Joe Biden qui veut une glace au moment d’évoquer la fusillade de Nashville ? Une séquence hors contexte
Le président américain Joe Biden est sous le feu des critiques sur les réseaux sociaux après sa première intervention télévisée suite à la tuerie de Nashville qui a fait 6 morts dans une école primaire le 27 mars. Celui-ci aurait pris la parole pour blaguer autour de "glaces aux pépites de chocolat" selon des séquences diffusées sur les réseaux sociaux. Si ces paroles ont bien été prononcées, le contexte global de l’intervention du président permet de comprendre qu’il s’exprimait dans le cadre d’une réunion auprès de femmes entrepreneures, et qu’il ne s’agissait pas de sa première déclaration suite à la tuerie.
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La vérification en bref :
- Joe Biden est critiqué après avoir fait des blagues autour de son appétence pour les "glaces aux pépites de chocolat" lors de ce qui est présenté comme sa première prise de parole retransmise à la télévision depuis la tuerie de Nashville dans une école primaire le 27 mars
- La prise de parole de Joe Biden s’est effectuée dans le cadre d’une conférence avec des femmes d'affaires américaines à la Maison Blanche, un événement prévu de longue date.
- Joe Biden a lui même parlé du massacre deux minutes après son introduction à cet événement, avec un ton beaucoup plus grave
- Le président américain s’était exprimé sur le massacre bien avant cette conférence via un communiqué sur le site de la Maison Blanche
Les détails de la vérification
"Je suis venu ici parce que j'ai entendu dire qu'il y avait de la glace aux pépites de chocolat". Ce sont les mots prononcés par Joe Biden dans une vidéo, sous les rires du public devant lui. La publication est présentée comme la première prise de parole du président américain après la fusillade de Nashville dans une école primaire qui a fait 6 morts dont 3 enfants lundi 27 mars.
Une attitude raillée par de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux en français et en anglais, notamment dans une publication vue 9 millions de fois sur Twitter, mais également par des médias comme le New York Post ou encore par des opposants politiques comme sur Fox News. C’est notamment sur une séquence de cette chaîne que se basent ces réactions, alors que le bandeau en bas de l'écran indique : "Biden réagit à la fusillade meurtrière de Nashville".
Une référence à une marque de glace, symbole de la réussite entrepreneuriale féminine
Le site de la Maison Blanche, qui retranscrit toutes les prises de paroles du président américain, permet de retrouver cet échange qui a eu lieu le 27 mars à 14 h 43 heure américaine.
Le président américain participait à un sommet accueillant des femmes d'affaires administrant des petites entreprises.
On y découvre dans les premières lignes que Joe Biden a bien prononcé les phrases à l’origine de la polémique, se présentant lors du début de sa prise de parole comme un amateur de "glaces [de la marque] Jeni’s [Splendid] Ice Creams" avant d’ajouter "Je suis descendu parce que j’ai entendu qu’il y avait de la glace aux pépites de chocolat".
La marque Jeni’s Splendid Ice Creams est un symbole de réussite d’une entreprise menée par une femme, Jeni Britton Bauer. L’entreprise, partie de rien en 1996, compte désormais 65 boutiques à travers les États-Unis. Joe Biden, avant même d’être président, s’est déjà affiché comme un fervent consommateur de ces glaces.
Sa référence aux glaces, dans ce contexte, n’est donc pas infondée, alors que cet événement n’avait, au départ, aucun lien avec une prise de parole officielle suite à la tuerie de Nashville.
Joe Biden a bien parlé de la tuerie de Nashville lors de cette prise de parole
Si la première phrase de Joe Biden apparaît très maladroite, particulièrement au moment où des médias nationaux sont braqués sur sa première intervention télévisée après la fusillade du 27 mars, le contexte global de la vidéo disponible sur le compte Youtube de la Maison Blanche permet de comprendre un peu mieux la situation.
Lorsque la vidéo commence, Joe Biden vient d’arriver au pupitre, et succède à deux autres intervenantes qui ont inauguré le sommet. Malgré les nouvelles récentes de la tuerie de Nashville, l’ambiance est détendue et joviale.
Joe Biden prend alors la parole (à partir de de 7'22 dans la vidéo Youtube). Il fait sa blague sur les glaces, puis s’adresse rapidement à l’audience pour souligner l’importance de la fratrie et de la famille. C’est deux minutes plus tard (à 9'33 dans la vidéo Youtube) qu’il explique pourquoi il a effectué toute cette digression sur la famille et fait référence explicitement aux attentats de Nashville en déclarant :
Avant de commencer à parler, et la raison pour laquelle j'ai passé un peu de temps sur les enfants, je veux juste parler très brièvement de la fusillade dans une école à Nashville, Tennessee. [...] Vous savez, nous sommes toujours en train de recueillir des informations sur ce qui s'est passé et pourquoi. Et nous savons qu'à partir de maintenant, il y a un certain nombre de personnes qui ne vont pas ou n'ont pas réussi à s’en sortir, y compris des enfants. Et c'est déchirant. Le pire cauchemar d'une famille."
Joe Biden s’était d’ailleurs déjà exprimé sur la tuerie de Nashville avant cette prise de parole, mais par la voie de sa porte-parole.
La déclaration a été publiée à 13 h 54 le même jour sur le site de la Maison Blanche. Elle indique :
Nous apprenons la nouvelle déchirante d'une nouvelle fusillade visant des écoliers innocents, cette fois-ci à Nashville, dans le Tennessee. Le président a été informé de la situation et notre équipe est en contact avec le ministère de la justice et les autorités locales pour faire le point sur ce qui est connu à ce jour. Nous tenons à exprimer la reconnaissance du président aux premiers intervenants et à prier pour toutes les familles touchées par cette fusillade.
Si le trait d’humour de Joe Biden est réel, et a pu choquer des téléspectateurs attendant sa prise de parole sur la fusillade de Nashville, il est à replacer dans le contexte d’une conférence qui n’avait rien à voir initialement avec le drame.
Joe Biden, qui se décrit lui-même comme une "machine à gaffes" est coutumier des déclarations étranges. Mais ses propos sont régulièrement déformés et exagérés pour le faire passer pour un homme sénile et incapable de gouverner l'une des premières puissances économique mondiale.
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