CANADA

Canada : copieusement insultée par une infirmière, une femme autochtone filme ses derniers instants

Joyce Echaquan, une femme atikamekw, est morte à l'hôpital de Joliette le 28 septembre. Capture d'écran vidéo Joyce Echaquan.
Joyce Echaquan, une femme atikamekw, est morte à l'hôpital de Joliette le 28 septembre. Capture d'écran vidéo Joyce Echaquan.
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C'est la vidéo amateur qui crée l'émoi dans la classe politique canadienne et ravive les débats sur le racisme envers les peuples natifs du Canada : Joyce Echaquan, une femme atikamekw, un peuple autochtone du Québec, a filmé lundi 28 septembre en direct sur Facebook les insultes dont elle a été victime de la part d'une infirmière de l'hôpital de Joliette. Elle est décédée peu de temps après.

La jeune femme avait été admise à l'hôpital quelques jours plus tôt pour de violents maux d'estomac. Dans la vidéo, on l'entend appeler à plusieurs reprises à l'aide, mais personne ne répond. Puis, une membre du personnel soignant rentre dans sa chambre et ne semble pas réceptive à ses douleurs. La rédaction des Observateurs de France 24 a décidé de ne pas diffuser cette vidéo montrant la détresse de la jeune femme.

"Esti d'épaisse de tabarnouche [juron québécois péjoratif]… C'est mieux mort ça. As-tu fini de niaiser… Câlisse [autre juron québécois] T'as fait des mauvais choix, ma belle. Qu'est-ce qu'ils penseraient, tes enfants, de te voir comme ça ?", peut-on entendre de la bouche de l'infirmière dans cette vidéo de 7 minutes diffusée par Joyce Echaquan elle-même sur son compte Facebook.

Joyce Echaquan, 37 ans, est décédée peu de temps après avoir filmé cette vidéo, lundi 28 septembre. Elle avait sept enfants, selon la presse canadienne.

Dans les premières secondes de sa vidéo, Joyce Echaquan se filme, avant de poser son téléphone dans la pièce. On l'entend crier à plusieurs reprises, mais aucune infirmière ne vient.

 

Un appel à se réveiller face au racisme, selon le chef des Atikamekw

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière, dont dépend l'hôpital où ont été filmé les faits, a indiqué que l'infirmière avait été identifiée et congédiée, mais aussi qu'une enquête avait été ouverte.

Les propos tenus ont été unanimement condamnés par la classe politique canadienne, et en premier lieu par le Premier ministre, Justin Trudeau, qui a déclaré :

 

Tous les Canadiens ont été choqués de voir cette vidéo des derniers moments de Joyce Echaquan. […] Ce qui s'est passé, c'est la pire forme de racisme [alors qu'elle avait] besoin d'aide. C'est un autre exemple de racisme systémique qui est tout simplement inacceptable au Canada.

Le grand chef de la nation atikamekw, Constant Awashish, a de son côté déclaré au journal La Presse :

 

Je pense que l'abcès est crevé, C'est un ‘wake-up call' [appel à se réveiller, NDLR] pour tout le monde, les Premières nations comme les Québécoises et les Québécois. […]  Ce n'est pas vrai que tous les Québécoises et les Québécois sont racistes. Mais il y a encore du racisme, il faut l'admettre, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable.

Des manifestations spontanées après la mort de Joyce Echaquan ont eu lieu à Lanaudière, notamment autour de l'hôpital, et une grande manifestation antiraciste est prévue samedi 3 octobre à Montreal.

 

Rassemblement pour Joyce Echaquan a Joliette

Publiée par Mario Faits Divers Durieux sur Mardi 29 septembre 2020