IRAK

40 femmes assassinées à Bassora pour conduite « non islamique »

Dans la cité portuaire de Bassora, deuxième ville d'Irak, les murs se couvrent de graffitis menaçant de mort les femmes qui ne respectent pas la tradition islamique, celles qui se maquillent ou qui ne couvrent pas leurs cheveux. Pour avoir ignoré ces mises en garde, une quarantaine d'entre elles ont été tuées . Leur corps est souvent retrouvé au milieu d'ordures, décapité ou mutilé, et accompagné de ce type de message : « tuée pour adultère » ou « tuée pour violation des règles islamiques ». Ces crimes ont choqué les blogueurs irakiens. La plupart condamnent, mais ils sont très divisés sur les causes de ces atrocités. Manifestement très hostile à l'occupation américaine, le blog de l'association des femmes irakiennes affirme que les Etats-Unis et leurs alliés manipulent cette affaire : ils auraient en effet intérêt à montrer une image négative des Irakiens, présentés comme un peuple « non civilisé et violent ». Le blogueur irakien « Treasure of Baghdad », qui vit aujourd'hui en exil, se désespère quant à lui de voir Bassora tomber entre les mains de « nouveaux Talibans ». Enfin, l'éditeur et journaliste américain Robert Stein s'interroge sur la responsabilité du gouvernement de George Bush dans ce chaos.

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Dans la cité portuaire de Bassora, deuxième ville d'Irak, les murs se couvrent de graffitis menaçant de mort les femmes qui ne respectent pas la tradition islamique, celles qui se maquillent ou qui ne couvrent pas leurs cheveux. Pour avoir ignoré ces mises en garde, une quarantaine d'entre elles ont été tuées en moins d'un an. Leur corps est souvent retrouvé au milieu d'ordures, décapité ou mutilé, et accompagné de ce type de message : « Tuée pour adultère » ou « Tuée pour violation des règles islamiques ».

Ces crimes ont choqué les blogueurs irakiens. La plupart condamnent, mais ils sont très divisés sur les causes de ces atrocités. Manifestement très hostile à l'occupation américaine, le blog de l'association des femmes irakiennes affirme que les Etats-Unis et leurs alliés manipulent cette affaire : ils auraient en effet intérêt à montrer une image négative des Irakiens, présentés comme un peuple « non civilisé et violent ». Le blogueur irakien « Treasure of Baghdad », qui vit aujourd'hui en exil, se désespère quant à lui de voir Bassora tomber entre les mains de « nouveaux Talibans ». Enfin, l'éditeur et journaliste américain Robert Stein s'interroge sur la responsabilité du gouvernement de George Bush dans ce chaos.

« Habille-toi correctement, ou meurs »

Billet publié sur le blog Moderate voice par Robert Stein, journaliste et éditeur américain.

Alors qu'une femme fait campagne, en pantalon, pour devenir présidente des Etats-Unis [Hillary Clinton], d'autres sont tuées dans les rues de Bassora parce qu'elles portent du maquillage et qu'elles ne couvrent pas leur visage. (...)

 

Les Etats-Unis débattent actuellement sur le futur de ce pays que nous avons envahi il y a cinq ans. Ce qui se passe à Bassora, connu sous Saddam Hussein comme un lieu de la nuit et de la mixité culturelle, nous rappelle ce que nous allons laisser derrière nous, malgré nos « efforts ».

Est-ce que la folie sectaire que nous avons déclenchée, peut être endiguée à Bagdad par Nouri al-Maliki [Premier ministre irakien]? (...)

Est-ce que le président Bush va faire son prochain discours d'autosatisfaction sur la bénédiction que représente la démocratie en Irak ? Si c'est le cas, quelqu'un devrait lui parler des femmes de Bassora. (...) »

 

11 décembre 2007

« Le spectre des Talibans plane sur les femmes de Bassora »

Billet de « Treasure of Baghdad », un jeune étudiant irakien vivant à Philadelphie (Etats-unis) depuis 2006 .

Cela me fait mal de voir cette ville, autrefois cosmopolite, tomber entre les mains de ces nouveaux Talibans. (...) Et pendant que ces femmes souffrent, les officiels jouent au « Catch 22 » : ils accusent, mais ne font rien. (...)

Les hommes de Moqtada al-Sadr ont été les premiers à nier leur implication dans ces meurtres, dont tout le monde parle à Bassora. Salam al-Maliki, un proche du leader islamiste, a déclaré à al-Arabiya que la police exagère l'ampleur du phénomène. Il a ajouté que certaines femmes portent des tenues « incorrectes » dans les universités, des chrétiennes et des musulmanes, mais qu'il ne les force pas pour autant à porter le Hidjab. Des femmes sur place disent pourtant le contraire... (...)

Les femmes de Bassora ont besoin d'aide. J'en appelle aux organisations humanitaires et aux ONG de défense des droits des femmes pour qu'elles agissent et évitent que mes consœurs ne tombent entre les mains des Talibans. Je ne pense pas que les hommes politiques irakiens vont s'attaquer à ce problème, car ce sont eux-mêmes des extrémistes. (...) »

7 décembre 2007

Vous pouvez posez vos questions à notre Observateur, « Treasure of Baghdad », sur sa fiche profil

« Qui tue ces femmes et pourquoi ? »

Billet posté sur le blog de l'association des femmes irakiennes, qui se décrit comme « indépendante de tout parti politique ».

Notons d'abord qu'aucune ONG ou organisation internationale n'a confirmé ce chiffre, donné par le chef de la police, de 40 femmes tuées à Bassora entre juillet et septembre 2007. Les forces d'occupation et la mafia locale commettent des crimes envers les femmes partout dans le pays. Et ce parce que les institutions chargées de garantir les droits des femmes et leur sécurité ont été détruites par l'occupation barbare. Nous condamnons les violences faites aux femmes et blâmons l'occupation du pays qui en est à l'origine. Nous nous interrogeons sur les raisons de cet intérêt soudain pour le bien-être des femmes de la part du gouvernement d'occupation. Nous affirmons que la lutte pour les droits de la femme ne doit pas être manipulée à des fins politiques. Nous condamnons par ailleurs l'utilisation de cette affaire par les médias dans le but de dépeindre la nation irakienne comme non civilisée, violente et prête à massacrer ses propres femmes et enfants. »

8 décembre 2007