Violences devant un lycée à Nanterre : "Je doute que les lycéens aillent en cours avec des barres de fer"
Suite de notre série de témoignages sur le mouvement de contestation concernant la réforme des retraites en France : notre Observateur travaille juste à côté du lycée devant lequel les lycéens et les policiers se sont affrontés ce matin lundi 18 octobre.
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Près du lycée Joliot-Curie à Nanterre ce matin, lundi 18 octobre. Photo publiée sur le profil Twitter de Frédéric Lefret, Conseiller municipal
d’opposition élu sur la liste « Nanterre populaire ».
Suite de notre série de témoignages sur le mouvement de contestation concernant la réforme des retraites en France : notre Observateur travaille juste à côté du lycée devant lequel les lycéens et les policiers se sont affrontés ce matin lundi 18 octobre.
Que vous soyez syndicaliste, lycéen, étudiant, retraité, militant, pour ou contre ces grèves ; vous avez des photos, vidéos et témoignages à faire passer ? Contactez-nous par mail plarrouturou@france24.com
Ce billet a été rédigé en collaboration avec Paul Larrouturou, journaliste.
Autres photos sur Twitter
Photo publiée sur le profil Twitter de Frédéric Lefret, Conseiller général du canton Nanterre Sud-Ouest.
Photo publiée par @_Virgile sur Twitter avec la légende "Nanterre brûle!"
"J'ai un peu de mal à penser qu'on puisse aller au lycée avec une barre de fer."
Frédéric Géhin habite et travaille à Nanterre près du lycée Joliot-Curie.
Ce matin, en allant au bureau vers 7h30, j'ai vu que cinq ou six véhicules de police étaient là. Ils attendaient. Ça ne m'a pas surpris car la semaine dernière déjà l'avenue Joliot-Curie a été bloquée par des jeunes en colère.
Je commence à travailler et je remarque qu'en bas de mon bureau, une voiture pleine de jeunes gens fait des dérapages insensés sous mes fenêtres. Puis en milieu de matinée, je vois par la fenêtre une grosse fumée s'échapper du carrefour de l'avenue Pablo Picasso, juste à côté du théâtre des amandiers.
Une petite demi-heure plus tard, j'ai vu passer entre 200 et 300 lycéens dont certains avec des bâtons dans les mains. L'un d'entre eux au moins avec une barre de fer. J'ai un peu de mal à penser qu'on puisse aller au lycée avec une barre comme ça.
[Notre journaliste sur place a parlé à des manifestants qui affirment que ce sont bien des jeunes du lycée et non des "casseurs" qui participent aux échauffourrées]
Photo prise ce matin par Frédéric Géhin.
Ensuite, je suis descendu voir ce qu'il se passait. J'ai parlé avec les lycéennes. L'une d'entre elles m'a dit "ça délire trop grave". Elles avaient l'air d'être apeurées et de subir les choses. Elles ne voulaient "surtout pas" retourner au lycée. J'ai aussi vu des abribus et cabines téléphoniques cassés. Et j'ai constaté un effet d'entraînement. Deux gamins de 12-13 ans m'ont particulièrement marqué. L'un disait à l'autre " Allez, casse quelque chose!".
"Les syndicalistes et responsables politiques ont une sacrée responsabilité"
Ces gamins pensent qu'il est légitime de casser. Et c'est là où je trouve que les syndicalistes et responsables politiques qui appellent la jeunesse à descendre dans la rue ont une sacrée responsabilité. Selon le témoignage de lycéens à qui j'ai parlé, une femme avec une écharpe tricolore - parait-il conseillère générale - a essayé de s'interposer entre les lycéens qui lançaient des cailloux et les gendarmes [Selon le Conseiller municipal Frédéric Lefret, qui nous a contacté par email, il s'agirait de Nadine Garcia, Conseillère générale du
canton de Nanterre Sud-Est].
Les CRS sont actuellement au niveau du siège GDF Suez. Maintenant le quartier semble calme.