Substituts aux sacs plastiques, des sacs en papier qui inquiètent au Rwanda
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Une habitante de Kigali, la capitale rwandaise, nous a récemment fait part de son inquiétude concernant l’utilisation, dans certains commerces, de sachets en papier recyclé pour emballer des aliments. Dans un pays qui a interdit les sacs plastiques depuis dix ans, des feuilles de brouillon, des photocopies ou encore des corrigés d’examen sont ainsi récupérés pour fabriquer des emballages. Et si l'utilisation de ce papier était risquée, sur le plan de l'hygiène ? C’est la crainte de notre Observatrice, partagée par les autorités.
Depuis 2008, l’importation, l’utilisation et la vente de sacs plastiques sont interdites au Rwanda. Des amendes et des peines de prison sont prévues pour ceux qui ne respectent pas la loi. Depuis cette date, l’utilisation des sacs en papier s’est donc développée.
"Ces sacs m’inquiètent car peut-être qu’une partie du papier ayant servi à les fabriquer a été récupéré dans les poubelles"
Mais certains sacs inquiètent notre Observatrice à Kigali, qui a contacté notre rédaction fin août.
Certains vendeurs utilisent des petits sacs ressemblant à des enveloppes pour emballer leurs produits, qui sont fabriqués à partir de feuilles de papier destinées à être jetées : feuilles de brouillon, corrigés d’examens, lettres de gens ayant postulé à un travail, photocopies de cartes d’identité… On peut voir cela dans beaucoup de boutiques.
Photo prise par notre Observatrice.
Photo prise par notre Observatrice.
D’après ce que je sais, ce sont des personnes chargées de nettoyer les bureaux, par exemple, qui récupèrent ces feuilles de papier. Puis elles les vendent à des gens qui fabriquent les enveloppes, à petit prix. Pour les fabriquer, il suffit d’avoir de la colle. Et ensuite, ces enveloppes sont vendues aux commerçants, à petit prix également.
Cela m’inquiète – et je ne suis pas la seule – car peut-être qu’une partie du papier ayant servi à fabriquer ces enveloppes a été récupéré dans les poubelles. Ce n’est peut-être pas problématique si elles servent à emballer des produits que l’on peut laver ou cuire avant consommation. Mais cela m’inquiète davantage, sur le plan de l’hygiène, quand elles sont utilisées pour emballer des produits que l’on consomme directement : par exemple des beignets, des boulettes de viande, des petits gâteaux, des capattis (sorte de pain plat) ou encore des samoussas, autant d’aliments que les Rwandais achètent quotidiennement.
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© {{ scope.credits }}Photos prises par notre Observatrice.
Ne faudrait-il pas éradiquer ces enveloppes en papier, comme on l’a déjà fait avec les sacs plastiques, même si on en trouve encore parfois dans les commerces et sur les marchés ? Ceci dit, si on les interdit, je ne sais pas ce que les commerçants utiliseront, car les autres enveloppes et sachets qui existent – fabriqués également avec du papier ou d'autres matériaux – coûtent bien plus cher...
Photo prise par notre Observatrice, qui explique qu'il est toujours possible de trouver des sacs plastiques sur les marchés.
Des sacs en papier interdits depuis le 1er août
Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, Samson Twiringire, de la "Rwanda Environment Management Authority" (REMA, un organisme rattaché au ministère de l’Environnement), a indiqué que les sachets en papier décrits par cette habitante existaient déjà avant l’interdiction des sacs plastiques, avant de poursuivre :
Ils sont fabriqués par des gens chez eux, avec de la colle, dans l’illégalité. Ils sont ensuite utilisés par des commerçants car ils coûtent peu cher, même si on n’en trouve pas tant que ça.
Également contacté par notre rédaction, le Rwanda Standards Board (RSB, un organisme créé par le gouvernement pour élaborer et diffuser des normes, afin de protéger les consommateurs et promouvoir les échanges commerciaux) a décidé d’interdire ces sacs en papier le 1er août, en collaboration avec la REMA, après avoir consulté le ministère de la Santé :
Nous avons interdit l’emballage des aliments dans du papier déjà utilisé, pour des raisons d’hygiène et de santé publique : ce papier n’est pas propre, il y a de l’encre dessus, ceux qui collectent le papier et qui l’utilisent pour fabriquer des sacs le font manuellement, sans se soucier de l’hygiène…
Par ailleurs, le 1er août, nous avons également lancé une campagne à la radio, à la télévision et dans la presse, pour demander aux consommateurs et aux commerçants d’arrêter d’avoir recours à ces sacs en papier. Et un mois plus tard, nous avons commencé à surveiller les marchés, pour retirer ces sacs.
Photo de sacs autorisés, prise par notre Observatrice
Cet article a été écrit par Chloé Lauvergnier (@clauvergnier).