RÉTROSPECTIVE

Ces intox qui ont marqué l'année 2020

En 2020, la rédaction des Observateurs de France 24 a vérifié plusieurs centaines d'intox sur les réseaux sociaux. Ces contenus ont été envoyés par des internautes ou repérés par nos journalistes. Retour sur plusieurs images détournées, sorties de leur contexte ou complètement fausses qui ont marqué l’année 2020.

La rédaction des Observateurs a vérifié plusieurs intox qui ont circulé sur les réseaux sociaux. En voici les plus marquants de l'année 2020 sélectionnés par notre rédaction.
La rédaction des Observateurs a vérifié plusieurs intox qui ont circulé sur les réseaux sociaux. En voici les plus marquants de l'année 2020 sélectionnés par notre rédaction. © Capture écran
Publicité

Guerre de fausses images sur fond de conflit dans le Haut-Karabakh

Au plus fort du conflit dans le Haut-Karabakh qui a opposé l'Arménie et l'Azerbaïdjan entre septembre et novembre 2020, plusieurs images sorties de leur contexte ont été partagées sur les réseaux par des responsables politiques et des médias.

Le 27 septembre, côté arménien, les médias ont abondamment utilisé les images d'un hélicoptère abattu en plein vol pour illustrer la destruction d'un appareil azerbaïdjanais. Quelques jours plus tard, c'était au tour des internautes et médias de Bakou d'illustrer la destruction d'un missile arménien de fabrication russe rapportée par le ministre azerbaïdjanais de la Défense. 

Une recherche d'images inversée a permis de conclure qu'il s'agissait en réalité d'un hélicoptère syrien dans le premier cas, et d'un exercice de l'armée russe dans le second.

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Conflit au Haut-Karabakh : médias et gouvernements se font aussi la guerre à coup de fausses images

Un agent noir du FBI arrêté par erreur ?

L'année 2020 a été marquée par la mort par asphyxie de Georges Floyd, un Américain noir, lors de son arrestation par des policiers blancs à Minneapolis le 25 mai. Son décès avait déclenché une vague de manifestations aux États-Unis.

C'est dans ce contexte qu'une vidéo prétendant montrer l'arrestation d'un agent noir du FBI par erreur par des policiers blancs est devenue virale début juin. Les images montrent deux policiers – rejoints plus tard par trois autres – appréhender un homme noir et le menotter. L'homme arrêté ne cesse de répéter aux policiers qu'ils font erreur sur la personne. Les policiers finissent par le libérer.

Selon les publications qui relaient la vidéo, les policiers seraient en fait "tombés sur un agent du FBI" et s'en seraient rendus compte en découvrant "sa carte d'agent". Il n'en est rien. La scène s'est en réalité déroulée un an auparavant, en juin 2019, dans la ville de Rochester, dans le même État du Minnesota. Et l'homme n'était pas un agent du FBI. 

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> États-Unis : un agent noir du FBI arrêté par erreur ? L'intox qui cartonne après la mort de George Floyd

Missile, drones, attaque nucléaire : intox en série autour de la double explosion de Beyrouth

La double explosion du port de Beyrouth, le 4 août, a fait plus de 200 morts et près de 7 000 blessés. Cinq jours après le drame survenu en plein cœur de la capitale libanaise, des internautes ont publié des vidéos pour tenter de prouver que la détonation était le fait de missiles de guerre. D'autres publications, réfutées également par des spécialistes, affirmaient que la forme du nuage ayant suivi l'explosion indiquait qu'il s'agissait d'une attaque nucléaire.

Ces fausses informations ont surfé sur la confusion des autorités libanaises au sommet de l'État qui tergiversaient encore sur l'origine de l'explosion : le président libanais, Michel Aoun, évoquait l'hypothèse d'une bombe ou d'un missile, tandis que le gouvernement libanais avait affirmé que l'explosion avait été déclenchée par l'incendie d'un stock de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium. 

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Missile, drones, attaque nucléaire ? Intox en série autour de la double-explosion de Beyrouth

Fausses images autour des feux en Australie

Les incendies monstres qui ont touché l'Australie pendant plusieurs semaines en janvier 2020, ont fait 30 morts et tué près de 500 millions d'animaux.

