En Haïti, une fête "car wash" dégénère en pleine pandémie de Covid-19
Publié le : Modifié le :
Au moins une personne a été tuée à Port-au-Prince dimanche 19 juillet lors d’une intervention policière pour disperser une fête "car wash", interdite pour des raisons sanitaires. Ces fêtes, très populaires durant l’été dans la capitale, sont dans le viseur des autorités en Haïti, particulièrement en cette période de pandémie de Covid-19.
La semaine du 13 juillet, le commissaire de Port-au-Prince a officiellement interdit par décret les "car wash parties", des fêtes réunissant des centaines de personnes qui s’aspergent d’eau au rythme des musiques entraînantes d’un DJ. Dans la capitale, ces fêtes avaient déjà été interdites par le maire en août 2019.
Mais, malgré cette interdiction, des centaines de fêtards se sont retrouvés dimanche 19 juillet rue de l’Enterrement, dans le centre de la capitale, entraînant l’intervention de la police.
Selon le Haiti Standard, qui cite des témoins, la fête se déroulait dans le calme lorsque les forces de l’ordre sont intervenues sur les lieux et ont ouvert le feu pour disperser les participants. De son côté, le commissaire du gouvernement, Jacques Lafontant, a affirmé que ce sont les participants à la fête qui ont ouvert le feu en premier, tuant notamment une personne. Une enquête a été ouverte pour déterminer les faits.
Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de personnes fuir la fête “car wash” en courant et criant alors quedes tirs retentissent.
"Les Haïtiens vivent comme si la pandémie n'existait pas"
Selon notre Observateur à Port-au-Prince, Niepce Zéphirin, qui a alerté notre rédaction sur l’incident, les fêtes “car wash” sont le reflet d’une insouciance dans la société haïtienne en pleine période de pandémie :Capture d'écran d'une vidéo montrant une "car wash party" fin juin 020.
Depuis environ un an, ce phénomène a fait son apparition dans le pays. C’est une activité de débauche qui charrie toute partie de la jeunesse haïtienne, et qui a pour but de divertir les jeunes : ils s’arrosent les uns les autres avec de l'eau, sous les pas de rythme rabòday [le rabòday est style de musique très populaire en Haïti, NDLR].
Les avis sont partagés quant à ces fêtes qui s’organisent de manière hebdomadaire en pendant la saison estivale.
Pour certains, c’est un moyen de se défouler et se divertir. Pour d'autres, il s'agit d'une activité immorale, car des jeunes filles viennent danser nues, ce qui porte selon certaines personnes atteinte à la pudeur.
Depuis l’incident du 19 juillet, aucune nouvelle fête “car wash” n’a été planifiée. Mais notre Observateur Niepce Zéphirin doute de l’effet du décret gouvernemental :
Nous sommes face à une situation où la majorité des décisions prises par l'État ne sont pas respectées. Il faut un État fort pour pouvoir rétablir l'ordre et la discipline dans le pays.
Au 21 juillet 2020, un total de 7 100 cas de Covid-19 pour 151 décès ont été enregistrés en Haïti.
Article écrit par Sophie Stuber (@sophiestube)