"L’Ukraine n’est pas notre ennemi !" : en Russie, des centaines de manifestants anti-guerre arrêtés

Plus de 1 700 personnes ont été arrêtées en Russie, lors de manifestations contre la guerre en Ukraine, le 24 février 2022.
Plus de 1 700 personnes ont été arrêtées en Russie, lors de manifestations contre la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. © Avtozaklive.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, jeudi 24 février, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues en Russie pour protester contre la guerre. Des images amateur montrent de nombreux manifestants pacifiques se faire embarquer par la police. Plus de 1 700 personnes ont été arrêtées, selon le site indépendant OVD-News.

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Une vidéo, publiée sur Twitter par le journaliste français Benoît Vitkine montre des centaines de manifestants à Saint-Pétersbourg encerclés par des fourgons de police. On peut les entendre scander : "Non à la guerre !"

Cette vidéo a été filmée à Saint-Pétersbourg le 24 février.

De nombreuses arrestations ont été filmées ce soir-là, souvent violentes :

Cette vidéo publiée par le médias indépendant Kholod sur Twitter montre une personne se faire violemment embarquer par la police le 24 février à Saint-Pétersbourg.

Dans la soirée de jeudi, des foules de manifestants se sont rassemblées dans les principales villes de Russie : à Saint-Pétersbourg, Moscou, mais aussi à Iekaterinbourg et Novossibirsk en Sibérie. 

Des citoyens russes ont également exprimé leur désaccord avec l’invasion de l’Ukraine décidée par Vladimir Poutine sur les réseaux sociaux : sur Twitter, le hashtag #нетвойне (“non à la guerre” en russe) fait partie des plus utilisés depuis jeudi, avec plus de 242 000 tweets. 

“Je ne peux pas rester confortablement chez moi quand nos voisins doivent se cacher dans le métro pour éviter les bombes”

Le photographe Vitaly Malyshev a filmé le rassemblement à Moscou pour le compte de la chaîne Telegram russe Avtozaklive, qui documente les arrestations lors des manifestations en Russie. Il décrit une atmosphère anxiogène :

Il y avait un sentiment de peur : des petits groupes de policiers fonçaient sur la foule pour en extraire des manifestants au hasard. De nouveaux fourgons de police arrivaient en permanence. Dès que quelqu’un dépliait une affiche, il se faisait arrêter.

Cette vidéo publiée sur la chaîne Telegram Avtozaklive montre des policiers charger des manifestants qui ont déployé une banderole. On pouvait y lire “Paix à l’Ukraine, liberté à la Russie”.

Dès l’après-midi de jeudi, des manifestants, souvent seuls, se sont rendus à la place Pouchkinskaya et devant le bâtiment de l'administration présidentielle à Moscou avec des affiches dénonçant la guerre en Ukraine. Plusieurs d’entre eux ont immédiatement été arrêtés par la police. 

 

Une femme debout, seule, sur la place Pouchkinskaya à Moscou a été arrêtée le 24 février. Sur son affiche, on peut lire: “Non à la guerre! Nous sommes avec l’Ukraine”.

À Saint-Pétersbourg, Irina Nazarova était dans la manifestation. Elle a été témoin de plusieurs arrestations musclées. Selon elle, les manifestants étaient pourtant pacifiques :

Il y avait beaucoup de jeunes, nous chantions des chants ukrainiens et criions “l’Ukraine n’est pas notre ennemi !” et “Non à la guerre !”. Les voitures qui passaient à côté de nous klaxonnaient en signe de soutien.

Hier, c’était un peu improvisé, tout le monde ne savait pas que des manifestations allaient avoir lieu. Je pense que de plus en plus de gens vont descendre dans la rue. Toutes mes connaissances et collègues à Saint-Pétersbourg sont contre la guerre, ils sont choqués par ce qu’il se passe. Poutine dit que les Russes le soutiennent entièrement, mais il ne nous a pas demandé notre avis. Je ne peux pas rester confortablement chez moi quand nos voisins doivent se cacher dans le métro pour éviter les bombes, et meurent par la faute des soldats russes.

De nombreuses célébrités russes, présentateurs de programmes télévisés et musiciens ont également dénoncé la guerre en Ukraine. Plus de 100 journalistes russes ont signé une pétition pour réclamer la fin de l’intervention militaire.