Iran : le mouvement de contestation rebondit pour commémorer la mort de deux manifestants exécutés

Des milliers d'Iraniens sont à nouveau descendus dans les rues le 16 février pour protester contre le régime, avec un niveau de mobilisation plus vu depuis des semaines. Ils voulaient marquer le 40e jour suivant l'exécution de deux manifestants du mouvement de protestation après la mort de Mahsa Amini. Les forces de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations.

Portraits de Mohammad Hosseini et Mohammad Mahdi Karami, deux manifestants iraniens exécutés, accrochés par des manifestants sur une voie rapide de Téhéran, le 16 février 2023.
Portraits de Mohammad Hosseini et Mohammad Mahdi Karami, deux manifestants iraniens exécutés, accrochés par des manifestants sur une voie rapide de Téhéran, le 16 février 2023. © Observers
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Les manifestants iraniens commémoraient le 40e jour après la mort de Mohammad Hosseini et Mohammad Mahdi Karami, deux manifestants iraniens exécutés après un verdict rapide d'un tribunal, qui les avaient condamnés pour avoir tué un policier. Amnesty International parle d’une "exécution arbitraire".

Les manifestants sont descendus dans les rues dans plusieurs quartiers de la capitale Téhéran et de sa banlieue. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs autres villes : Machhad au nord-est, Ahvaz au Sud-Ouest, Ispahan au Centre, Sanandaj à l'Ouest et des dizaines d'autres, dont Qazvin, Arak et Izeh, Kermanshah et Rasht.

À Téhéran et dans sa banlieue, les manifestations ont été particulièrement intenses. Les forces de sécurité ont tiré des coups de fusil pour les disperser.

Dans une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Téhéran, des Iraniens scandent “Mort aux mollahs”.
Dans une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Téhéran, des Iraniens scandent "Mort au dictateur".
Dans une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Téhéran, des Iraniens scandent “Liberté, liberté”.

À Sanandaj, la capitale de la province du Kurdistan iranien, des personnes ont incendié des ordures et des pneus de voiture pour bloquer les véhicules des forces de sécurité.

Dans une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Sanandaj, des Iraniens scandent « Mort à Khamenei ».

 

Ispahan, la capitale historique de la dynastie des Séfévides, dynastie iranienne musulmane du XVIe siècle, a également été le théâtre de manifestations.

Dans une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Ispahan, des Iraniens scandent « Mort à Khamenei ».

 

Des manifestations ont également eu lieu à Machhad, l'une des villes les plus saintes pour les musulmans chiites. Cette ville, considérée comme un bastion de la théocratie iranienne, est devenue l'un des principaux centres de protestations massives contre le régime depuis le 16 septembre 2022.

Une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Mashhad, en Iran.

 

Les manifestations ont également eu lieu dans de plus petites villes. Pour beaucoup, elles ont été organisées via les réseaux sociaux, même si les autorités iraniennes censurent strictement Internet et ont interdit presque tous les réseaux sociaux.

Les Iraniens, qui sont passés maîtres dans l'art de contourner ces restrictions au cours des deux dernières décennies grâce à l'utilisation de VPN et d'applications anti-proxy, ont cependant pu se joindre aux appels à manifester dans leurs villes le 16 février.

À Arak, une ville industrielle à 280 kilomètres au sud-ouest de Téhéran où les gens protestent activement contre le régime depuis cinq mois, les manifestants sont à nouveau descendus dans la rue, scandant des slogans anti-régime.

Une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Arak, en Iran.

 

Les habitants de Qazvin, une ville historique située à 150 kilomètres à l'ouest de Téhéran, ont également partagé des vidéos de leurs manifestations sur les réseaux sociaux.

Selon des organisations de défense des droits de l'homme, au moins 19 000 Iraniens ont été arrêtés au cours des cinq derniers mois. Plus de 481 manifestants ont été tués par les forces de sécurité.

Dans une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Qazvin, des Iraniens scandent « Liberté, liberté ».

Les habitants d'Izeh, une petite ville de la province du Khouzestan dans le sud-ouest de l'Iran, ont également exprimé leur mécontentement.

Des habitants étaient de retour dans les rues la nuit dernière, malgré la répression dans cette ville au cours des cinq derniers mois, qui a vu de nombreux manifestants tués, dont Kian Pirfalak, 9 ans, le 16 novembre 2022.

Une vidéo partagée sur Telegram le 16 février 2023 à Izeh, en Iran.

 

Le 13 février 2023, le guide suprême Ali Khamenei, souvent la cible des slogans, a ordonné une "grâce massive" de prisonniers. Selon les rapports officiels, des milliers de manifestants arrêtés seront libérés s'ils remplissent certains critères spécifiques et acceptent de signer un document de repentance.

Cependant, entre les nombreuses conditions préalables à cette grâce, les arrestations en cours et la pression policière, impossible à ce stade de savoir quel impact cette grâce aura réellement. Selon Amnesty International, 14 manifestants arrêtés sont inculpés de crimes pouvant entraîner une condamnation à mort.