Côte d’Ivoire : malgré son placement en réserve, l’éléphant Ahmed continue de piller des cultures
L’éléphant connu en Côte d’Ivoire pour avoir animé le quotidien des habitants de Guitri depuis 2016 avait été placé en septembre 2020 dans la réserve N’zi River Lodges. Mais le pachyderme y a repris ses habitudes et continue de s’aventurer dans les villages, où il détruit des maisons et se sert dans les champs de bananes, papaye, manioc et igname.
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MISE À JOUR le 20/01/2021 : ajout d'une vidéo
Depuis plusieurs mois, la présence de cet éléphant, surnommé Ahmed, dans la région de Bouaké (centre) pose problème à de nombreux villageois et agriculteurs.
Ahmed vivait à l’origine à Daloa dans le centre de la Côte d’Ivoire et a été déplacé avec trois de ses congénères au parc national d’Azagny (sud) en 2014. L’animal aurait ensuite quitté son groupe en 2016, avant de rejoindre la région de Guitri, où il a commencé à faire parler de lui. Il a alors pillé pendant plusieurs années des cultures et des fûts d’alcool artisanal, détruit des bâtiments et des véhicules avant d’être finalement placé dans la réserve N’zi River Lodges en septembre 2020.
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Cette réserve, non clôturée, est un établissement touristique qui propose des safaris et des nuitées en brousse. L’éléphant y a été placé sur proposition de la direction alors que le zoo d’Abidjan était alors critiqué pour son mauvais état.
Mais l'éléphant semble avoir conservé ses vieilles habitudes. Dans une série de vidéos prises au mois de novembre, on le voit se promener dans des champs où des restes de bananes ou papayes jonchent le sol. Le propriétaire du terrain affirme qu’il s’est servi dans ses plantations.
D’autres images relayées ces dernières semaines sur les réseaux sociaux montrent l’animal s’aventurer dans des villages.
Une série de photos montre deux bâtiments partiellement détruits. "L'œuvre de l'éléphant Ahmed à Dabakala (Kogbe) Bobosso", peut-on lire en légende des images publiées le 11 janvier sur Facebook.
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© {{ scope.credits }}Notre Observateur Raphaël Nguessan, fondateur de l’ONG écologiste ROVE, nous a alertés sur les agissements du pachyderme dans les localités près de Bouaké : Assandrékro, Bôbôsso et Yangakro. C’est dans cette dernière que vit l’un des bénévoles de l’ONG, Gédéon. Il a pu filmer l’animal en novembre et transmettre à notre rédaction la vidéo ci-dessous, filmée le 18 janvier.
"Son problème avec l’alcool continue"
Actuellement, l'éléphant est toujours dans le secteur. Les habitants s’en plaignent régulièrement : il vient dans les champs de bananes, d’igname et de manioc et a détruit des maisons vendredi dernier [le 8 janvier, NDLR].
Je sais aussi que son problème avec l’alcool continue. Je connais un monsieur à Assandrékro qui fabrique de l’alcool artisanal en brousse, du bangui [vin de palme], et l’éléphant est déjà venu se servir dans ses fûts.
Les habitants essaient de crier en direction de l’animal pour qu’il quitte les champs. Ça ne marche pas toujours et certains villageois ont d’ailleurs compris que l’alcool permettait d’attirer l’éléphant en dehors des zones de culture.
Notre souhait, c’est que cet animal parte. En ce moment, nous sommes en pleine période de récolte de l’igname mais les agriculteurs ont trop peur que l’éléphant arrive et vienne dévorer leurs tas d’ignames. Il est capable d’en consommer une dizaine à lui tout seul.
Plusieurs signalements ont été effectués auprès du ministère des Eaux et Forêts, pour l’instant sans effet.
"Si rien n’est fait, les villageois peuvent tuer l’éléphant"
Même son de cloche chez Moussa Yé, président de la société civile de la région du Hambol, où s’aventure l’éléphant, interrogé par le média ivoirien Fraternité matin :
Cet éléphant sème la terreur dans la zone. À plusieurs reprises, nous avons interpellé les agents des Eaux et Forêts de Dabakala, Katiola et Bouaké. Ils promettent de venir le chercher mais jusqu’à présent rien n’est fait. Si rien n’est fait, les villageois peuvent tuer l’éléphant.