NIGER

Niger : cette géographe a lancé une carte participative des inondations pour penser la ville de demain

Capture d’écran de la carte créee par Fatiman Alher, hébergée sur la plateforme en données ouvertes Open Street Map.
Capture d’écran de la carte créee par Fatiman Alher, hébergée sur la plateforme en données ouvertes Open Street Map.
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Mi-septembre, plusieurs quartiers de la capitale Niamey sont toujours inaccessibles en raison des inondations historiques qu’a connues le Niger. Fatiman Alher, cartographe et entrepreneuse, a réalisé une carte interactive où les habitants peuvent renseigner l’état des rues et le niveau de l’eau. Objectif : documenter la catastrophe pour que des projets d’urbanisme adaptés soient rapidement lancés, mais aussi faciliter le déploiement de l’aide humanitaire. 

Fin août, les autorités ont dénombré 45 morts et 226 000 sinistrés dans tout le pays. Alors que le gouvernement nigérien publie au fur et à mesure des chiffres permettant de saisir l’ampleur des dégâts causés par les crues, avec 20 201 maisons, 1 167 cases, 64 salles de classe, 24 mosquées effondrées et 5 306 hectares de cultures endommagés, une cartographe a décidé d’aller plus loin. 

Le 12 septembre, Fatiman Alher a lancé une carte interactive permettant de suivre de plus près la situation au cœur de la capitale Niamey. Cette carte ouverte à tous permet de voir précisément quels quartiers sont touchés, voire inaccessibles. 

Sur la carte, trente indications sur les inondations étaient renseignées au 17 septembre, concentrées sur les rives du fleuve Niger qui traverse la capitale. Elles permettent de repérer des sites sinistrés, comme des écoles, ou encore des zones ou des quartiers inondés. 

 

"Maintenant l’État a toutes les informations pour pouvoir faire une meilleure planification"

Pour la jeune femme, cette carte doit aider à identifier les besoins des populations touchées et de penser le Niamey de demain.

 

La crise a commencé cet été mais, si le niveau de l’eau s’est stabilisé, des quartiers entiers restent inaccessibles, les populations se sont soit réfugiées dans des salles de classes mises à disposition par le gouvernement, soit chez de la famille. 

J’ai voulu documenter cette situation et aussi tenter de contribuer à l’effort collectif en tant que jeune. Parce que j’avais déjà mené des projets similaires par le passé en tant que cartographe, des jeunes sont venus vers moi pour me demander une cartographie de gestion permettant d’appuyer les efforts d’aide. L’idée était de savoir précisément quelles zones sont inondées et inaccessibles. Comme je n’avais pas les moyens d’accéder à des images satellite en temps réel, j’ai lancé un appel aux habitants de Niamey pour qu’ils m’envoient des photos et des informations géolocalisées. 

J’ai reçu plusieurs contributions que j’ai vérifiées moi-même. Certaines personnes m’envoyaient leur position en direct sur Whatsapp ou Google Maps, mais d’autres, qui ne savaient pas comment faire, me décrivaient les magasins qui les entouraient et je pouvais ensuite recouper les informations pour les géolocaliser. 

La cartographie c’est vraiment un outil de planification et de prise de décision. Une institution ou une organisation internationale peut savoir quel quartier a le plus besoin d’aide. Imaginez toutes les rues qu’on a répertoriées, l’État pourra savoir lesquelles doivent recevoir le plus d’aide ou de financements pour des travaux de réhabilitation. Maintenant l’État a toutes les informations pour pouvoir faire une meilleure planification et prise de décision pour améliorer les conditions de vie des habitants.