À Shanghai, des policiers enfoncent une porte pour emmener des résidents en centre de quarantaine
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Une vidéo qui circule depuis le 1er mai sur les réseaux sociaux chinois montre des policiers en combinaisons sanitaire blanche défoncer la porte d’un appartement à Shanghai pour emmener une des résidentes dans un centre de quarantaine. Une vidéo à l’image du chaos généré par la politique “zéro Covid” dans la ville de 26 millions d'habitants, confinée depuis fin mars 2022.
La vidéo est filmée depuis l’intérieur de l’appartement par une des deux résidentes. Dans un premier temps, l’une d’elle discute avec un homme, également en combinaison sanitaire, depuis la fenêtre qui lui indique que la police la recherche et lui indique d’ouvrir la porte.
De l’autre côté, les policiers tambourinent à la porte verrouillée, puis la défonce face au refus d’ouvrir des deux résidentes. Un homme vêtu en combinaison sanitaire, avec un masque chirurgical et une visière pénètre alors dans l’appartement, suivi de deux autres personnes avec la même tenue. Les policiers sont identifiables à leurs brassards et l’inscription “police” en chinois et anglais sur leurs poitrines. Ils demandent aux deux femmes de les suivre. Déconcertées, ces dernières disent qu’elles vont appeler la police. “Nous sommes la police”, rétorque alors l’un d’eux. “Vous avez été testé positive, nous sommes là pour vous transférer”, dit alors l’un d’eux. Les femmes affirment que leurs résultats ne sont pas encore disponibles.
刚上海的朋友发这个视频给我,说你能发到海外的推特上吗?视频很长,发的时候要求我trim,我先Trim前面一段 pic.twitter.com/JXemU4ODEe
— Cynthia (@HydrangeaTiger) May 2, 2022
Les 26 millions d’habitants de Shanghai sont confinés depuis le 5 avril 2022, dans des conditions très strictes : les habitants sont cloitrés chez eux, reçoivent leur nourriture par des livraisons organisées par les autorités et ne peuvent quasiment sortir que pour réaliser des tests PCR. Les personnes positives sont envoyées dans des centres de quarantaine.
“Vous ne savez pas quelles sont les règles et même si vous les connaissez, tout dépend des personnes qui les appliquent quand elles viennent vous chercher”
Maria Wang (pseudonyme), une résidente de Shanghai a découvert la scène sur Weibo. Elle ne connaissait pas les deux femmes sur la vidéo, mais a reconnu sa résidence sur les images. Le groupe de discussion sur WeChat (équivalent chinois de WhatsApp) de ses voisins y a également fait référence, une autre vidéo montrant les dégâts causés par les policiers.
This just happened in our compound. Police broke in & forcibly took someone away, without a positive COVID test (according to neighbour, the results are pending, & residential committee & cdc agreed to review/confirm latest test results before doing anything) #shanghailockdown pic.twitter.com/vUlQTJ79WV
— Linette Lim 林明燕 (@LinetteMLim) May 1, 2022
Maria Wang vit dans la résidence – et nous a transmis différents éléments de décor de la résidence visibles depuis son appartement, qui correspondent à ceux sur la vidéo.
Dans notre résidence, personne n’a le droit de sortir et personne ne répond aux questions sur notre groupe de discussion entre voisins.
Cette situation me paraît d’autant plus improbable parce qu'il y a eu à plusieurs reprises des personnes testées positives, mais qui sont restés dans la résidence (et on ne sait pas, ce n’est pas clair, si c’est parce qu’il n’y avait plus de place dans les hôpitaux ou ambulance). Le 29 avril, en insistant auprès des volontaires qui s’occupent des tests PCR, on a appris qu’on était tous négatifs, mais certains, toujours sous surveillance, donc nous devions rester confinés dans le bâtiment.
Tout cela est assez frustrant, parce que tout le monde coopère, mais il n’y a aucune communication, aucune marche à suivre claire.
Depuis le début du confinement à Shanghai, d’autres vidéos du genre qui ont circulé sur les réseaux sociaux chinois montrent des habitants tenté de protester contre leur transfert dans les centres de quarantaine.
Comme les conditions dans ces centres sont généralement mauvaises (lumières allumées 24 heures sur 24, pas d'intimité, installations sanitaires médiocres, par exemple pas d'eau courante pour les douches), les gens essaient d'éviter d'y aller, car dans de nombreux cas, ils se rétablissent d'eux-mêmes en quelques jours.
Le problème est donc le manque de procédure régulière et de clarté des règles. Et en général, il y a cette atmosphère de hasard et d'incertitude, où les choses sont faites sans base légale claire. Vous ne savez pas quelles sont les règles et même si vous les connaissez, cela ne semble pas avoir d'importance, car tout dépend des personnes qui appliquent les actions lorsqu'elles viennent vous chercher.
Face à cette situation, de plus en plus d'habitants de Shanghai tentent de faire entendre leur protestation malgré la censure. Le 23 avril, la vidéo “Voice of April” qui compile les complaintes et cris de détresses des habitants enregistrées au fil du mois, en est devenu le symbole. Repartagée en masse, la vidéo est depuis impossible à retrouver sur les réseaux sociaux chinois.