Cinq intox autour de la guerre en Ukraine qui ont marqué 2022
Publié le :
L’année 2022 a été marquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et une guerre non seulement sur le terrain, mais aussi sur les réseaux sociaux avec beaucoup de désinformation en image. La rédaction des Observateurs de France 24 a sélectionné cinq exemples représentatifs des intox qui ont circulé cette année autour de la guerre en Ukraine.
En 2022, les équipes des Observateurs de France 24 ont rédigé 92 articles de vérification sur des fausses informations liées à la guerre en Ukraine.
Accusations de mise en scène de la part des autorités ukrainiennes, faux reportages créés de toutes pièces, accusations de nazisme contre les Ukrainiens… Retrouvez ci-dessous une sélection d'intox traitées par nos journalistes.
Les "faux cadavres" de Boutcha
Le 2 avril 2022, un peu plus d'un mois après le début de la guerre en Ukraine, plus de 350 cadavres de civils ont été découverts à Boutcha, ville ukrainienne précédemment occupée par l'armée russe. Peu après, des médias et des comptes pro-russes ont affirmé que cette découverte avait été mise en scène. Une allégation qui s'est notamment appuyée sur une vidéo sur laquelle, selon eux, on peut voir bouger les corps de personnes censées être mortes.
Mais cette impression n'est en fait due qu'à la mauvaise qualité de la séquence. En visionnant la vidéo d'origine, on peut s'apercevoir qu'il s'agit d'effets d'optique et que les corps ne bougent pas. D'autres images réalisées au même endroit montrent par ailleurs les mêmes corps, gisant immobiles sur la même route.
Vous pouvez lire notre décryptage en cliquant ici.
Faux reportages
Le 13 avril 2022, alors qu'un tir de missile avait touché la gare de Kramatorsk dans l'est de l'Ukraine et tué plus de 50 civils, des comptes pro-Kremlin ont partagé un reportage prétendument publié par la BBC, dans lequel la responsabilité de l'attaque était attribuée à l'Ukraine. La séquence imitait la charte graphique du média britannique et portait son logo.
Or plusieurs éléments - comme l'orthographe utilisée ou la présence de séquences montrant des cadavres non floutés - indiquent que cette vidéo n'est pas authentique. La BCC a elle-même démenti être à l'origine de la séquence.
Retrouvez notre vérification en détail ici.
Ce faux reportage n'était pas le seul diffusé par des comptes pro-russes en 2022. Dans cet article, nous avons expliqué pourquoi une vidéo portant le logo du Figaro et prétendant montrer des tags à l'effigie d'Hitler sur des boutiques Chanel à Paris n'est pas authentique. Nous nous sommes aussi penchés sur ce faux reportage d'Al-Jazeera, qui affirme montrer des graffitis nazis réalisés par des supporters ukrainiens en marge de la Coupe du monde.
Zelensky cocaïnomane ?
Tout au long du conflit, de nombreuses intox ont visé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans le but de le décrédibiliser. Plusieurs vidéos ont par exemple été détournées pour accuser le président ukrainien de consommer de la cocaïne.
Or il s'agit de montages. Sur l'une d'elle, de la cocaïne a par exemple été ajoutée numériquement sur le bureau du président ukrainien. Sur une autre, des propos tenus lors d'une interview ont été juxtaposés pour lui faire dire qu'il consommait de la drogue alors qu'il expliquait justement ne pas y avoir recours.
Pour en savoir plus sur cette intox, cliquez ici.
Accusations de nazisme contre les réfugiés ukrainiens
Alors que la "dénazification" de l'Ukraine est l'un des arguments utilisés par le président russe Vladimir Poutine pour justifier la guerre en cours, de nombreux contenus manipulatoires ont visé à accuser l'Ukraine d'être acquise à l'idéologie nazie. Certains ont par exemple diffusé des images trompeuses de drapeaux arborant la croix gammée quand d'autres ont affirmé à tort que des enfants ukrainiens chantaient un "hymne nazi".
En outre, plusieurs images censées montrer des réfugiés ukrainiens accueillis en Europe et les accusant de nazisme ont été partagées en mai dernier. Grâce à des recherches d'image inversée (voir ici comment procéder), nous avions retrouvé les photos d'origine. Nous avions par exemple montré que l'un des prétendus réfugiés ukrainiens, que l'on voit arborer le t-shirt du bataillon ultranationaliste Azov, était en réalité letton.
Retrouvez notre décryptage des images accusant les réfugiés ukrainiens de nazisme ici.
Des graffitis anti-Zelensky à côté de Paris ?
En cette fin d'année, des images censées montrer une insatisfaction grandissante des populations européennes vis-à-vis du soutien de leur gouvernement à l'Ukraine ont été diffusées. Une photo partagée par des comptes pro-russes montre par exemple un graffiti anti-Zelensky qui aurait été réalisé à Saint-Mandé, à l'est de Paris. On y voit le président ukrainien en train d'absorber des billets de banque qui représentent "l'argent des Européens".
La rédaction des Observateurs de France 24 s'est rendue sur place et n'a trouvé aucune trace du graffiti. Contactés, la mairie et les commerçants à proximité ont affirmé ne pas avoir vu ce graffiti. Une analyse forensique de l'image (voir ici comment procéder) a révélé des "indications de manipulation" et des spécialistes du street-art ont également détecté plusieurs incohérences sur le cliché.
Retrouvez l'enquête que nous avons publiée sur ce graffiti dont il n'existe aucune trace ici.