LIBAN

Explosions à Beyrouth : surchargés, les hôpitaux de la capitale sont en détresse

À gauche, des blessés soignés sur le parking d'un hôpital surchargé. À droite, chaos dans les couloirs de l'hôpital St Joseph, où les blessés sont traités par terre et des les couloirs. Photo et capture d'écran.
À gauche, des blessés soignés sur le parking d'un hôpital surchargé. À droite, chaos dans les couloirs de l'hôpital St Joseph, où les blessés sont traités par terre et des les couloirs. Photo et capture d'écran.
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Une double explosion au port de Beyrouth a secoué la capitale libanaise mardi 4 août. Depuis, des images impressionnantes de l’explosion, puis de la destruction des immeubles qui ont été touchés, circulent sur les réseaux sociaux. La double déflagration a fait plusieurs milliers de blessés, que les hôpitaux de la capitale ne peuvent plus accueillir.

“Les hôpitaux de la ville sont archi pleins de blessés !” a affirmé Georges Kétané, secrétaire général de la Croix-Rouge intervenu mercredi 5 aout dans le journal de France 24. Le bilan, amené à s'alourdir, est très lourd : au moins 135 morts et plus de 5 000 blessés.

Plafond éventré, du sang partout sur le sol et soignants prêtant assistance aux blessés à même le sol : ces scènes, filmées mardi soir dans plusieurs hôpitaux de Beyrouth, témoignent du chaos qui règne sur les établissements hospitaliers à cause de la double explosion qui a frappé un rayon très large de la capitale libanaise.

Des blessés inondent l'hôpital St Joseph, où ils sont soignés par terre ou dans les couloirs.

Dans une vidéo tournée à l'hôpital St Joseph dans le quartier de Dora, on voit les soignants au chevet de blessés couverts de sang dans les couloirs, sur des lits d'hôpital et par terre ; on entend des personnes téléphoner en pleurs à leurs proches. Dans le quartier d'Achrafieh, dans l’hôpital de Al Roum, touché par le souffle de l’explosion, les infirmiers enjambent les dalles du plafond, qui ont cédé sous le choc, et essaient de soigner les blessés entre les éclats de verre et de murs.

 

Des soignants de 'l'hôpital Al Roum cherchent des patients parmi les débris, au 9e étage.

 

Plusieurs vidéos relayées sur Snapchat, Facebook ou Twitter montrent les dégâts subis par les hôpitaux, qui continuent malgré cela d'accueillir des blessés :

Devant l’hôpital Hôtel Dieu, situé à moins de 3 km du port, des centaines de personnes ensanglantées tentent de se faire soigner ou appellent leurs proches pour les rassurer.

 

 

Le Liban, qui compte au 3 août 5 065 cas de Covid-19, vit une pandémie d’autant plus difficile car aggravée par la pénurie de matériel médical, causé par la crise financière que traverse le pays. Mardi soir, les hôpitaux de la capitale se sont retrouvés face à un flux de blessés bien supérieur à leur capacité d'accueil, en plus des dégâts destructifs subis au sein même des bâtiments.

Cette vidéo filmée par une soignante de l'hôpital Al Roum montre des infirmiers et un médecin au chevet de blessés, au milieu d’éclats de verre et du sol ensanglanté :

Le secrétaire général de la Croix Rouge libanaise, Georges Kétané, décrit une situation de crise immédiate :

 

Nous avons envoyé 75 ambulances aux quartiers les plus touchés, avec 50 autres véhicules en attente”, a-t-il déclaré à France 24 le matin du 5 août. “Les hôpitaux ont dépassé leur capacité d’accueil et n’ont plus de place pour les victimes. Plusieurs des blessés ont été transportés hors de Beyrouth, dans le nord et le sud. Il y a aussi des personnes disparues dont les familles les cherchent encore.

 

Face à l’urgence, quelques postes médicaux de crise ont ouvert dans les rues pour secourir les personnes gravement blessées, pour pallier au manque d’espace dans les hôpitaux. Sur la place des Martyrs et le Forum de Beyrouth, des tentes de tri et de premiers secours opèrent ainsi avec la Croix Rouge libanaise. D’autres hôpitaux, comme l'hôpital Bahman à l’est de la ville, ont entamé de secourir les flux de blessés sur le parking du complexe médical.

Dons du sang en masses et campagnes d’hébergement

Mohamad Chouk est le responsable d’une ONG de Tripoli, les “Gardiens de la ville”, dont les membres se sont déplacés mardi soir à la capitale pour aider les soignants de l'hôpital de l'Hôtel Dieu, qui a accueilli hier plus de 500 blessés, au delà de sa capacité initiale :

Mohamad Chouk fait don de son sang avec des membres de l'association "Gardiens de la ville". Photo Mohamad Chouk.

 

Nous sommes allés faire don de notre sang hier soir, car Beyrouth compte trop de blessés et donc beaucoup de pertes potentielles. Nous sommes allés à l’hôpital de l’Hôtel Dieu : il est clair que les médecins et les infirmiers ont un réel besoin de matériel médical et de plus d’effectif.

Dans une vidéo tournée le soir du 4 août à l'hôpital de l'Hôtel Dieu à Beyrouth, Mohamad Chouk, responsable d’une ONG basée à Tripoli, fait appel aux habitants de sa ville, 80 km au nord de la capitale : “Je demande à tous ceux qui peuvent se déplacer de Tripoli de venir donner de son sang ici à Beyrouth. Il faut absolument aider dans ces circonstances. Notre sang est votre sang.”

 

Répondant à l’appel de la Croix Rouge et d’autres organisations locales, plusieurs habitants de Beyrouth, libanais comme résidents irakiens, syriens ou palestiniens, se sont rués sur les banques de sang et les hôpitaux pour contribuer à la rescousse des sinistrés de l’explosion.

Don du sang dans un hôpital filmé par un résident irakien, qui appelle à la solidarité de ses compatriotes.

 

Des campagnes d’hébergement se sont également organisées afin d’aider les personnes dont le logement a été gravement saccagé par le souffle explosif, comme ces internautes sur Snapchat qui proposent d’héberger des victimes chez eux :

Et les aides précieuses d'organisations internationales commencent à atteindre la ville le 5 août.

Des camions d'aides des Nations Unies arrivent sur l'avenue Charles Helou. Vidéo postée sur Snapchat le matin du 5 août.

Au lendemain de l’explosion, la Croix Rouge coopère toujours avec l’armée et des ONG spécialisées dans la gestion humanitaire de crise pour retrouver les rescapés dans les décombres des bâtiments détruits.

Article écrit par Fatma Ben Hamad.