Sur les réseaux sociaux, des images impressionnantes ont été relayées, comme celles de familles réfugiées sous un ponton, d'un kangourou sauvé des feux par une femme, ou d'une petite fille tenant un koala dans les bras. Mais ce sont en réalité des photos sorties de leur contexte ou des photomontages.

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Koalas et kangourous sauvés, fausse photo satellite... : cinq fausses images sur les feux en Australie

Un diplomate français au Cameroun victime d'un "deepfake"

Le "deepfake" est une technique de synthèse d'images basée sur l'intelligence artificielle : elle permet de faire dire n'importe quoi à partir d'une photo ou d'une vidéo. C'est ce dont a été victime en juin Christophe Guilhou, ambassadeur de France au Cameroun.

Dans la fausse vidéo, on l'entendait dire : "La République française, c'est la puissance de tutelle qui a colonisé le Cameroun", ou encore : "Mes ancêtres ont conquis ce territoire par la force et la ruse et le droit international". Des propos attribués au diplomate français… mais qu'il n'a jamais prononcés.

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Attention, cette vidéo de l'ambassadeur français au Cameroun est un "deepfake"

Des bulletins de vote jetés, preuves de fraude lors de l'élection américaine ?

Le démocrate Joe Biden a remporté le 3 novembre l'élection présidentielle américaine. En raison de la pandémie du coronavirus, le vote par correspondance avait été plébiscité. Des États comme le New Jersey, le Vermont ou la Californie avaient mis en place le vote à distance, plus d'un mois avant le jour du scrutin.

À l'approche de l'échéance électorale, des images de bulletins de vote jetés avaient alors été relayées sur les réseaux sociaux par des internautes favorables à Donald Trump pour appuyer le fait que le scrutin serait galvaudé. Mais cette affirmation a été contredite par l'administration du comté de Sonoma. Il s'agissait d'anciennes enveloppes vides, datant des élections de novembre 2018, jetées dans des poubelles de recyclage, ainsi que la loi l'y autorise.

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Présidentielle américaine : ces photos ne montrent pas des bulletins de vote par correspondance jetés "dans une décharge"

De fausses images sur les Ouïghours

Entre fin 2019 et début janvier, de nombreuses vidéos censées montrer des cas de tortures, maltraitances et des arrestations de citoyens ouïghours dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, ont circulé sur les réseaux sociaux. Mais plusieurs de ces publications étaient fausses.

C'est le cas, par exemple, d'une vidéo partagée sur Instagram et dans laquelle on voit trois hommes, filmés à terre, presque nus, en train d'être fouettés. Le compte allemand qui la publie laissait entendre en légende qu'il s'agit du sort réservé aux Ouïghours en Chine.

En réalité, ces images datent de 2017 et ont été tournées en Indonésie. Difficile de savoir exactement ce qu'il s'est passé, mais selon plusieurs médias indonésiens, il s'agirait de trois adolescents soupçonnés de vol.

Selon l'ONU, près d'un million de Ouïghours seraient détenus dans des camps d'enfermement dans la région du Xinjiang. Alfred Erkin, activiste pro-ouïghour, a expliqué à la rédaction des Observateurs de France 24 que ces fausses images pouvaient discréditer le combat de la communauté. 

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Fausses images sur les Ouïghours : "Ça dessert notre cause"

Notre enquête sur un réseau de désinformation en Afrique 

"Donald Trump invite Mam[ou]dou Gassama [le héros malien de l'été 2018 en France, NDLR] à la Maison Blanche." "La Fifa annule le sacre de la France en Coupe du monde." Ou "Obiang Nguema, le président de la Guinée équatoriale, décrète la fin du franc CFA."

Si vous avez déjà vu un de ces trois articles, vous avez donc eu, directement ou indirectement, affaire aux sites Africa24.info ou 24jours.com. En mars, la rédaction des Observateurs de France 24 a publié une enquête sur ces deux sites internet destinés à relayer des contenus sensationnels – et souvent faux – pour un public africain.

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Africa24.info, 24jours.com et Cie : enquête sur un réseau de désinformation en Afrique