Réactions après le "non" au référendum

Documents rassemblés par Cristiano de Sa Fagundes, notre éditeur régional Amérique latine.

Hugo Chavez comptait sur le peuple pour avaliser sa réforme constitutionnelle. Le peuple ne l'a pas suivi. Cette première défaite du président vénézuéliendepuis son accession au pouvoir est suivie de près par les blogueurs, aux quatre coins de l'Amérique latine.

Posez vos questions aux blogueurs qui ont contribué à ce dossier : Emiliano Crespo (Mexique), Neslon Franco Jobim (Brésil), Freddy Armas (Venezuela).

« La démocratie est vivante au Venezuela »

Ce Mexicain a suivi de près l'agitation autour du référendum vénézuélien sur son blog. Il voit dans le « non » un symbole de la bonne santé de la démocratie au Venezuela.

(...) Moi qui suis mexicain, habitué aux élections frauduleuses et aux présidents qui ne savent pas perdre, je suis vraiment très étonné. Le « dictateur » Hugo Chavez a respecté la volonté populaire : cela traduit la légitimité de son gouvernement. Dès lors, seuls les écervelés pourront le qualifier de dictateur. La démocratie est vivante au Venezuela, aujourd'hui plus que jamais.

En tant que citoyen mexicain, mes droits sont beaucoup plus limités que ceux des Vénézuéliens. Je n'ai pas le droit de voter pour ou contre les modifications de la Constitution, alors que les Vénézuéliens le font régulièrement. Chez moi, députés et sénateurs peuvent faire ce qui leur plaît, sans consulter la population par les urnes. (...)»

Texte publié le 3 décembre 2007

Posez vos questions à Emiliano Crespo sur sa fiche profil.

« L’influence chaviste va diminuer »

Fin connaisseur de la politique internationale, le professeur et journaliste Nelson Franco Jobim analyse sur son blog la défaite depuis le Brésil:

La défaite de la réforme constitutionnelle proposée par Hugo Chavez est une victoire non seulement pour le Venezuela, mais pour toute l'Amérique Latine. Les présidents de Bolivie (Evo Morales) et d'Équateur (Rafael Correa), qui ont convoqué des assemblées constitutionnelles, ont parfaitement compris le message. De même que les partisans du PT [Parti des travailleurs, au pouvoir au Brésil], qui rêvent d'un troisième mandat pour Lula.

Même Chavez en a bénéficié. Il a mis six heures pour admettre publiquement sa défaite, ce qui veut dire qu'il a hésité avant d'accepter les résultats des urnes. Il a choisi la démocratie. Avec la limitation de ses pouvoirs, il se peut qu'il devienne plus réaliste.(...)

Des facteurs comme la violence, le chômage, la corruption, l'inflation -près de 4% par mois- ont peut-être démobilisé une partie de son électorat. Mais l'avancée vers le socialisme et les pouvoirs dictatoriaux que la réforme donnait au « lider » ont certainement pesé encore plus. (...)

Ce qui est sûr, avec ces résultats très serrés, c'est que Chavez va réessayer. Après tout, son mandat va jusqu'à 2012. Pour que la situation change, il faudrait que l'opposition s'entende pour proposer une politique alternative, dédiée au combat contre la pauvreté et l'exclusion. Il est très improbable que les pauvres soient séduits par une élite blanche qui les ont ignorés tout au long de l'histoire.

Peut-être que la principale leçon du référendum vénézuélien, pour l'Amérique Latine, est le rejet d'un troisième mandat. Un mandat de trois, quatre, ou six ans est peut-être insuffisant pour mener des réformes radicales. Mais si un chef d'Etat n'a pas pu faire avancer les choses sur cette période, il ne le fera pas plus sur huit, dix ou douze ans. (...)

Après l'échec de ce plébiscite, les constitutions de la Bolivie et de l'Equateur vont sûrement être amendées dans un sens moins autoritaire, et l'influence chaviste va diminuer. Au lieu du « socialisme du XXIème siècle », c'est la social-démocratie et l'économie sociale de marché des présidents Lula, au Brésil, Michèle Bachelet, au Chili, et Tabaré Vasquez, en Uruguay, qui seront en position de force.

Le « socialisme du XXIème siècle » aura le même destin que les utopies marxistes du siècle dernier.»

Texte publié le 5 décembre 2007

Posez vos questions à Nelson Franco Jobim

« Nous avons brisé le mythe de l’invincibilité de Chavez »

Sur son blog, ce citoyen vénézuélien dénonce les méthodes chavistes et voit en la défaite du président l'espoir d'une plus large contestation.

Sur leurs sites, les pro-Chavez disent que nous sommes absurdes, que nous sommes un peuple ignorant, qu'on nous a achetés. Ils disent que nous sommes des victimes des médias, des robots, des zombis. Ils nous confondent avec eux-mêmes, à la différence près que nous n'avons pas de maître et que nous n'appuyons aucun parti.

Chavez est loin d'être un démocrate. Il ne faut pas croire à l'image qu'on veut nous vendre, celle d'un président de la République. Les chavistes se disent « fiers d'avoir un président qui a assumé sa défaite démocratiquement ». Mais cet homme, qui fonde sa campagne sur la haine vis-à-vis de ses opposants, sur la persécution et sur l'insulte, nous ne pouvons pas l'accepter comme président. Il appuie les groupes armés et applaudit des députés qui ne méritent pas le travail qu'on leur a confié. (...)

Nous ne devons pas nous endormir. Nous méritons bien une fête, car nous avons brisé le mythe de l'invincibilité de Chavez. Mais le travail vient juste de commencer. (...)»

Texte publié le 3 décembre 2007

Posez vos questions à Freddy Armas sur sa fiche profil

Les partisans du non exultent après à la défaite du président. Filmé à Altamira, au Venezuela

Video posted on 3 december 2007

Après une longue nuit d’attente des résultats, les « nonistes » mettent le feu aux affiches chavistes.

Video posted on 3 december 2007