Le selfie d’un ranger congolais avec deux gorilles fait le tour du monde
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Deux gorilles semblent poser, debout, l’air décontracté, pour un selfie avec un garde forestier congolais. Cette impressionnante photo, postée le 20 avril, a fait le tour du monde, permettant au parc national des Virunga (est de la République démocratique du Congo) de gagner en notoriété. Ces deux femelles, séparées de leurs parents à l’âge de quelques mois, vivent dans un orphelinat sous la supervision de gardes, qu’elles imitent volontiers.
MISE À JOUR le 23/04/2019 : ajout de la date à laquelle a été prise la photo
Sur Twitter et Facebook, les messages élogieux se sont multipliés après la publication du cliché par le ranger Mathieu Shamavu. "Ces selfies sont magnifiques et prouvent que lorsqu’on dispose d’une énergie positive, tout est possible", peut-on ainsi lire sur un compte Twitter congolais. "C’est le meilleur selfie jamais pris", proclame une internaute, alors qu’une autre s’amuse : "Incroyable ! Je pensais que c’était un montage Photoshop", en réponse à un tweet du compte officiel du parc des Virunga, qui reprend la photo en précisant qu’elle est authentique.
La photo a été prise jeudi 18 avril, dans le centre Senkwekwe, où sont recueillis les gorilles orphelins. Les deux femelles adultes visibles sur la photo, Ndakazi et Ndeze, y ont été élevées après avoir été recueillies à l’âge de deux et quatre mois, quand leurs mères ont été tuées en juillet 2007, rapporte la BBC.
L’aisance et la complicité des deux gorilles avec les rangers a marqué les esprits. "Ces deux femelles sont toujours de petites canailles, cette photo était donc parfaite pour dévoiler leur véritable personnalité !", s’amuse l’administrateur de la page Facebook du parc des Virunga. Leur position debout a également impressionné de nombreux internautes. Mais, en fait, ce n’est "pas surprenant", précise-t-il. "La plupart des primates peuvent marcher debout confortablement pendant de très courts instants."
Sur leurs pages Facebook et Twitter, les rangers congolais Mathieu Shamavu et Patrick Sadiki, ici respectivement au premier et l’arrière-plan, partagent régulièrement des photos d’eux avec les gorilles qu’ils protègent au quotidien.
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© {{ scope.credits }}Photos publiées sur la page Facebook de Patrick Sadiki.
Nous aimons ce métier ce pourquoi nous protégeons ces animaux que vive la conservation de la nature pic.twitter.com/EMNQWy2hHw
Mathieu@idjwi ma priorité (@MunguikoShamavu) 14 janvier 2018
J'aime bien la Nature pic.twitter.com/6KOboVM74a
Mathieu@idjwi ma priorité (@MunguikoShamavu) 26 janvier 2019
Ce n’est pas la première fois que des gorilles orphelins sont photographiés en train d’imiter les gardes qui les protègent. En juin 2017, Mathieu Shamavu avait déjà été photographié aux côtés du gorille Matabishi, une femelle adulte qui imitait son attitude corporelle, rapporte le Daily Mail.
Mathieu et Matabishi avaient par ailleurs été photographiés deux ans auparavant, quand cette dernière pouvait encore monter sur ses épaules.
Braconnage, conflit... Un parc dans la tourmente
Ces images touchantes révèlent pourtant une réalité plus tragique dans le plus vieux parc naturel d’Afrique : les bébés gorilles sont régulièrement chassés pour être vendus comme animaux domestiques en Asie, rapporte France Info. Pour les capturer, les braconniers n’hésitent pas à poursuivre ou tuer leurs parents. En plus du braconnage, les rangers sont confrontés à la présence hostile de nombreux groupes armés, qui attaquent régulièrement les villes de la région, le Nord-Kivu.
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Récemment, deux rangers du parc ont été tués. Le 3 avril, le ranger Hakizimana Sinamenye Chadrack est décédé après un incident avec des animaux sauvages, tandis que le 7 mars dernier, le ranger Freddy Mahamba Muliro est mort après "une attaque sur une position des gardes", rapporte la direction du parc. En 2018, cinq gardes ont perdu la vie dans des embuscades, tendues par des hommes armés suspectés d’appartenir à des groupes rebelles, et 176 autres sont morts dans les Virunga ces vingt dernières années.
Cet article a été écrit par Liselotte Mas (@liselottemas).