Birmanie : une “grève silencieuse” pour commémorer le coup d’État

Les rues de Rangoun, en Birmanie, étaient vides le 1er février 2023, alors que des militants pro-démocratie organisaient une "grève silencieuse" à l’occasion du deuxième anniversaire de la prise du pouvoir par la junte militaire dans le pays.
Les rues de Rangoun, en Birmanie, étaient vides le 1er février 2023, alors que des militants pro-démocratie organisaient une "grève silencieuse" à l’occasion du deuxième anniversaire de la prise du pouvoir par la junte militaire dans le pays. © @minn_robert / Twitter

Les rues d’ordinaires très animées de Rangoun, la plus grande ville de Birmanie, étaient calmes ce mercredi 1er février, date du deuxième anniversaire du coup d'État militaire qui a chassé les dirigeants démocratiquement élus du pouvoir. Les militants pro-démocratie ont appelé les citoyens birmans à ne pas sortir dans les rues et à fermer leurs commerces pour manifester en silence et marquer leur opposition à la junte militaire, accusée de nombreuses violations des droits de l'homme.

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Ce 1er février marque les deux ans du coup d'État militaire en Birmanie, au cours duquel la junte militaire a placé en détention la dirigeante du pays élue Aung San Suu Kyi. Depuis le coup d'État, les citoyens birmans ont organisé de nombreuses manifestations face à la sévère répression des forces de sécurité. Des manifestants ont été abattus, des villages entiers ont été contraints de fuir dans les forêts et des villes ont été réduites en cendres. Les groupes d'opposition, tels que les Forces de défense du peuple, qui ont combattu le coup d'État, sont considérés comme des terroristes par la junte militaire. 

Pourtant, les Birmans ont continué à manifester leur opposition au gouvernement militaire, souvent à travers des moyens inventifs, comme taper sur des casseroles et des poêles ou à travers des actes de désobéissance civile. Mais manifester dans les rues birmanes est devenu de plus en plus dangereux. Selon l'AAPP, organisme de surveillance des droits de l'homme, au moins 17 000 personnes ont été arrêtées et 2 900 ont été tuées pour avoir participé à des manifestations.

Pour marquer le deuxième anniversaire du coup d'État, beaucoup ont protesté en silence. Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent les rues complètement vides.

Des photos partagées sur Twitter montrent les rues de Rangoun, en Birmanie, le 1er février 2023.
Des photos partagées sur Twitter montrent les rues de Rangoun, en Birmanie, le 1er février 2023.
Des photos partagées sur Twitter montrent les rues de Mandalay, en Birmanie, le 1er février 2023.

Les données de circulation en direct sur Google Maps ont montré que le trafic était faible ou nul dans les rues de Rangoun mercredi, car peu de voitures étaient sorties.

Une capture d'écran du trafic de Rangoun sur Google Maps. Les lignes vertes sur les rues indiquent que les véhicules sont peu nombreux et que le trafic est très rapide. Capture d'écran réalisée par FRANCE 24 à 15h le 1er février 2023.
Une capture d'écran du trafic de Rangoun sur Google Maps. Les lignes vertes sur les rues indiquent que les véhicules sont peu nombreux et que le trafic est très rapide. Capture d'écran réalisée par FRANCE 24 à 15h le 1er février 2023. Google Maps / Observateurs

Les grandes villes n'ont pas été les seules à participer à la manifestation. Même les habitants de petites villes rurales ont observé cette "grève silencieuse".

Des photos sur Twitter montrent les rues désertes de la ville de Ma Hlaing, un canton du centre de Birmanie, le 1er février 2023.
Des photos partagées sur Twitter montrent la ville de Nay Pyi Taw, où se trouve le conseil militaire, avec ses rues vides pour la grève silencieuse du 1er février 2023.
Des photos partagées sur Twitter montrent des rues vides dans la ville de Taze, en Birmanie, le 1er février 2023.

Certains, cependant, ont osé sortir manifester hors de chez eux. Les habitants de plusieurs villes ont quitté leur domicile pour défiler dans les rues en portant des banderoles et en levant trois doigts, un salut anti-coup d'État emprunté à la culture pop

Des photos montrent des habitants de Yin Mar Bin, en Birmanie, manifestant le 1er février 2023.
Le 1er février 2023, des militants pro-démocratie du canton de Pyin Oo Lwin ont brandi des pancartes "Respectez nos votes" et "Libérez nos dirigeants" pour protester contre le coup d'État.

Cette contestation se tient alors que plusieurs pays occidentaux ont imposé de nouvelles sanctions au gouvernement militaire birman. Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont pris des mesures pour sanctionner des acteurs liés à l'aviation et au carburant, compliquant ainsi la possibilité pour l'armée de mener des frappes aériennes contre ses citoyens

Dans le même temps, le Conseil national de défense et de sécurité du pays a prolongé de six mois l'état d'urgence en Birmanie. Cette décision est susceptible de retarder les élections prévues dans le pays. La dirigeante destituée Aung San Suu Kyi a été condamnée à 33 ans de prison en tout.