Non, cette vidéo ne montre pas la mort d’un imam marocain en plein sermon
Depuis le 7 janvier, de nombreuses publications sur Facebook relaient une vidéo censée montrer la mort d’un imam marocain le 6 janvier, durant la prière du vendredi. Mais cette vidéo est ancienne et montre un simple malaise.
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La vérification en bref
- Plusieurs comptes Facebook partagent avec émotion une vidéo qui montrerait la mort d’un imam marocain pendant son sermon. La scène aurait eu lieu le 6 janvier durant la prière du vendredi.
- Mais ces images sont anciennes : il est possible d’en retrouver des occurrences en juin dernier, avec la même légende. Un site d’actualité marocain évoque l'événement, en date du 6 juin.
- Il ne s’agissait en fait que d’un simple malaise. L’imam, qui officie dans une mosquée de la ville d'Oujda, dans l’est du Maroc, est toujours en activité.
Le détail de la vérification
Sur cette vidéo, on voit un imam vêtu de blanc baisser de plus en plus la voix lors de son sermon. Lorsqu’il s’interrompt, plusieurs personnes se portent à son secours, alors qu’il perd visiblement connaissance. "L'imam de la mosquée Omar ibn al-Khattab au Maroc est décédé vendredi alors qu'il était sur le minbar [l’estrade depuis laquelle les prêches sont prononcés, NDLR]", affirme ce compte qui partage les images, vues plus de 2 700 fois, le 11 janvier.
Dans les commentaires, une centaine de personnes expriment leurs condoléances avec émotion.
L'incident aurait eu lieu le vendredi précédent, soit le 6 janvier, alors que le religieux prononçait un "sermon sur la mort", comme le précise cette publication, vue plus de 11 000 fois.
Très partagée sur Facebook, la vidéo est également présente sur Twitter et TikTok, comme le montrent ces deux occurrences, respectivement en date des 10 et 8 janvier.
Toutes ces publications associent les faits à "la mosquée Omar ibn al-Khattab au Maroc", sans préciser davantage le lieu.
En réalité, ces images sont anciennes, et leurs légendes trompeuses : elles montrent un simple malaise. La victime est aujourd’hui bien vivante.
Mille-feuilles de dates erronées
À l’aide d’une recherche inversée d’images issues de la vidéo, on peut voir que le site d’actualité Al-Nas a publié un article sur le sujet, en date du 2 janvier. Il affirme que l’imam n’est pas mort, mais "se porte bien après son hospitalisation". Par ailleurs, il situe plus précisément l’incident "à la mosquée Omar ibn al-Khattab, à Oujda", une ville de l’est du Maroc.
Pour illustrer les faits, l’article relaie la même vidéo que les publications Facebook de ces derniers jours, publiée par un utilisateur Twitter le 28 décembre. Ce dernier les commente en les datant à "vendredi dernier", ce qui ramènerait le malaise au 23 décembre.
Mais cette date du 23 décembre est également erronée. L’article d’Al-Nas cite comme source une autre publication du média marocain Le Site info, remontant en fait… au 6 juin dernier.
Les premières occurrences des images semblent bien remonter à cette époque, comme on peut le voir dans cette publication du 16 juin, qui reprend le même nom de mosquée et des circonstances similaires à celles des partages plus récents.
Avant cette date, on ne retrouve aucune occurrence de la vidéo.
Depuis, elle réapparaît régulièrement, en arabe, en anglais ou en français, toujours présentée comme une preuve de la mort de l’imam. En septembre dernier, l’AFP Factuel avait déjà publié un article de vérification démentant cette affirmation.
L’imam que l’on peut voir sur les images exerce toujours
Pour en savoir plus sur le lieu supposé de la vidéo, on peut chercher sur Google Maps une mosquée du nom d’Omar ibn al-Khattab à Oujda. Ici, on voit deux résultats : celui le plus au nord est associé à un numéro de téléphone.
Par ce biais, la rédaction des Observateurs est parvenue à entrer en contact avec Anouar, un fidèle de la mosquée qui dit avoir assisté à l’incident il y a plusieurs mois. Selon lui, après son malaise, l’imam aurait été pris en charge par les secours et serait aujourd’hui toujours en exercice.
Une information confirmée en septembre par les autorités religieuses marocaines. Interrogée par l’AFP, une source de la délégation aux affaires islamiques de la région d’Oujda affirmait que "l’imam n’était pas décédé", et qu'il avait prononcé d’autres sermons après son problème de santé.
Ces images sont donc doublement trompeuses : elles sont anciennes, datant au moins de juin dernier, et montrent un malaise de l’imam, pas son décès.