Dans la paléontologie classique, les chercheurs font des découvertes de morceaux d’os ou de squelettes, parfois abîmés, et s'efforcent de reconstituer un squelette par la suite. Le graal, c’est de trouver un squelette articulé, entier ou presque. Et c’est ce qui est arrivé à une équipe de paléontologues partie en expédition dans le désert du Niger. Vincent Reneleau, un paléontologue bénévole, raconte cette fouille “exceptionnelle”, à laquelle il a pris part en novembre dernier.
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Le squelette d’un sauropode a été découvert en 2018, lors de la première phase de cette expédition américano-nigériane. Elle était menée par le docteur Paul Sereno, un paléontologue de renommée internationale, dans la région d'Agadez, le Sahel nigérien.
Cette expédition a nécessité plusieurs années de préparation, car il fallait mettre en place des collaborations, obtenir des autorisations des autorités nigériennes, et assurer notamment la sécurité des paléontologues sur place.
Lors d’une seconde phase de l’expédition en novembre 2022, l’équipe de paléontologues s'apprêtait à exhumer le sauropode déjà découvert en 2018. Mais une fois arrivée sur place, les paléontologues n’étaient pas au bout de leurs surprises, raconte Vincent Reneleau joint par la rédaction des Observateurs de France 24 :
Quand on est arrivés sur site, il y avait évidemment le dinosaure qui avait été trouvé en 2018. Mais en fouillant un petit peu mieux autour, on en a trouvé d'autres. Et effectivement, on a sorti cinq sauropodes, donc tous des grands dinosaures avec un grand cou, une longue queue, soit les plus gros animaux terrestres ayant jamais existé. Cela a été une découverte exceptionnelle.
Les découvertes les plus classiques, on trouve juste un morceau d'os très abîmé. Et puis en fouillant autour on va trouver des squelettes, mais qui sont partiels, éparpillés sur une zone qui va être sur plusieurs dizaines voire centaines de mètres carrés.
Le Graal en paléontologie, c'est de trouver le squelette articulé, l'animal quasiment tel qu'il était le jour de sa mort, avec tous les os du squelette à leur place anatomique ou presque. Et c'est ce qu'on a trouvé effectivement au Niger. C'est très rare quand il s’agit d’animaux de grande taille, parce que leur fossilisation est beaucoup plus compliquée. Enfin les os sont dans la position dans laquelle ils étaient du vivant de l'animal. Donc scientifiquement pour nous c’est très intéressant, parce qu’on peut en tirer énormément d'informations.
Les scientifiques estiment que le sauropode a vécu sur Terre il y a entre 145 et 180 millions d'années. Il s’agit d’un spécimen pour le moins rare et fragile, dont l'exhumation requiert beaucoup de précaution. En fait, comment exhumer un squelette du dinosaure vieux de plusieurs centaines de millions d’années sans l’abîmer ?
On ne peut pas sortir un squelette de dinosaure tel quel, car il pèse plusieurs dizaines de tonnes. On le découpe en gros tronçons, et on utilise du plâtre pour le préserver.
Vincent Reneleau explique en détails le déroulement de l’exhumation dans ce thread publié sur Twitter.
À dérouler :
Je viens de passer 1 mois dans le Sahel Nigerien à la recherche de nouvelles espèces de dinosaures avec l'expédition paléontologique la plus ambitieuse de ces 30 dernières années! Je vous emmène en fouille avec moi, à la recherche des géants du Niger! Ca vous dit? Thread! 🦕 pic.twitter.com/EfGAODSg3o
Les dinosaures seront prochainement acheminés vers des laboratoires de paléontologie aux États-Unis pour y être préservés et étudiés, car “malheureusement le Niger n’en possède pas aujourd’hui”, explique Vincent Reneleau. “Il s’agit d’un travail minutieux qui nécessite beaucoup de temps” conclut-il