INTOX / FRANCE

Quatre réflexes simples pour vérifier les images sur les Gilets jaunes

Le mouvement des Gilets jaunes a eu son lot de désinformations, dans un sens comme dans l'autre. Quelques conseils pour ne pas se faire avoir.
Le mouvement des Gilets jaunes a eu son lot de désinformations, dans un sens comme dans l'autre. Quelques conseils pour ne pas se faire avoir.
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Depuis mi-novembre, le mouvement des "Gilets jaunes" fait régulièrement la une de l’actualité en France métropolitaine et d’outre-mer. À l’origine, le mouvement est né en opposition à la hausse des taxes sur le prix du carburant, mais englobe finalement un ras-le-bol général, qui se traduit dans des manifestations disparates. De nombreuses images les illustrent, parmi lesquelles plusieurs intox. Elles sont très variées et constituent une bonne occasion de revoir quelques bons réflexes pour démêler le vrai du faux.

Les Gilets jaunes ont organisé deux journées de manifestations les 17 et 24 novembre regroupant respectivement 281 710 puis 106 301 manifestants partout en France selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur. Des manifestants assurent que les chiffres réels seraient bien plus élevés, et beaucoup d’internautes n’hésitent pas à détourner des images, avec la volonté d’amplifier l’impact du mouvement ou de susciter l’indignation.

1/ La recherche d’images inversée de photo

Le 20 novembre, un internaute sympathisant du mouvement des Gilets jaunes a partagé une série de photos, sans commentaire, montrant plusieurs personnes ensanglantées.

Face à toute image, le premier réflexe est d’en vérifier l’origine par une recherche d’images inversée. Plusieurs outils gratuits existent : Google images, TinEye, Yandex (voir notre récapitulatif ici) et certaines applications permettent de faire exactement la même chose directement sur smartphone (voir comment ici).

En effectuant ces recherches sur les images de cette publication Facebook, il est facile de voir que l’image de la jeune femme ensanglantée a été prise en Espagne le 11 juillet 2012 lors d’une manifestation de mineurs de charbon.

La photo en haut à gauche dans la publication Facebook se retrouve sur cette page où la légende indique qu'il s'agit de manifestations à Madrid le 11 juillet.

 

Pareil pour cette image d’une femme sextagénaire prise également en Espagne mais lors des manifestations pour le référendum en Catalogne en octobre 2017.

La photo de cette dame de 64 ans est listée dans l'une des photos des manifestations du 11 septembre 2017 en Catalogne. Le journal Libération avait raconté l'histoire de cette vieille dame.

Les autres photos ont bien été prises lors des manifestations de Gilets jaunes, preuve que tout n’est pas faux dans la publication. Cependant, le mélange de vraies et de fausses informations est une méthode classique pour créer la confusion.

Des violences ont néanmoins bien eu lieu au cours de plusieurs manifestations. Samedi 24 novembre, un jeune homme a eu la main arrachée par une grenade de désencerclement sur les Champs-Élysées à Paris.

 

2 / Observer la vidéo en détail avant de la partager

Le 21 novembre, une publication comprenant une vidéo affirme que des Gilets jaunes seraient entrés au palais de l’Élysée, siège de la présidence de la République française. Les images circulent principalement via l’application Messenger, adossée à Facebook.

Plutôt que d’utiliser des outils vidéos parfois complexes pour une vidéo qui semble récente, faites confiance à votre meilleur outil : vos yeux.

En observant les détails de la vidéo comme l’explique nos confrères de AFP Factuel, il est possible de voir qu’il est écrit sur la devanture du bâtiment où les Gilets jaunes entrent "Préfecture de l’Aube ".

Dans la publication qui a popularisé la rumeur, on distingue précisément à 1:40 dans la vidéo la devanture "(préfec)ture de l'Aube".

La scène ne s’est pas passée à l’Élysée, mais devant la préfecture de Troyes où des débordements ont eu lieu le 17 novembre, comme l’indique cet article de Canal 32, une télé locale.

Des Gilets jaunes avaient bien tenté de s’approcher de l’Élysée le 17 novembre, sans succès. 

3/ Vérifier la date

Le 17 novembre, une vidéo montrant Emmanuel et Brigitte Macron en train de danser avec la légende "Et pendant que la France va mal" a émergé. Au premier jour des manifestations des Gilets jaunes en France, l’image du chef d’État français participant à un moment festif avec son épouse à l’étranger a suscité l’indignation de certains internautes et a été vue plus de 5 millions de fois au 27 novembre.

Mais attention : toute vidéo doit être remise dans son contexte pour éviter les contresens.

Ici, une recherche avec InVid, un outil permettant de retrouver l’origine d’une vidéo sur Internet (cliquez ici pour en savoir plus) permet de repérer facilement cette vidéo dans des publications du mois d’octobre, bien avant le lancement du mouvement des Gilets jaunes.

En l’occurrence, elle a été tournée le 11 octobre à Erevan, en Arménie, où se tenait alors le sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie. Emmanuel Macron et son épouse s’y étaient rendus, et avaient dansé comme l’ensemble des convives, sur de la musique traditionnelle arménienne.

Un article sur cette cérémonie et le moment où les danses sont improvisées a été publié sur BFMTV le 12 octobre dernier.

4/ Vérifier le contexte exact

Samedi 24 novembre, une vidéo et une capture d’écran montrant un homme portant un gilet jaune faire supposément un salut nazi devant les caméras de BFMTV a circulé essentiellement sur Twitter via des comptes favorables à Emmanuel Macron.

La capture d’écran a notamment été reprise par Naïma Moutchou, députée (La République en marche) du Val d’Oise et... rapporteuse de la loi contre la manipulation de l’information. Elle a depuis supprimé son tweet.

Tweet publié par Naïma Moutchou, députée LREM, depuis effacé.

Prise seule, la capture d’écran peut prêter à confusion. Avant de relayer une information comme celle-ci, il convient de vérifier dans quel contexte le geste a été fait.

Comme l’ont montré nos confrères de l’œil du 20 heures de France 2, dans la séquence initiale, l’homme s’écrit "Ave Macron" en faisant ce geste. Il s’agit donc davantage d’un salut romain que d’un salut nazi.

 

Vous voulez voir d’autres conseils ? Consultez notre guide de vérification des images en cliquant sur l’image ci-dessous