Comment un signe popularisé sur TikTok a sauvé une femme kidnapée

Un signe de main à reproduire par les victimes pour signaler discrètement une situation de violence, devenu viral sur TikTok.
Un signe de main à reproduire par les victimes pour signaler discrètement une situation de violence, devenu viral sur TikTok. © Observers/TikTok

Toutes les tendances virales de TikTok ne se résument pas à des vidéos drôles ou de promotion personnelle :  certaines peuvent sauver des vies. C’est le cas de celle relayant un geste mis au point par des activistes canadiennes et qui permet à une victime de signaler discrètement à tout un chacun qu’elle est en situation de violences domestiques. Début novembre, une jeune Américaine a ainsi été secourue après que son signe a été reconnu par un automobiliste. 

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C'était le 5 novembre dernier dans l’Etat du Kentucky aux Etats-Unis : un conducteur remarque une adolescente dans une voiture conduite par un homme plus âgé, sur l’autoroute. Elle lui fait un signe de la main : elle replie son pouce sur sa paume, puis ferme ses quatre autres doigts dessus, arborant donc un poing fermé. Le conducteur reconnaît le signe et appelle la police. Le conducteur est arrêté et la police découvre que l’adolescente avait été portée disparue en Caroline du Nord deux jours auparavant. 

La campagne "Signal for Help" initiée par la Fondation canadienne des femmes.
La campagne "Signal for Help" initiée par la Fondation canadienne des femmes. © Canadian Women's Foundation

Ce geste a été élaboré dans le cadre de la campagne Signal for Help, lancée par la Fondation canadienne des femmes , au début de la pandémie de Covid-19. Le but alors : donner aux personnes confinées chez elles avec une personne violente ou qui abuse d’elles, une “façon de signaler leurs appels au secours, sans être entendues ou laisser une trace digitale”. Simple, efficace, le signe convenait particulièrement à une période d’isolements individuels, pouvant être utilisé dans les appels visio avec amis, familles ou collègues. 

D’autres utilisateurs ont réalisé des vidéos pour diffuser la bonne utilisation de ce signe. 

Des utilisateurs de TikTok ont depuis décidé de partager le signe plus massivement. Le 30 octobre, deux activistes féministes publient une vidéo expliquant comment faire le geste. Elle a été vue selon la plateforme plus de 600 000 fois. 

D’autres méthodes ont été proposées à travers le monde. Cette adolescente polonaise a par exemple mis en place un faux magasin de cosmétiques, où des femmes peuvent faire croire qu’elles achètent des produits mais, si elles indiquent leur adresse au moment de la commande, cela signifie qu’elles demandent en fait une intervention policière à leur domicile. 

En Afrique du sud, une association contre les violences de genre a mis en place un numéro Whatsapp via lequel commander, officiellement, des “koesiesters” : mais plutôt que de recevoir ces beignets traditionnels, celles qui passent commande peuvent obtenir ce dont ils ont besoin, c’est-à-dire un relai pour signaler qu’elles sont victime de violences domestiques. 

Hausse des violences faites aux femmes avec la pandémie de Covid-19

Des études montrent que les violences domestiques augmentent lorsque des familles passent plus de temps ensemble, comme lors des vacances. Les confinements décidés par nombre de pays au début de la pandémie, couplés à des situations génératrices de tensions - perte d'emploi, maladie- ont fait du Covid-19 un terreau fertile à l’accroissement des violences. 

An uptick in domestic violence during Covid-19

Studies have shown that domestic violence goes up whenever families are together for longer periods of time, like on summer vacations and holidays. Worldwide lockdowns coupled with tense situations – like job losses or sickness – made the Covid-19 a perfect storm for upticks in gender-based violence.

Les plaintes contre ce type de violence ont d'ailleurs augmenté de 20%  dans des  pays comme l’Argentine, la France ou Singapour durant les confinements respectifs à partir de mars 2020, selon l’ONU. Dans d’autres pays, ce sont les viols, les disparitions de femmes, les féminicides, qui ont progressé.

D’autres dispositifs existent. En Espagne ou en France, les femmes victimes de violences domestiques ont désormais la possibilité de demander de l'aide discrètement dans une pharmacie, en utilisant le mot de code “masque 19”. Une jeune femme vient d’échapper à son bourreau grâce à ce dispositif en France.

Si le fait de développer des moyens pour les victimes de signaler leur situation est essentiel, des voix mettent en garde sur le risque que ces méthodes, devenues virales, finissent par être connues des agresseurs, et soulignent l’importance de l’existence de différents moyens de se signaler.