SRI-LANKA

Des "Wonder Women" sri lankaises humiliées sur Internet

Les deux jeunes femmes au Comic Con de Colombo. Photo publiée sur Twitter.
Les deux jeunes femmes au Comic Con de Colombo. Photo publiée sur Twitter.

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Amaya Suriyapperuma et Seshani Cooray se sont rendues au Comic Con de Colombo le 26 août, vêtues d’un costume de Wonder Woman. Mais une fois les photos de l’événement publiées sur internet, elles ont reçu une vague de messages haineux, se moquant notamment de leur apparence… ce qui a valu aux deux jeunes femmes le soutien public de la réalisatrice et l’actrice principale du blockbuster américain, inversant la tendance.

Amaya Suriyapperuma est fan de Wonder Woman. Pour fêter son anniversaire, elle a eu envie de revêtir le costume de son héroïne, et de se rendre à un Comic Con, une convention dédiée aux bandes-dessinées et comics, dans lesquels il est courant de venir déguisé. Son amie Seshani porte elle aussi un costume, moins élaboré. "J’adore le fait que le film ait fait tant d’efforts pour normaliser la figure de la femme forte ", détaille-t-elle dans une interview accordée au site srilankais Life Online.

"Ces femmes se sont déguisées en Wonder Woman au Comic Con srilankais, et sont maintenant tournées en ridicule sur les réseaux sociaux. Retweetez si vous les trouvez superbes !", écrit un internaute sur Twitter.

Mais, dès le lendemain, des photomontages se moquant du physique et du déguisement d’Amaya ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. L’un d’eux, partagé plus de 300 fois, la compare à un soldat romain de la bande-dessinée Astérix.

“Elle ressemble à un soldat romain dans les BD Astérix”, peut-on lire en légende de ce montage visant à ridiculiser la jeune femme.

"J’ai été choquée par toute cette haine et ces humiliations portant sur mon physique. C’est même allé jusqu’au harcèlement et à la diffamation. Je ne comprends toujours pas pourquoi des gens qui ne me connaissent même pas perdent du temps à me détester. Mais, en fait, je devrais être reconnaissante de toute cette haine parce que ça a propagé mon histoire partout dans le monde", raconte-t-elle à Life Online.

L’actrice du film sorti cet été, Gal Gadot, et sa réalisatrice Patty Jenkins, ont apporté leur soutien à Amaya et Seshani.

"Vous êtes superbes les filles", lance la célèbre actrice sur Twitter. 

"Vous êtes vraies, vous jouez avec honneur et esprit. Une véritable amazone. Vous nous rendez tous fiers. Merci !", écrit la réalisatrice sur sa page Twitter. 

En plus de leurs messages, la jeune femme a également reçu le soutien de nombreux internautes srilankais, qui se sont mobilisés pour signaler les pages qui publiaient des messages insultants à son encontre. La publication reproduite ci-dessus était pourtant toujours en ligne le 1er septembre 2017.

Les deux jeunes femmes ont confié à la BBC être très heureuses d’avoir reçu ces messages de leurs idoles. "C’est tellement génial d’être reconnue et honorée par Patty Jenkins et Gal Gadot elle-même ! […] Je suis une grande fan de Gal Gadot, donc c’était incroyable", raconte Amaya Suriyapperuma. "La groupie en moi ne va jamais l’oublier", renchérit Seshani Cooray.

Amaya Suriyapperuma, qui est étudiante en psychologie, est d’autant plus ravie de cette mobilisation, qu’elle a permis selon elle de lancer un débat sur le harcèlement en ligne et la place des femmes dans la société. "C’est une bonne occasion pour faire en sorte que les gens discutent de ces sujets. J’espère pouvoir saisir cette chance pour m’exprimer sur ces problèmes et sensibiliser la population. Le harcèlement et l’humiliation, quels qu’ils soient, sont intolérables", a-t-elle déclaré dans Life Online.

Si cet exemple de cyber harcèlement se termine sur une note positive pour les deux Wonder Women srilankaises, les faits-divers tragiques se sont multipliés ces dernières années un peu partout dans le monde.

Dans une interview accordée à l’Obs, la spécialiste de l’analyse des discours numériques Marie-Anne Paveau affirmait récemment que sur internet, les femmes étaient les première victimes : "le corps et la sexualité des femmes sont touchés prioritairement, ainsi que leur pouvoir quand elles le prennent (comme pour les actrices)".