ROYAUME-UNI

L’extrême-droite invitée à un débat sur la liberté d’expression à Oxford

Documents rassemblés par L'invitation de Nick Griffin, chef de file du parti d'extrême-droite British National Party (BNP), à venir s'exprimer à la Société des Débats de l'Oxford Union, un club de débats étudiant, lundi 26 novembre, a suscité une vague de protestations et fait gonfler la polémique à travers le pays. Une centaine d'étudiants sont venus manifester contre la présence de l'homme politique. Environ 50 d'entre eux ont réussi à investir les lieux pour organiser un sit-in en signe de protestation, pendant près d'une heure. A l'extérieur, la foule scandait « BNP - Hors d'ici ! », et « Sale nazi, rentre chez toi ! ». Griffin était accompagné par David Irving, qui avait été incarcéré en Australie pour avoir nié l'Holocauste. L'événement a été largement commenté au Royaume-Uni, où la cote de popularité de l'extrême-droite a grimpé depuis les attentats de Londres. Vous pouvez poser vos questions à notre observateur , maître de conférences et spécialiste de la liberté de la presse.

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Documents rassemblés par Team Observers

L'invitation de Nick Griffin, chef de file du parti d'extrême-droite British National Party (BNP), à venir s'exprimer à la Société des Débats de l'Oxford Union, un club de débats étudiant, lundi 26 novembre, a suscité une vague de protestations et fait gonfler la polémique à travers le pays. Une centaine d'étudiants sont venus manifester contre la présence de l'homme politique. Environ 50 d'entre eux ont réussi à investir les lieux pour organiser un sit-in en signe de protestation, pendant près d'une heure. A l'extérieur, la foule scandait « BNP - Hors d'ici ! », et « Sale nazi, rentre chez toi ! ». Griffin était accompagné par David Irving, qui avait été incarcéré en Australie pour avoir nié l'Holocauste. L'événement a été largement commenté au Royaume-Uni, où la cote de popularité de l'extrême-droite a grimpé depuis les attentats de Londres.

Vous pouvez poser vos questions à notre observateur David Berry, maître de conférences et spécialiste de la liberté de la presse.

Une vidéo prise au moyen d’un téléphone mobile montre les manifestants au moment où ils se sont engouffrés dans le bâtiment.

Vidéo publiée surYoutube

Une lettre envoyée par le président de l’Oxford Union à ses membres avant le débat

Ces personnes ne se voient pas offrir une tribune pour faire leur propagande, mais elles viennent s'exprimer sur les limites de la liberté d'expression. De plus, elles le feront dans le contexte d'un forum, lors duquel d'autres intervenants seront présents pour récuser et attaquer leurs idées, dans un tête-à-tête qui permettra aux étudiants de se confronter à eux par le débat.

Selon moi, jeter les idées de ces personnes aux oubliettes ne mène à rien. Le ministre de la Sécurité, Tony MacNulty, l'a d'ailleurs bien résumé jeudi en affirmant que le meilleur moyen de réagir à ces opinions est d' « acculer ces personnes au débat ». Les empêcher de s'exprimer ne fait que les positionner en martyrs de la liberté d'expression, et d'après ma propre expérience à Halifax, ville touchée par des problèmes raciaux par le passé, des groupes tels que le BNP se portent mieux lorsqu'ils sont apparemment victimes de la censure. »

Voir la lettre originale.

Extraits audio du discours de Nick Griffin à l’Oxford Union

Audio publié sur Youtube

Ce n’est pas un groupuscule indépendant, c’est un groupuscule qui travaille main dans la main avec le Labour Party, avec le gouvernement de ce pays, pour bâillonner la liberté d’expression, en faisant taire ceux qui sont en désaccord avec lui, ce qui veut dire bâillonner la liberté d’expression pour chacun, parce que la liberté d’expression est la même pour tous, aussi détestables soient leurs opinions, aussi méprisables soient-ils, sans quoi elle n’existe pas du tout. »

Ils [les opposants au débat] sont d’une malhonnêteté totale dans leur argumentation, en prétendant que je n’ai pas le droit de dire que les Noirs n’ont pas le droit d’exister. C’est une absurdité complète. »

« Ceux qui utilisent la violence pour protester contre ceux dont les idées leur déplaisent ratent leur objectif.»

Ce blogueur critique les manifestants.

Le dirigeant de l'Oxford Union, qui les a tous deux invités au débat, souhaite démontrer que leurs opinions sont rebutantes, mais par le biais de la raison et de la controverse. En ce sens, je suis entièrement d'accord avec lui. Dans la même manière, je déteste l'islamisme ou le nationalisme noir, mais j'accepte de débattre avec ceux qui portent ce genre d'idées. »

« Ceux qui utilisent la violence pour protester contre ceux dont les idées leur déplaisent ratent leur objectif. Il est préférable d'offrir un espace ouvert, où les arguments d'une politique irréfléchie et haineuse sont disséqués et éliminés en s'appuyant sur la logique, la raison et la réfutation bien structurée. »

Observations sur la liberté d’expression, David Berry

C'est un peu un cliché de citer les propos de Voltaire sur la liberté d'expression. C'est pourtant exactement ce que fit Paul Myners, homme d'affaires et donateur de Gordon Brown (Question Time du jeudi 29 novembre 2007, BBC 1) lorsqu'il s'est demandé s'il était juste, de la part de l'Oxford Union, d'inviter le chef de file du BNP, Nick Griffin, et l'historien et négationniste David Irving, à débattre de ces questions. Myners a en effet défendu leur droit de parole en s'appuyant sur l'affirmation de Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».

Certains diront au contraire que des limites à la liberté d'expression devraient exister, dès lors qu'elle blesse ou porte atteinte inutilement à d'autres. Le philosophe libéral John Stuart Mill serait certainement allé dans ce sens. La question de la liberté d'expression est très simple, on en jouit, ou pas. Et si l'on soutient qu'elle doit être limitée, on doit expliquer pourquoi. La relation entre l'Etat et l'Individu est essentielle dans ce débat : c'est là un dilemme libéral tout à fait classique. »