brutale d’un homme noir en juin montrait la même "technique" que celle utilisée par le policier de Minneapolis.

Deux policiers mauritaniens appliquent un plaquage ventral pour arrêter un individu à El-Minaa dans la capitale Nouakchott. La scène a choqué en Mauritanie, des internautes faisant la comparaison avec l'arrestation qui a coûté la vie à George Floyd.
Deux policiers mauritaniens appliquent un plaquage ventral pour arrêter un individu à El-Minaa dans la capitale Nouakchott. La scène a choqué en Mauritanie, des internautes faisant la comparaison avec l'arrestation qui a coûté la vie à George Floyd. © Facebook

Ces images choquantes, écho mauritanien de l’actualité internationale, ont permis de sensibiliser plus largement sur les discriminations subies par la communauté noire dans ce pays, et sur les systèmes esclavagistes dont elle est parfois encore victime.  

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Mauritanie : la photo de l'arrestation du "George Floyd mauritanien" provoque la colère de la communauté noire

 

• À la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan, des dizaines de migrants poussés à la noyade par des garde-frontières

Au mois de mai, notre rédaction s’est penché sur un cas d’atteinte aux droits de l’homme par des forces de l’ordre. Sur une série de vidéos amateur diffusées en Afghanistan, on voit plusieurs corps échoués sur le lit d’une rivière.

Des vidéos amateur relayées sur les réseaux sociaux en Afghanistan montrent des corps de migrants afghans noyés après avoir été contraints de traverser le fleuve Hari Rûd qui sépare l'Iran et l'Afghanistan, le 1er mai 2020.
Des vidéos amateur relayées sur les réseaux sociaux en Afghanistan montrent des corps de migrants afghans noyés après avoir été contraints de traverser le fleuve Hari Rûd qui sépare l'Iran et l'Afghanistan, le 1er mai 2020. © Observateurs

 

Ces images montrent un incident qui s’est produit le 30 avril à la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan. Plusieurs travailleurs afghans qui souhaitaient rentrer en Iran quand la pandémie de Covid-19 connaissait une accalmie ont été sommés de rentrer en Afghanistan par les garde-frontières.

Selon les témoignages des survivants, ces officiers iraniens ont menacé de les tuer s’ils ne traversaient pas la rivière à la nage. Au moins 17 des 57 migrants présents sont morts noyés et 20 ont été portés disparus.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Enquête : comment des gardes-frontières iraniens ont noyé des dizaines de migrants afghans