"La mort partout autour de nous" : des inondations historiques submergent le Nigeria
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Plus de 600 personnes sont déjà mortes dans les inondations qui ont touché le Nigeria en octobre, les pires depuis dix ans. Elles ont eu des effets très divers, allant de l'insécurité alimentaire aux pénuries de carburant, selon notre Observateur, qui apporte son aide aux populations touchées.
Plus de 2 millions de personnes et 200 000 foyers ont été touchés par les inondations, selon le ministère nigérian des Affaires humanitaires. Les populations situées le long du fleuve Niger et de la rivière Benue ont été particulièrement touchées, le niveau de l'eau ayant atteint 13 mètres.
Des vidéos montrent des maisons et des locaux d'entreprise entièrement submergés, ainsi que des personnes tentant d'avancer alors qu'elles ont de l'eau jusqu'à la taille ou utilisant des canoës pour se déplacer.
Lokoja, Nigeria pic.twitter.com/YhKo280oKN
— ち (@emekaaa_) October 9, 2022
Azikoro Agbura road pic.twitter.com/0vQi0Gb9Pz
— Bayelsa|Warri Twytter Queen 👑🌈 (@BrayelaLayefa) October 14, 2022
"Nous avons déjà vécu des inondations, mais elles n'ont jamais été aussi graves"
Layefa Oboh est étudiante et entrepreneue à Yenagoa, capitale de l'État de Bayelsa, au cœur de la région du delta du Niger. Au moins 700 000 personnes ont été déplacées dans cet État.
Les écoles ont été fermées, puis les inondations ont touché les maisons et les terres agricoles. L'eau a atteint des lieux de stockage où les gens entreposaient leurs produits : manioc, plantains, poivrons récoltés, tomates, concombres, tout. Ma propre maison a été inondée, j'ai dû faire mes valises et partir. Il y a beaucoup de gens qui ont dû, comme moi, quitter leur maison : les inondations ont pris le dessus. Ils restent dans les écoles qui n'ont pas été envahies par les inondations ou montent des tentes sur les hauteurs.
On our way to one of the make shift IDP camp we had to enter boat to cross over, some of the community persons can't afford to pay so they cross with their legs. You'd see that the high tension is very close to the water.#FloodInBayelsa pic.twitter.com/1frXY910oE
— Bayelsa|Warri Twytter Queen 👑🌈 (@BrayelaLayefa) October 17, 2022
#FloodInBayelsa
— Yeri Dekumo (@YeriDekumo) October 18, 2022
This is Igbogene in Yenagoa Bayelsa State. We move about with canoe in some parts of the state capital. pic.twitter.com/Vmqlba0zTc
Certaines régions du Nigeria connaissent des inondations tous les ans, dues aux fortes pluies, mais aussi à cause de l’eau relâchée par un barrage situé dans le Cameroun voisin. À la mi-septembre, les autorités camerounaises ont commencé à libérer l'excès d'eau du réservoir, ce qui a entraîné son écoulement par la rivière Benue, vers le Nigeria.
Un barrage tampon en aval avait été prévu par le Nigeria en 1982, mais celui-ci n'est toujours pas achevé. Un mémorandum d’entente entre les deux pays vise normalement à prévenir les inondations liées à l'ouverture du barrage, mais beaucoup estiment que les autorités nigérianes ne font pas assez pour prévenir les risques.
This is Oporoma Community, headquarters of Southern Ijaw LGA of Bayelsa State.
— Yeri Dekumo (@YeriDekumo) October 17, 2022
You can see the water overflowing massively from the River into the community. This is similar with what's happening in over 300 Communities across the State.#FloodInBayelsa pic.twitter.com/9F24pjic1x
Le réchauffement climatique, qui touche de manière démesurée l'Afrique subsaharienne, est également considéré comme l'une des causes à l'origine des précipitations particulièrement abondantes de cette année, qui surviennent à la fin de la saison des pluies au Nigeria.
Layefa Oboh poursuit :
Nous avons déjà vécu des inondations, mais elles n'ont jamais été aussi graves. Vous ne pouvez plus utiliser de véhicules, mais des bateaux pour vous déplacer. C'est très dangereux. J'ai même connu une personne qui a essayé, mais les inondations l'ont emportée et elle est décédée. Quand vous vous déplacez en canoë, vous voyez la mort partout autour de vous. Vous voyez des reptiles dangereux, parfois même des cadavres. Il y a eu des cas de personnes disparues et dont le corps est revenu à la surface un jour ou deux plus tard.
