À Sao Paulo, casser le bitume pour faire pousser des jardins
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Dans la capitale économique du Brésil, un petit groupe de paysagistes et d’habitants motivés ont décidé de s’activer pour rendre leur ville plus verte. Avec leur collectif, ils profitent du moindre espace urbain inoccupé pour démolir le bitume et planter des arbres.
"Ce n’était pas vert... ça l’est devenu !" Sur la page Facebook du collectif "Novas Árvores por Aí" ("De nouveaux arbres par-là"), ce slogan accompagne plusieurs photos d’espaces urbains de Sao Paulo transformés en petits espaces verts. Sur certains trottoirs, le béton a ainsi laissé la place à des parterres fleuris ou à des arbres.
Traduction de la publication : "[…] Le vert a mangé le béton… C’est peut-être pas grand-chose, mais c’est émouvant de voir le béton disparaitre pour laisser place à un parterre, non ? Ce n’était pas vert, ça l’est devenu !"
Les activistes ont également transformé des places ou ronds-points en "jardins de pluie", un système qui permet de capter les eaux des précipitations, pour éviter par exemple qu’elles ne débordent sur la chaussée. Le second intérêt est que les plantes peuvent ainsi être uniquement alimentées par l’eau de pluie.
Traduction de la publication : "Nouveau 'jardin de pluie' au Beco de Batman (quartier de Sao Paulo). Ce n'était pas vert."
Traduction de la publication : "C'était du ciment... 'Jardin de pluie' largo das Araucárias (São Paulo)... Ce n'était pas vert."
"Aujourd’hui le paysage semble très sec à Sao Paulo, alors qu’on devrait plutôt y voir une nature exubérante !"
Ce collectif a été lancé par un ancien publicitaire, Nik Sabey. Ce Paulistano de 37 ans s’est entièrement reconverti dans l’aménagement d’espaces verts, ce qui lui permet aujourd’hui de gagner sa vie, même si beaucoup de projets de "Novas Árvores por Aí" sont encore réalisés de manière bénévole :
J’ai longtemps travaillé dans la publicité mais je me disais qu'à terme ce que je voulais faire c'était de planter des arbres, de rendre la ville plus verte. En 2012, j’ai lancé la page Facebook "Novas Árvores por Aí" pour rassembler des gens autour de ce projet et mener des actions.
En 2015, c’est devenu plus concret et nous avons commencé à planter des arbres à plusieurs endroits de la ville. Une partie de notre travail est financée : des entreprises nous commandent, par exemple, l’aménagement d’un espace vert. Mais la plupart du temps, ce sont des projets bénévoles avec parfois quelques financements. Un partenaire va, par exemple, nous offrir les semences, ou la mairie va aider aux travaux…
Aujourd’hui, c’est devenu mon travail : je suis paysagiste et je donne des conférences sur ces thématiques. Nous sommes une petite dizaine à travailler de manière régulière pour mener des actions et nous pouvons compter sur une base d’environ vingt bénévoles.
"À Sao Paulo, l’urbanisation s’est toujours faite aux dépens de la nature"
Avant de réaliser un projet, nous avons besoin de l’autorisation de la mairie. Et c’est souvent nous qui allons vers eux pour leur soumettre des propositions. Il s’ensuit une phase de négociations, qui peut être assez longue, car je pense que les questions environnementales ne sont pas toujours traitées de manière prioritaire. Mais une fois nos réalisations terminées, nous recevons de nombreux remerciements de la part d’habitants qui assurent que cela améliore leurs quartiers. Ce sont ces retours qui nous poussent à continuer ! Nous avons également vu d’autres projets similaires se créer à la suite du notre, ce qui montre bien qu’il y a un intérêt pour ces problématiques.
Nous construisons surtout des "jardins de pluie", parce qu’ils ont de nombreux avantages en ville : déjà, ils permettent de contenir l’eau, mais ils humidifient aussi l’air, alimentent les nappes phréatiques et permettent d’irriguer les plantes sans avoir à rajouter de l’eau.
Je pense que ces initiatives pour reboiser et créer des jardins sont importantes à Sao Paulo, qui est une ville très grise et où l’urbanisation s’est toujours faite aux dépens de la nature. Aujourd’hui le paysage semble très sec, alors qu’on devrait plutôt y voir une nature exubérante et un peu sauvage. C’est le cas de beaucoup d’autres villes au Brésil, notamment dans la région de Sao Paulo. Malheureusement, pour le moment, nous n’avons pas encore les moyens de beaucoup nous déplacer dans d’autres villes. [Un projet a néanmoins été réalisé récemment à Carapicuiba, voir publication ci-dessus, NDLR.]
Vous aussi, vous avez repéré un projet citoyen dans votre ville ? Contactez-nous par mail (observateurs@france24.com) ou sur notre page Facebook pour nous en parler !
Cet article a été écrit par Maëva Poulet (@maevaplt).