Dix ans des Observateurs : dix ans d'actualité en images amateur (2)
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La rédaction des Observateurs de France 24 fête son dixième anniversaire ce mois-ci. À cette occasion, nous avons sélectionné dix images amateur – prises ou relayées par nos Observateurs – illustrant des événements marquants de l’actualité des dix dernières années.
Dans la première partie de cet article, nous sommes revenus sur des évènements ayant été au cœur de l’actualité entre 2008 et 2012.
>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Dix ans des Observateurs : dix ans d’actualité en images amateur (1)
Dans cette seconde partie, nous avons choisi d’évoquer des moments marquants en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et en Asie, entre 2013 et 2017.
2013 – La Centrafrique sombre dans le chaos, un conflit documenté par nos Observateurs
Le 24 mars, les rebelles de la coalition Séléka (majoritairement musulmans) s’emparent de la capitale Bangui, trois mois après le début d’une offensive militaire leur ayant permis de s’emparer de plusieurs villes du pays. Les rebelles parviennent à faire fuir le président François Bozizé, et leur chef, Michel Djotodia, s’autoproclame président de la République.
Ce dernier est toutefois incapable de rétablir l’ordre dans le pays et de nombreux pillages et exactions sont commis par la Séléka, ce qui pousse notamment la population de Bangui à se rebeller. Ces exactions conduisent également les milices d’autodéfense anti-balaka (majoritairement chrétiens et animistes) à prendre les armes en septembre, comme le documente l’un de nos Observateurs.
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Les exactions sont ensuite commises à la fois par la Séléka et les anti-balaka, à Bangui et dans le reste du pays, conduisant de nombreux Centrafricains à fuir leur domicile et à s’entasser dans des camps de déplacés.
Alors que la situation est de plus en plus chaotique, la France décide d’envoyer des soldats sur place en décembre 2013, dans le cadre de l’opération Sangaris, pour tenter de rétablir la sécurité dans le pays.
2014 – En Syrie et en Irak, l'organisation État Islamique enchaîne les conquêtes et terrorise les populations
Alors la guerre déchire la Syrie depuis 2011, la naissance de l’organisation État islamique (EI) en 2014 marque un tournant dans le conflit. Ce groupe choque le monde entier en perpétrant massacres, séances de tortures, exécutions et décapitations, tout en imposant dans les villes conquises un mode de vie ultrastrict et une justice punitive basée sur les principes les plus rigoristes de la charia. Le tout relayé par une propagande bien rodée.
À Raqqa, ville devenue la "capitale" de l’organisation EI, des activistes du groupe "Raqqa est égorgée en silence" parviennent à filmer les rues, au péril de leur vie (son fondateur a été assassiné fin 2015 en Turquie).
>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : "EI : témoignage exclusif de Raqqa pendant les frappes"
Les jihadistes se heurtent malgré tout à la résistance des Kurdes notamment, lors de la bataille de Kobané. Ces derniers s’attirent alors le soutien de l’opinion publique, notamment grâce aux femmes combattantes, érigées en symboles du combat contre l’obscurantisme.
Du côté irakien, l’organisation EI parvient à s’emparer de Mossoul en quelques jours au mois de juin, faisant fuir des milliers d’habitants. En août, après la bataille de Sinjar, les jihadistes massacrent les Yazidis, accusés d’hérésie, puis violent et réduisent en esclavage des milliers de femmes.
À la fin de l’année, les États-Unis constituent une coalition militaire et entament une série de bombardements visant l'organisation jihadiste.
2015 – Le conflit au Yémen s'internationalise : les habitants sous les bombes de la coalition
Fin mars, une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite effectue des frappes aériennes dans le pays pour la première fois. L’objectif : défendre le gouvernement yéménite contre les rebelles chiites houthis, un groupe qui s’estime marginalisé sur le plan économique, économique et religieux.
En 2014, plusieurs manifestations houthies s’étaient d’abord déroulées pour réclamer la démission du gouvernement. Les rebelles étaient également parvenus à contrôler plusieurs villes du pays, avant de s’emparer du palais présidentiel en janvier 2015.
Durant toute l’année 2015, les affrontements entre rebelles et forces progouvernementales, ainsi que les bombardements de la coalition, font plusieurs milliers de morts, dont de très nombreux civils. Nos Observateurs à Aden et Sanaa nous décrivent les combats de rue, les bombardements et leurs techniques pour se protéger. Nous avons sélectionné cette photo, montrant une famille sans-abri ayant trouvé refuge dans une canalisation à Sanaa, espérant ainsi échapper aux bombes.
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2016 – En Europe, les migrants touchés de plein fouet par le durcissement de la politique migratoire
En 2015, plus d’un million de migrants arrivent en Europe. Une très grande partie d’entre eux sont des Syriens, qui arrivent sur les côtes grecques avant d’emprunter la "route des Balkans". Mais ce chiffre est quasiment divisé par trois en 2016, notamment en raison de la fermeture de la route des Balkans et de l’accord scellé entre l’UE et la Turquie, qui prévoit de renvoyer les migrants illégaux arrivés en Grèce vers la Turquie.
Ce durcissement de la politique migratoire européenne s’accompagne de nombreuses violences et dérives xénophobes, documentées par nos Observateurs. En Hongrie, où une clôture "anti-migrants" a été construite, un maire décide de traquer lui-même les migrants avec l’aide de miliciens. De nombreuses agressions commises par la police, visant les migrants, sont également recensées dans ce pays, à la frontière serbe. En Bulgarie, où un mur "anti-migrants" a été érigé comme en Hongrie, un groupe d’extrême-droite se met lui aussi en tête de "chasser" les migrants, une activité illégale mais tolérée par les autorités. En outre, de nombreux migrants se retrouvent bloqués aux frontières dans les Balkans.
Du côté de la Grèce, l’un de nos Observateurs se retrouve bloqué dans le camp de Moria, sur l’île de Lesbos. Depuis l’accord scellé avec la Turquie, Moria est en effet devenu un camp de rétention géré par la police et l’armée. Notre Observateur nous envoie notamment cette vidéo où l’on voit les tentes dans lesquelles les migrants doivent dormir, sur le point de s’envoler à cause des rafales de vent.
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Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 5 098 migrants sont morts en Méditerranée en 2016, contre 3 784 en 2015.
2017 – De la Birmanie vers le Bangladesh, l'exode sans précédent des Rohingya
Les Rohingya sont des musulmans vivant principalement dans l’ouest de la Birmanie, où ils sont minoritaires. Apatrides, ils sont victimes de persécutions depuis des dizaines d’années.
Le 25 août, des rebelles de l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan attaquent plusieurs postes de police dans l'État de Rakhine. En guise de représailles, l’armée birmane s’en prend alors violemment aux populations locales, les accusant de soutenir les rebelles. Des exécutions sommaires et des pillages ont lieu, des maisons sont incendiées… Selon Médecins sans frontières, 6 700 Rohingya ont été tués entre le 25 août et le 24 septembre. Plus de 640 000 d'entre eux sont contraints d’aller se réfugier au Bangladesh, pour échapper à ce que l’ONU considère comme une "épuration ethnique" conduite par l’armée, une fuite racontée par nos Observateurs.
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De nombreuses images sont manipulées pour évoquer cette crise, tant du côté des autorités birmanes que des activistes soutenant les Rohingya.