We have no electricity, price of fuel keeps increasing amidst scarcity, the water level keeps increasing, more persons are being displaced.
— Bayelsa|Warri Twytter Queen 👑🌈 (@BrayelaLayefa) October 18, 2022
Send help, be your brothers keeper#FloodInBayelsa pic.twitter.com/ZLnXrjiCxc
De nombreuses personnes sont mortes en tentant d'échapper aux inondations. Un bateau a chaviré dans l'État d'Anambra et entraîné la mort de 76 personnes, le 7 octobre dernier.
Cette tragédie laisse également présager l'imminence d'une crise sanitaire et humanitaire, les populations étant confrontées à des pénuries de produits de base et d'eau potable. Les cadavres, les déchets et les eaux usées présentent des risques sanitaires supplémentaires pour les personnes qui doivent patauger dans les rues inondées.
Face aux 110 000 hectares de terres cultivables détruites, les agriculteurs nigérians ont averti que les prix risqueraient d’augmenter.
"Le peu que nous avons dans cet État est accaparé"
Selon Layefa Oboh, les inondations ont eu un effet immédiat sur les prix :
Les inondations ont entraîné une inflation vertigineuse des prix des denrées alimentaires et de l'eau. Nous avons normalement de l'eau [potable] qui vient d'autres États, mais maintenant les produits ne peuvent plus être acheminés. Les inondations ont détruit la route de l'État de Delta à l'État de Bayelsa. Le peu que nous avons dans cet État est accaparé. Les gens vous vendent des choses à des prix exorbitants. Nous sommes également confrontés à une pénurie de carburant. Avant, nous pouvions obtenir de l'essence à 180 nairas le litre [0,42 euros], mais aujourd'hui j'ai acheté du carburant à 550 nairas le litre [1,28 euros]. C'est scandaleux.
Flood broke the road in half in Bayelsa, cutting the access of an inland community (Amassoma) from the state capital (Yenegoa). They get their major supplies from the capital.😩😭... @ChifeDr @firstladyship @ChudeMedia pic.twitter.com/iV2JH1dCce
— Kelechi Nworie (@kmnworie) October 13, 2022
#BayelsaFloodUpdates
— Fortune God'sSon Alfred 🇳🇬 (@HRFKingFGA) October 15, 2022
Due to the flood pushed inflation in Bayelsa State that has also led to fuel scarcity, a Custard rubber of Garri(the staple food) is now TWO THOUSAND NAIRA and rising.#floodinNigeria #FloodInBayelsa#Floods #watershedding pic.twitter.com/LnL0s12LPL
This is d road leading to Bayelsa from Rivers State. People can't move in nor out of Bayelsa state as the roads have been destroyed by the ravaging flood. Please retweet, let people know what's happening in Bayelsa state. We're suffering 😭😭 #FloodInBayelsa #Regha #Speedy #Burna pic.twitter.com/9nWO06a6Of
— Janice Melvin (@janey_mel2) October 16, 2022
"Personne ne nous vient en aide"
Le gouvernement dit qu'il a débloqué de l'argent, qu'il a acheté des choses, mais les gens n'ont rien reçu de tout cela. Personne ne nous vient en aide, nous ne recevons aucun soutien matériel. Mes amis et moi, ainsi que d'autres personnes, utilisons le peu d'argent que nous avons additionné à ce que nous avons obtenu à travers les donations publiques pour acheter des choses et nous rendre dans les camps improvisés pour personnes déplacées afin de partager du matériel de secours.
@EniboAlbertFDN and @NativePreacher_ in conjunction with @MuturuTimipa, @BrayelaLayefa, @donjay_c and @EP_Berezi went out today again to reach out to #FloodInBayelsa victims in three IDP camps, one at Edepie and two at Akenfa by giving sachet water, drugs, pads and insecticides. pic.twitter.com/pmTyvIIME3
— Enibo Albert (@enibo_albert) October 17, 2022
Today I bought a few medicines and sanitary pads and went to one of the make shift IDP camp to give the little I can,myself @NativePreacher_ @donjay_c @enibo_albert @MuturuTimipa, I hope to do more soon. pic.twitter.com/oCDSGbxDf1
— Bayelsa|Warri Twytter Queen 👑🌈 (@BrayelaLayefa) October 15, 2022
Les dernières inondations de cette ampleur au Nigeria remontent à 2012. On estime que celles de cette année ont causé au moins 17 milliards d'euros de dégâts.