Bénin : sur le lac Nokoué, les élèves vont à l’école en radeaux de récup'
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Avec ses 339 hectares étalés entre Cotonou et Porto Novo, au Bénin, le lac Nokoué abrite l’un des plus grands ensembles de communes lacustres d’Afrique de l’Ouest. Plus de 75 000 habitants vivent sur des îlots ou des maisons sur pilotis. Mais encore faut-il pouvoir se déplacer. Pour cela, ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir une barque ne manquent pas d’ingéniosité pour bricoler des radeaux de fortune, dont les enfants se servent notamment pour aller à l'école.
Dans le village lacustre d’Avagbodji, situé sur le lac Nokoué, la barque est l’unique moyen de déplacement. Notre Observateur Maximin Djondo, directeur de l’ONG de protection de l’environnement "Bees", s’est rendu cette semaine sur place et pu prendre plusieurs photos montrant des jeunes avançant sur l’eau à l’aide de radeaux de fortune construits avec des bidons d’essence usagés, des planches de bois et des bouts de ficelle.
Un jeune homme sur un radeau de fortune au niveau du village de Avagbodji, sur le lac Nokoué. Photo : Maximin Djondo.
Un jeune homme sur un radeau de fortune au niveau du village de Avagbodji, sur le lac Nokoué. Photo : Maximin Djondo.
Un jeune homme sur un radeau de fortune au niveau du village de Avagbodji, sur le lac Nokoué. Photo : Maximin Djondo.
"La majorité de la population de cette cité vit dans une grande précarité"
Ce village est entièrement sur l’eau. Quand on n’a pas de barque sur place, c’est difficile d’aller d’un point A à un point B ! Il n’est pas rare de voir des enfants se déplacer à la nage, ils y sont habitués. Mais pour aller à l’école, c’est plus compliqué. Certaines familles ont assez d’argent pour que leurs enfants aient une barque, mais dans d’autres, les jeunes doivent se débrouiller. Il y a des barques que l’on peut partager, mais le trajet coûte autour des 50 francs CFA. Tout le monde ne peut donc pas se le payer.
Pour m’y rendre régulièrement, j’ai alors remarqué que certains écoliers construisent de petites embarcations avec les moyens du bord. La plupart sont faites à base de bidons d’essence. C’est en effet sur ce lac que passent les cargaisons d’essence venues du Nigeria pour être vendues au Bénin, on trouve donc des bidons partout.
La majorité de la population de cette cité vit dans une grande précarité. Ici, il y a surtout des pêcheurs, mais ils subissent en ce moment une grave crise en raison notamment de la surpêche et de la pollution du lac. Il faut dire que l’eau du lac sert à tout pour les habitants : y compris à y déverser leurs ordures et eaux usées. Depuis plusieurs années, un autre problème prend de l’ampleur : celui des jacinthes d’eau. Ces plantes qui poussent sur l’eau rendent le lac difficilement navigable et empêchent les poissons de s’installer. Il y a donc plusieurs hommes du village qui s’en vont vers Cotonou pour devenir chauffeurs de taxis-motos. La pollution pose aussi des questions sanitaires que nous essayons en ce moment d’analyser.