Au Daguestan, les femmes tentent d’empêcher le départ en Ukraine des hommes mobilisés
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Au moins 120 personnes ont été arrêtées lors de manifestations à Makhatchkala, dans la capitale du Daguestan, le 25 septembre, après que Vladimir Poutine a annoncé une mobilisation militaire partielle pour renforcer ses effectifs déployés en Ukraine. Des vidéos partagées en ligne montrent des habitants de cette province, souvent des femmes ou de personnes issues des minorités, qui se confrontent à la police, laquelle a tenté de réprimer la mobilisation par la force.
Des manifestations éclatent en Russie depuis le 21 septembre, jour où la mobilisation militaire "partielle" a été décrétée par le président russe. Peu après son annonce, le ministre russe de la Défense avait déclaré que 300 000 personnes seraient enrôlées dans l'armée.
La police a rapidement réagi pour réprimer la contestation. Plus de 2 000 personnes ont été arrêtées dans tout le pays depuis le 21 septembre, selon l'ONG russe indépendante OVD-Info.
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Au Daguestan, cependant, les manifestants ont fait preuve d'une rare véhémence, se défendant contre les forces de sécurité, même armées.
Les femmes à l'avant-garde
En tête des manifestations, on trouve des femmes, qui s’insurgent contre l'envoi de leurs fils et maris en Ukraine.
Une vidéo, partagée sur Twitter le 25 septembre, montre ainsi des femmes à Makhatchkala, la capitale du Daguestan, implorant les policiers. "Pourquoi prenez-vous nos enfants ? Qui a attaqué qui ? C'est la Russie qui a attaqué l'Ukraine", disent-elles.
Женщины на протестной акции в Махачкале скандируют «Нет войне».
— Fem Antiwar Resistance (@femagainstwar) September 25, 2022
Подошедшему полицейскому, говорящему им, что «на Россию напали!», женщины кричат, что это Россия напала на Украину.
Видео: Черновик pic.twitter.com/6NG96lIPER
D'autres vidéos prises lors de la manifestation montrent des femmes scandant des slogans et repoussant les policiers.
«Нет войне!» «Наши дети — не удобрение!»
— Медиазона (@mediazzzona) September 25, 2022
На митинге в Махачкале женщины скандируют антивоенные лозунги и отбивают задержанных
Видео: Утро Дагестан pic.twitter.com/p3ftj89BIZ
Cette vidéo montre des femmes qui ont formé une barricade dans la rue pour empêcher un véhicule de police de passer. Les manifestants avaient tenté de libérer les personnes arrêtées par la police, même celles qui se trouvaient dans des véhicules.
Женщины в Махачкале встали на пути полицейских автомобилей. pic.twitter.com/2MZhc2eaVA
— Олена Україна🇺🇦❤️ (@ElenaUkr22) September 25, 2022
Dans une autre vidéo, des femmes chassent un fonctionnaire isolé qui bat en retraite.
A group of women successfully chases away a lone policeman at an anti-mobilisation protest in Dagestan https://t.co/TBCl9khPGK pic.twitter.com/jwJLqVPIcO
— Francis Scarr (@francis_scarr) September 25, 2022
Des manifestants ont rapporté que la police utilisait des tasers et du gaz au poivre à Makhachkala.
Les minorités particulièrement visées
La République du Daguestan, une province de Russie bordant la Géorgie et la mer Caspienne, est majoritairement musulmane. Comme ceux des autres provinces composées de minorités ethniques, les habitants du Daguestan ont été particulièrement touchés par la guerre en Ukraine. Une analyse de la BBC démontre ainsi que dix fois plus de soldats du Daguestan sont morts dans le conflit ukrainien, par rapport à ceux originaires de Moscou.
Des analystes et des groupes de défense des droits humains affirment que les minorités ethniques et les personnes démunies sont parmi les plus touchées par la conscription, la première en Russie depuis la Seconde Guerre mondiale.
À Endirey, une petite ville d'environ 8 000 habitants, des manifestants ont bloqué une autoroute le 25 septembre, amenant la police à tirer en l'air. Les habitants ont déclaré que plus de 100 hommes de leur ville avaient été conscrits - un nombre qu'ils jugent disproportionné.
Село Эндирей Хасавюртовского района, протесты против мобилизации pic.twitter.com/XlCjdlFXbF
— Руслан Ахалчи (@akhalchi) September 25, 2022
Митинг в дагестанском селе Эндирей продолжается.
— Скат media (@mediaskat) September 25, 2022
Видео: Спросите у Расула pic.twitter.com/PZgUyIR47d
Bien que les autorités russes aient initialement déclaré que la mobilisation ne concernerait que les réservistes et les Russes ayant une expérience militaire antérieure, beaucoup craignent que le nombre de personnes appelées soit en réalité beaucoup plus important.
L'annonce a provoqué des exodes dans tout le pays, des billets d'avion se sont vendus très rapidement et des files de voitures se sont formées aux postes frontières vers les pays voisins, notamment la Finlande et la Géorgie.