En Centrafrique, "si personne ne respecte les consignes, le coronavirus va faire des ravages"
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Au 7 avril, neuf cas de Covid-19 ont été répertoriés en République centrafricaine, dont deux contaminés localement. Alors que les infrastructures sanitaires de ce pays sont précaires, avec trois respirateurs pour 4,6 millions d'habitants, notre Observateur s'inquiÚte de voir ses voisins continuer de vivre comme si de rien n'était, ou presque.
Le premier cas de coronavirus en Centrafrique a été annoncé le 14 mars et ce chiffre est depuis passé à neuf, sans qu'aucun décÚs ne soit à déplorer au 7 avril. Malgré ces chiffres plutÎt bas par rapport aux pays voisins - le Cameroun compte 650 cas et 9 morts et la République démocratique du Congo dénombre 161 cas et 18 décÚs - notre Observateur est trÚs inquiet.
"La population continue de se rassembler et de prendre le risque d'ĂȘtre contaminĂ©e"
Vicky Nelson Wackoro est un jeune Ă©tudiant de la capitale Bangui et organise depuis plusieurs annĂ©es des entrainements de capoeira, un art martial non-violent, pour les enfants d'une ville dĂ©chirĂ©e par la guerre.Â
Il a alerté la rédaction des Observateurs de France 24 sur la vie quotidienne des Banguissois qui, selon lui, n'a pas fondamentalement changé et risque de favoriser la propagation du virus.
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J'ai pris plusieurs photos la semaine du 30 mars dans plusieurs arrondissements de Bangui pour montrer que la population continue de se rassembler et de prendre le risque d'ĂȘtre contaminĂ©e.
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© {{ scope.credits }}De nombreux Banguissois faisant la queue devant un Ă©tablissement bancaire. CrĂ©dit : Vicky Nelson Wackoro
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Ici, nous n'avons pas de bons hĂŽpitaux oĂč ĂȘtre soignĂ© et nous manquons de matĂ©riel, la plupart des soins sont assurĂ©s par des ONG internationales. Ă 30 mĂštres de chez moi, il y a un hĂŽpital oĂč le premier cas a Ă©tĂ© reçu, et c'est seulement quand ce dernier est arrivĂ© qu'ils ont mis en place une zone dĂ©diĂ©e aux malades du Covid-19.
Selon l'AFP, la Centrafrique dispose de trois respirateurs artificiels pour l'ensemble de sa population. Cet appareil permet de soigner les personnes atteintes du syndrome de dĂ©tresse respiratoire, la principale complication pouvant survenir chez un patient atteint du Covid-19.Â
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L'Ă©pidĂ©mie de coronavirus mâangoisse beaucoup et j'ai dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter l'universitĂ© et de rester le plus enfermĂ© chez moi bien avant que le gouvernement ne prenne des mesures. Mais je me sens bien seul, autour de moi beaucoup ne me prennent pas au sĂ©rieux et prĂ©tendent que cette maladie est rĂ©servĂ©e aux Blancs, qu'elle ne tue pas les Africains. Ils voient pourtant bien que les pays de la rĂ©gion commencent Ă ĂȘtre touchĂ©s eux aussi.
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© {{ scope.credits }}Une partie de basket Ă Bangui, alors que le coronavirus se propage. CrĂ©dit : Vicky Nelson Wackoro
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Je sais bien que c'est presque impossible de rester Ă la maison en permanence, il faut bien sortir pour aller gagner de quoi manger, faire des courses, etc. Mais je vois encore beaucoup de gens rester en groupe, serrĂ©s, et se serrer la main. MĂȘme sâils sont obligĂ©s de sortir, ils pourraient Ă©viter de faire ça.
Il est assez facile de se procurer des produits pour bien nettoyer et désinfecter la maison et je vois quelques rares personnes porter des masques dans la rue. Mais j'ai aussi vu des vendeurs ambulants vendre ces masques sur des étalages en pleine rue et les manipuler à mains nues. Du coup, je ne sais pas si c'est vraiment sûr d'utiliser ces masques. Sur les réseaux sociaux, j'ai aussi vu des couturiers proposer à la vente des masques cousus en tissu.
Une ONG basĂ©e en Centrafrique annonce sur Instagram avoir lancĂ© une production de masques en tissu qui seront distribuĂ©s par des organisations mĂ©dicales dans la capitale.Â
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Le gouvernement a mis en place certaines mesures comme la fermeture des écoles, des bars et l'interdiction des rassemblements de plus de 15 personnes.
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© {{ scope.credits }}De l'extĂ©rieur, ce bar ou maquis a l'air fermĂ©. Mais quand on entre Ă l'intĂ©rieur, on s'aperçoit qu'il continue d'accueillir sa clientĂšle. CrĂ©dit : Vicky Nelson Wackoro
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Il a aussi mis en place un numĂ©ro Ă appeler si on pense ĂȘtre atteint du virus, mais je crains que si les choses continuent ainsi et que la population continue de ne pas respecter les consignes, la maladie risque de se propager et faire des ravages.