Des milliers de Rohingya sans-abri après un énième incendie dans un camp de réfugiés au Bangladesh
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Un immense incendie a réduit en cendre une partie du camp de réfugiés de Cox's Bazar, au Bangladesh, dimanche après-midi, laissant des milliers de personnes sans abri. Près d’un million de réfugiés rohingyas vivent dans ce camp, dont notre Observateur.
L'incendie s'est déclaré dans le camp de réfugiés de Balukhali, à Cox's Bazar, dimanche 5 mars dans l'après-midi. Des images publiées sur les réseaux montrent des centaines d'abris réduits en cendre ou encore des familles fuyant l'incendie, chargées de leurs affaires emportées dans la précipitation.
Running for their Lives: Chaos and panic ensue as #Rohingya #refugees flee with their belongings on their heads, desperate to escape the raging fire in camp 11. #Myanmar #refugees in #balukhali 2 #Bangladesh pic.twitter.com/n5wSxeN1ZK
— Shafiur Rahman (@shafiur) March 5, 2023
Thx to the Govt of 🇧🇩 fire service, the army and trained #Rohingya #refugee volunteers, the fire was brought under control.
— 𝚊𝚛𝚓𝚞𝚗 (@_arjunjain) March 6, 2023
No reported loss of life. But the damage is severe. Homes and critical facilities are in ashes.
We are assessing and making emergency repairs already. pic.twitter.com/JIl8aXNH7I
Aucune victime n'est pour l'instant à déplorer, mais plus de 2 000 abris ont été détruits dans ce camp où vivent plus d'un million de réfugiés rohingyas. Près de 12 000 d'entre eux doivent être désormais relogés.
Les flammes ont également détruit une trentaine de mosquées et de centres de formation, selon l'AFP, ainsi que des canalisations d'eau et un centre de soin du Croissant rouge du Bangladesh, selon une publication de l'ONG sur Twitter.
Ethnie à majorité musulmane, les Rohingya fuient massivement la Birmanie, où ils sont persécutés depuis des années et se réfugient principalement au Bangladesh. Le nombre de réfugiés a explosé en 2017, après la sévère répression de l'armée birmane.
“Tout le monde est encore en train de se presser pour trouver à manger et à boire”
Ro Yassin Abdumonab est photographe et vit dans un camp à proximité du camp numéro 11, où s'est déclenché l'incendie. Lui-même réfugié rohingya, il s'est rendu sur les lieux le dimanche 5 mars pour s'assurer que ses amis allaient bien, mais aussi pour documenter la situation.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu brièvement échanger avec lui, en direct du camp 11. On pouvait entendre plusieurs personnes crier et se hâter autour de lui.
La situation aujourd'hui est vraiment terrible. Autour de moi, tout le monde est encore en train de se presser pour trouver à manger et à boire. Ils cherchent aussi à se procurer des bâches [qui servent de s'abriter de la pluie dans les maisons de fortune dans les camps, NDLR].
Ici, il n'y a quasiment plus d'eau, plus de nourriture. Les gens dont les abris ont brûlé n'ont presque plus rien, ils n'ont plus de vêtements… et les enfants réclament à manger et à boire.
L'aide humanitaire tarde à arriver. Les associations sont en train de s'organiser, mais ça prend du temps.
Le Croissant Rouge a affirmé à la BBC avoir suffisamment de bâches en stock pour 50 000 foyers et faire tout pour mettre en place l'aide humanitaire le plus rapidement possible, en coordination avec les acteurs humanitaires locaux.
Cet incendie survient quelques semaines après que Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé devoir réduire l'aide alimentaire destinée aux réfugiés vivant dans les camps au Bangladesh, à cause d'une grave pénurie de fonds, et cela dès le premier mars 2023.
L'Unicef, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ainsi que plusieurs ONG implantées à Cox's Bazar ont multiplié les appels à la solidarité sur les réseaux sociaux.
Plus de 200 incendies en deux ans
Les conditions de vie des réfugiés de Cox's Bazar se sont particulièrement dégradées ces dernières années, poussant d'ailleurs certains Rohingya à fuir le camp. Un rapport de l'ONG Human Rights Watch publié en janvier 2023 alerte notamment sur une généralisation des violences policières.
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Les incendies sont fréquents dans le camp de Cox's Bazar. Selon un rapport du ministère de la Défense du Bangladesh publié en février, plus de 200 ont été recensés entre janvier 2021 et décembre 2022, dont 60 d'origine criminelle. En 2021, un incendie avait fait 15 morts et 400 disparus dans le même camp de réfugiés. Le camp est aussi régulièrement touché par de violentes intempéries, notamment des inondations.