Hong Kong : avec la loi sur la sécurité, l'autocensure gagne le mouvement pro-démocratie
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Le 30 juin à Hong Kong, une femme a frénétiquement arraché les affiches et dessins militants qui recouvraient la devanture du restaurant dans lequel elle travaillait. Le signe qu’un vent de panique traverse tout le mouvement d’opposition au gouvernement avec l’imminente mise en application d’une nouvelle loi sécuritaire.
Un documentariste a filmé cette vidéo et l’a publiée sur Twitter le 30 juin. On y voit une femme gantée et masquée arracher toutes sortes de papiers collés sur la devanture d'un restaurant. Elle tient notamment dans ses mains une affiche écrite à la main sur laquelle on distingue le mot "Freedom" ("liberté").
i was walking around mong kok and came across a depressing scene of this Hong Kong diner removing protest art and signs stuck to the outside just hours after the national security law passed, HK's freedoms are dying in real time pic.twitter.com/hoBpEmGo1S
Arman Dzidzovic (@iamarman88) June 30, 2020
"J’étais en train de me promener dans le quartier de Mong Kok et je suis tombé sur cette scène déprimante, sur ce restaurant hongkongais en train de retirer les œuvres et affiches militantes collées à l’extérieur quelques heures avant l’adoption de la loi sur la sécurité nationale. Les libertés de Hong Kong meurent en temps réel", commente Arman Dzidzovic, réalisateur de films documentaires.
Ce magasin faisait probablement partie du "cercle économique jaune", un groupement de commerces hongkongais affichant publiquement leur soutien au mouvement pro-démocratie et aidant régulièrement les manifestants en leur fournissant par exemple des repas gratuits.
Mardi, la très célèbre chaîne de restaurants Lung Mun Cafe a annoncé quitter ce cercle, une décision précipitée par la promulgation de la loi sur la sécurité nationale.
Une loi jugée liberticide
Cette loi, promulguée mardi 30 juin par le président chinois Xi Jinping, prévoit des peines de prison ferme, parfois à perpétuité, pour sécession, subversion, terrorisme et collusion avec un pays étranger ou des éléments extérieurs pour mettre en danger la sécurité intérieure. La mesure a ravivé la colère des activistes pro-démocratie, un an après de vastes manifestations contre l'exécutif hongkongais et la volonté prêtée à la Chine de renforcer son emprise sur le territoire semi-autonome.
Alors qu'une manifestation était organisée mercredi 1er juillet contre la loi, les militants pro-démocratie semblent adopter une stratégie de repli alimentée par la peur de la répression. Le parti politique hongkongais Demosisto, fondé par des militants pro-démocratie, a ainsi annoncé sa dissolution. "À l'issue de nombreuses délibérations internes, nous avons décidé de nous dissoudre et de cesser toute activité en tant que groupe, étant donné les circonstances".