En images : confinés dans la plus grande usine d’iPhone du monde en Chine, les ouvriers craquent

Les manifestants font face aux forces de l'ordre en combinaison blanche aux abords du site de Zhengzhou, le 23 novembre 2022. Extrait d'un live sur Douyin, enregistrement vidéo d'un écran d'iPhone.
Les manifestants font face aux forces de l'ordre en combinaison blanche aux abords du site de Zhengzhou, le 23 novembre 2022. Extrait d'un live sur Douyin, enregistrement vidéo d'un écran d'iPhone. © whyyoutouzhele

Dans la nuit du 22 au 23 novembre, la colère a éclaté chez les salariés de la plus grande usine d'iPhone au monde, à Zhengzhou en Chine, confinés depuis plus d’un mois dans leur lieu de travail. Des vidéos amateurs publiées sur les réseaux sociaux permettent de retracer cette manifestation d’une rare intensité pour le pays.

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Des dizaines d’images de travailleurs chinois en colère ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux dans la nuit du 22 au 23 novembre 2022. Filmées d’abord de nuit, puis de jour, elles témoignent de la colère des employés enfermés dans leur usine en raison de la politique "zéro Covid" en vigueur en Chine. 

Extrait d’une diffusée en direct sur le réseau social chinois Douyin où l’on voit des manifestants faire face aux forces de l’ordre, en combinaison blanche, matraque et bouclier anti-émeute en main. Sur d’autres vidéos filmées depuis d’autres points de vue, on peut lire “Police”sur les boucliers.

 

Ce site de l’entreprise taïwanaise Foxconn, est le plus grand fabricant d’iPhone au monde et emploie plus de 200 000 personnes. Mais depuis l'apparition de plusieurs cas de Covid-19 à la mi-octobre, les employés, qui vivent dans les dortoirs sur le site, se sont retrouvés confinés dans leur lieu de travail.

Des images montrant des employés en train de fuir le site à pied, escaladant des grillages, valise en main, avaient alors provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux chinois. 

 

Depuis quelques jours, la colère grandissait sur le site de Zhengzhou. Ce dimanche 20 novembre, des images montrant des salariés en train de manifester sur le site avaient commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Mais les images publiées le 23 novembre au matin en Chine témoignent d’un nouveau degré d’intensité. 

Plusieurs vidéos publiées à l’origine sur Weibo et Douyin (équivalents chinois de Twitter et Tiktok) montrent des affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre.

vidéo publiée le 20 novembre, devant l'usine Foxconn de Zhengzhou/
Une des premières images qui a circulé, montrant le début des débordements, dans la nuit du 22 au 23 novembre, sur le site de l’usine.

 

Des images filmées sous différents angles montrent par exemple une foule de manifestants avancer vers un groupe de personnes vêtues de combinaisons sanitaires blanches et armées de boucliers anti-émeute et de matraques. On peut entendre des manifestants crier "on veut des droits".

Vidéo montrant la même scène filmée d’un autre angle. On retrouve les mêmes manifestants, reconnaissables à leurs vêtements.

Plusieurs vidéos montrent les manifestants ramasser les projectiles au sol pour les lancer vers la police, notamment des morceaux de barrière blanche détruite qui se situaient sur la chaussée. 

La musique utilisée en fond, “Do you hear the people sing”, extrait de la comédie musicale “les Misérables”, est un hymne pro-démocratie en Chine

Des blessés sont visibles sur les vidéos. Un manifestant en veste orange et noire apparaît notamment sur plusieurs vidéos, le visage en sang. Des blessures infligées par les individus en combinaison blanche – et donc a priori par les forces de l’ordre, comme le confirme une autre vidéo où l’on peut le voir se faire battre à coups de matraque.

Le deuxième tweet montre le manifestant à la veste verte et noire matraqué par un groupe en combinaison sanitaire blanche. Sur la première photo, on peut voir qu'un autre manifestant a été blessé au visage.

La scène se déroule sur le site et aux abords du site de Zhengzhou, visible en "street view" sur Baidu map. 

Sur Weibo et Douyin, le 23 novembre au matin (heure française), on ne retrouvait plus les images de ces manifestations – les recherches via les hashtags faisant référence aux événements, notamment "émeutes Zhengzhou", ne donnent aucun résultat. 

En tapant en chinois les mots-clés "Zhengzhou" ou "Foxconn", plusieurs publications font cependant référence aux événements. Plusieurs d’entre elles s’interrogent : "Que s’est-il passé à Zhengzhou ?" ou demandent aux autres utilisateurs de leur transmettre des vidéos. 

Ces publications publiée le 23 novembre au matin demandent des informations sur ce qu’il s’est passé à Zhengzhou.
Ces publications publiée le 23 novembre au matin demandent des informations sur ce qu’il s’est passé à Zhengzhou. © Les Observateurs

L’élément déclencheur des manifestations n’est pas encore clair. Sur les vidéos, on peut entendre certains salariés évoquer des retards de paie ou encore parler du manque de nourriture et de leurs conditions de vie sous confinement. Même discours chez un homme qui se présente comme un employé de Foxconn dans une vidéo publiée sur Douyin.

Le site serait en manque de personnel après les fuites massives d’employés – plusieurs milliers selon Reuters, élément qui aurait participé à la dégradation des conditions de vie. 

Dans un communiqué publié ce mercredi 23 novembre, Foxconn a confirmé qu’il y avait eu des violences sur le site, mais nie avoir employé de nouvelles personnes ayant contracté le coronavirus, comme l’ont aussi dénoncé certains manifestants, ainsi qu'avoir pris du retard dans les primes qui leur avaient été promis pour les convaincre de rester malgré le confinement. "L'entreprise continuera à communiquer avec les employés et le gouvernement pour éviter que des incidents similaires ne se reproduisent", conclut Foxconn.

Les dernières vidéos publiées sur les réseaux sociaux semblent témoigner d’un retour au calme, même si des publications relayées en début de soirée en Chine, le 23 novembre, montrent des manifestants toujours mobilisés.

Sur cette vidéos, on entend certains manifestants dire : “à bas Foxconn”.