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Vidéo : ces pots-de-vin n'ont pas été touchés par des policiers congolais

Capture d'écran de la vidéo montrant deux douaniers extorquer de l'argent à un voyageur
Capture d'écran de la vidéo montrant deux douaniers extorquer de l'argent à un voyageur
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Une vidéo vue plus de 100 000 fois en une semaine prétend montrer des agents de la police aux frontières congolaise en flagrant délit de corruption. Mais la scène date de 2013 et ne se passe pas en République démocratique du Congo.

Dans un petit bureau fermé, des voyageurs défilent pour présenter leurs bagages et leurs passeports à deux hommes en uniforme. Et presque systématiquement, le même geste capturé dans un angle de vue semblable à celui d'une caméra de surveillance : des billets sont posés sur le bureau, le policier assis les récupère et, décontracté, les glisse sous un porte-documents. Le voyageur extorqué peut s'en aller. Au suivant.

"Corruption à ciel ouvert à la DGM", dit la légende de la vidéo, publiée sur Facebook le 21 mai 2019 et vue plus de 100 000 fois en une semaine. Elle accuse donc la Direction générale de migration (DGM) congolaise de toucher ces pots-de-vin.

La vidéo est ancienne

On retrouve cet extrait de vidéo parmi sept autres dans une publication Facebook datant d'août 2018, écrite en portugais et vue plus de 200 000 fois.

Une recherche d'image inversée à partir de captures d'écran de la vidéo, en utilisant l'outil gratuit InVid, permet de retrouver la vidéo originale. En version longue (24 minutes) et dans une meilleure résolution d'image.

Des policiers angolais et non congolais

La légende parle cette fois du "comportement honteux de la police et des douanes à l'aéroport […] de Luanda", en Angola. L'image étant de meilleure qualité, il est alors possible de repérer des indices confirmant qu'il s'agit d'agents angolais, et non congolais. Le drapeau de l'Angola devient identifiable sur les galons de de l'agent qui se tient debout, ainsi que sur ce qui semble être un brassard posé sur le bureau.

De plus, le journal que feuillette négligemment, entre deux "contrôles", l'agent assis est un exemplaire du quotidien angolais Jornal de Angola. Or, en se référant à l'édition en ligne qu'on peut retrouver grâce au titre en une, on peut voir que le journal est daté du 27 mars… 2013 !

Une date qui coïncide avec celle inscrite en bas à droite de la vidéo, comme un référencement de vidéo de caméra de surveillance.

Le 22 août 2018, l'Administration fiscale angolaise (AGT) a en effet publié un communiqué reconnaissant l'"action illicite d'un agent travaillant à l'aéroport", confirmant que les faits datent de 2013 et indiquant le fonctionnaire a fait l'objet d'une "procédure disciplinaire qui a abouti à sa démission".