Le "puputov", la nouvelle arme des manifestants vénézuéliens à base… d’excréments
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Alors qu’une vague de manifestations secoue le Venezuela depuis le 1er avril, les protestataires ont trouvé une nouvelle technique pour faire face aux forces de l’ordre. Ces derniers jours, certains d’entre eux ont remplacé les habituels cocktails Molotov par des "puputov", c’est-à-dire des projectiles à base d’excréments ("pupú" signifie "caca")...
Dans un premier temps, les cocktails "puputov" ont été utilisés à Los Teques, la capitale de l'État de Miranda, voisin de la capitale Caracas, le week-end dernier.
L’idée de lancer des excréments sur les forces de l’ordre a ensuite été reprise sur les réseaux sociaux, où de nombreux messages ont été publiés pour expliquer comment fabriquer ces projectiles ou pour vanter leurs "avantages", souvent de façon humoristique.
Le principe : utiliser des sacs plastiques, des bouteilles en plastique ou des pots en verre – bien que cette troisième option soit critiquée par certains, en raison du risque de blessures – puis les remplir avec un mélange d’excréments et d’eau.
"Elle ne coûte pas cher, elle est bio et elle est efficace contre la GNB [Garde nationale bolivarienne, NDLR], la PNB [Police nationale bolivarienne NDLR], et les collectifs [ce terme désigne les groupes soutenant le gouvernement, régulièrement accusés de s’en prendre aux manifestants, NDLR] : puputov"
Dans cette vidéo, ce jeune homme explique comment fabriquer un "puputov" (en espagnol).
"Comment préparer un puputov ? 1. Verse la merde dans le bocal en verre en faisant attention. 2. Fais attention à bien fermer le bocal pour éviter une odeur de merde."
Vamos todos a hacer PUPUTOVS, 100% efectivas y de fácil acceso. Las mascotas nos pueden ayudar en esa actividad... pic.twitter.com/Duuk0fTZX8
Sur les réseaux sociaux, une affiche a même circulé afin d’appeler les Vénézuéliens à participer à une "marche de la merde" à Caracas, mercredi 10 mai, avec le message suivant : "Armons-nous ! Ils ont du gaz, nous avons des excréments." Pour les manifestants, cette technique leur permet en effet de résister face aux forces de l’ordre, qui utilisent régulièrement des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour les disperser.
Ya estamos listos para mañana !! #puputovs pic.twitter.com/0xqr9hpEKv
— Puputovs (@puputovs) 9 mai 2017
Cette affiche a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux avant la journée de protestation prévue le mercredi 10 mai.
People in Venezuela are throwing sh*t at police to protest President Nicolas Maduro. pic.twitter.com/5ynKIo0OXR
Selon des médias locaux, cette technique a également été utilisée dans d’autres villes du pays.
Les "puputov" ne font néanmoins pas l’unanimité, même du côté des opposants. Certains ont ainsi critiqué leur côté insalubre. Par ailleurs, la chaîne de télévision publique Venezolana de Televisión a évoqué une forme de "bioterrorisme".
Le #puputov marche bien au Venezuela ???????? Les Vénézuliens pour le Plan B je pense qu'il n'y a pas meilleur qu'eux. Avec rien ils font tout pic.twitter.com/F1wPXpNXS3
— FranceVenezuela (@venezuelafrance) 11 mai 2017
Ce n’est pas la première fois que les manifestants utilisent des armes "alternatives" pour faire face aux forces de l’ordre. Récemment, des bombes de peinture avaient également été jetées sur les véhicules blindés des forces de l’ordre, pour les empêcher de voir correctement.
Depuis le 1er avril, les violences émaillant les manifestations ont fait 38 morts et des centaines de blessés. En outre, des centaines de personnes ont également été arrêtées.
Depuis cette date, des manifestations ont lieu presque tous les jours pour exiger le départ du président Nicolás Maduro avant la fin de son mandat (en décembre 2018) et l’organisation d’élections générales anticipées. Les manifestants s’opposent également à son projet de convoquer une assemblée constituante, une manœuvre destinée à repousser les élections selon eux. Les tensions s’étaient cristallisées début avril en raison de la décision de la Cour suprême – réputée proche du président – de s’arroger les pouvoirs du Parlement – contrôlé par l’opposition – même si elle avait finalement fait machine arrière, en raison du tollé provoqué par cette décision.
:) #puputovs pic.twitter.com/zFBkG5I5nV