"La vie des autres, c'est la mienne"
Dans un pays où les médias sont entièrement contrôlés par le pouvoir, cette jeune blogueuse cubaine ne manque pas de courage. Dans ce billet, elle commente la sortie à La Havane du film , qui relate la descente aux enfers, à la fin des années 80, d'un intellectuel est-allemand mis sous surveillance par la police politique. Pour elle, ce film ne parle pas de « La vie des autres », mais bien de sa vie à elle. Posez vos questions à Yoani Sánchez
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Dans un pays où les médias sont entièrement contrôlés par le pouvoir, cette jeune blogueuse cubaine ne manque pas de courage. Dans ce billet, elle commente la sortie à La Havane du film « La vie des autres », qui relate la descente aux enfers, à la fin des années 80, d'un intellectuel est-allemand mis sous surveillance par la police politique. Pour elle, ce film ne parle pas de « La vie des autres », mais bien de sa vie à elle.
Posez vos questions à Yoani Sánchez
J'ai pris cette photo samedi dernier dans la file d'attente de ‘La vie des autres', qui était projeté pour la première fois au cinéma Acapulco [dans la cadre du festival du nouveau cinéma d'Allemagne]. Ce film a vraiment créé l'événement ici. (...) Nous l'avons même rebaptisé ‘La vie de nous' (la visa de nosotros). (...) Ce film nous raconte une histoire qui pourrait être celle d'un voisin, d'un ami ou même la nôtre. Il renforce notre sentiment d'être surveillés et que nous ne sommes pas paranoïaques. Ceux qui ont eu la chance d'assister à la projection peuvent voir à quel point le comportement de l'agent Weisler (l'espion de la Stasi) ressemble à celui de nos « Carlos » ou « Alejandro ». Cette mise sur écoute du téléphone, cette façon d'épier avec perversion toutes les communications des individus. Ce sont des techniques que la Stasi partage avec notre ministère de l'intérieur. Moi j'ai compris avec le temps que la meilleure façon de se rire des services de renseignements, c'est justement de dire tout ce que l'on pense. Signer de son nom. Parler à voix haute. C'est ça qui désarme leurs manigances. Evitons leur de passer de longues heures à enregistrer nos conversations, de payer l'essence de leurs patrouilles interminables, et de fouiller Internet à la recherche d'opinions ‘divergentes'. »