"Un anniversaire, un arbre" : Conakry se mobilise pour reboiser ses espaces verts
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Pour sensibiliser les habitants de la capitale guinéenne à la dégradation de l’environnement et les inciter à reboiser les parcs forestiers de la ville, des bénévoles ont lancé le challenge "un anniversaire, un arbre". Selon notre Observateur, l’initiative a permis de replanter près de 700 arbres en un peu moins d’un an à Conakry.
Chaque semaine, l’ONG Acorec (Agir contre le réchauffement climatique) publie sur sa page Facebook les photos de ceux qui ont relevé le défi, leur plant d’arbre à la main, puis mis en terre.
"Des pépiniéristes vendent les plants d’arbres aux participants, leur donnent des conseils, puis assurent leur entretien"
Pour Baldé Mamadou Bhoye, fondateur et directeur exécutif de l’ONG, ce défi citoyen a pour objectif de sensibiliser les habitants de Conakry au recul des "poumons écologiques" de la ville, menacés notamment par l’urbanisation de la capitale :
L’idée est partie d’un constat : selon les statistiques officielles, la Guinée possède 175 forêts classées. Cependant le pays perd 35 000 hectares de forêts par an. C’est pourquoi nous voulons agir pour sauver notre environnement. Nos forêts sont menacées par plusieurs facteurs : l’activité minière, la déforestation due à l’utilisation de charbon de bois et les constructions.
Nous avons donc initié l’an dernier, en octobre 2018, le concept "un anniversaire, un arbre". Comme les jeunes de Conakry sont nombreux à célébrer leur anniversaire, nous voulions qu’ils puissent en profiter pour faire un geste pour l’environnement et se rendre utile à la communauté.
Nous avons un site, une ancienne carrière dans la forêt de Kakimbo à Conakry, où nous invitons les participants à planter leur arbre. Sur place, notre ONG a noué un partenariat avec des coopératives de pépiniéristes qui vendent les plants d’arbres aux participants, leur donnent des conseils techniques pour les planter, puis assurent leur entretien. Chacun peut choisir son arbre. À Conakry, un plant peut varier de 20 000 francs guinéens (1,95 euros) pour les arbres forestiers et 25 000 (2,43 euros) pour les arbres fruitiers.
"Ce challenge a été suivi par des acteurs de la société civile et aussi des entreprises"
Nous voulons que cette initiative permette de restaurer la forêt de Kakimbo car ce site public a été fortement dégradé. Dans les années 70, la forêt s’étendait sur près de 83 hectares mais aujourd’hui, à cause de l’urbanisation et des constructions anarchiques, elle ne fait plus qu’une vingtaine d’hectares. Il y a également une carrière d’exploitation de sable qui avait été installée dans cette forêt - elle est aujourd’hui à l’arrêt. Or, c’est un poumon écologique de la capitale et un patrimoine classé !
Ce challenge a été suivi par des acteurs de la société civile et aussi des entreprises : récemment, nous avons fait une opération avec la banque BICIGUI [branche guinéenne du groupe BNP Paribas, NDLR]. Près de 700 personnes y ont participé depuis octobre dernier. Nous avons également travaillé sur un projet similaire au mois d’avril lors du festival des Arts et du Rire de Labé, au cours duquel nous avons lancé le challenge "un festivalier, un arbre". Nous avons ainsi planté 200 arbres à Labé. Nous menons également des opérations de "reboisement collectif", en groupe.
Au total, avec nos différentes actions, nous avons planté 1 460 arbres à Conakry et dans l’intérieur du pays avec notre ONG. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine de bénévoles et nous organisons aussi des séances de sensibilisation dans les écoles. Nous souhaitons maintenant impliquer davantage les autorités, et surtout les municipalités, pour nous aider et nous mettre à disposition d’autres domaines à reboiser !
Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le président guinéen Alpha Condé a lancé en juillet une campagne nationale visant à reboiser 1600 hectares dans tout le pays. Selon les autorités, cette initiative présidentielle vise à réhabiliter des domaines forestiers dégradés tout en créant des emplois pour les jeunes.
>> Lire aussi sur les Observateurs de France 24 : Du bois vendu dans une forêt classée à Conakry : "De qui se moque-t-on ?"
Cet article a été écrit par Maëva Poulet (@maevaplt).