BELGIQUE

Avec le collectif "Leo not happy", à Bruxelles, la guerre aux ordures est déclarée

Le collectif "Leo not Happy", le 22 avril pendant une collecte de mégots de cigarettes. Photo : DHF Photography, page Facebook de Leo not Happy.
Le collectif "Leo not Happy", le 22 avril pendant une collecte de mégots de cigarettes. Photo : DHF Photography, page Facebook de Leo not Happy.
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Pour lutter contre la pollution des rues de Bruxelles, un étudiant a créé le personnage "Leo not Happy" ["Leo pas content"]. Le concept : une petite boîte en carton, flanquée d’un sourire blasé, qu’il photographie devant les déchets de la ville pour dénoncer les gestes d’incivilité et inviter les habitants à participer à des collectes de déchets.

En février 2016, lors de la remise de son Oscar du meilleur acteur pour le film "The Revenant", Leonardo DiCaprio avait profité de son discours pour appeler son auditoire à protéger l’environnement. À Bruxelles, Adel Saedi, 26 ans, étudiant en communication digitale, a été inspiré par l’engagement de l’acteur et a lancé la page Facebook du personnage "Leo not happy", une petite boîte en carton qu’il fait poser devant les ordures jetées dans les rues de la capitale belge. "Au-delà de cet Oscar, Leo souhaiterait que nous prenions soin de notre Terre. Le ferez-vous ?", écrit-il dans une publication de mars 2016, invitant ainsi les Bruxellois à commencer par jeter leurs ordures à la poubelle.

Rapidement, son initiative se fait connaître et lui permet de rassembler des bénévoles pour organiser des collectes de déchets dans la rue. La dernière en date s’est déroulée le 22 avril. Elle a réuni près de 200 personnes, et a permis de ramasser 120 000 mégots de cigarettes… rien que dans le centre-ville de Bruxelles.

"Les mégots sont des déchets acceptés socialement alors que c’est le premier déchet mondial"

L’objectif est d’abord de montrer que la problématique des déchets de rue existe, et que les ordures jonchent nos rues sans même parfois que l’on s’en rende compte parce qu’elles sont presque devenues invisibles ! Pour autant, je ne voulais pas simplement photographier des déchets et dire "voilà ce n’est pas bien" : il ne s’agit pas d’avoir un discours négatif. C’est pour cela que j’ai pensé à ce personnage "Leo not Happy", qui apporte une touche humoristique. Une fois la page Facebook lancée, plusieurs personnes m’ont envoyé des messages pour me demander d’organiser des collectes de déchets ! Il y avait visiblement une vraie demande.

"Nous avons ramassé près de 120 000 mégots rien que dans le centre-ville"

Dès le 23 avril 2016, j’ai organisé, avec l’aide de la Ville de Bruxelles qui nous a fourni le matériel nécessaire, le premier ramassage de déchets citoyen. L’événement a été relayé sur les réseaux sociaux et dans les médias, ce qui a fait gagner de la visibilité au mouvement et nous a permis d’organiser d’autres collectes pendant l’année. J’ai pu constater que le thème de la propreté de la ville était très fédérateur : lors de ces événements, il y avait des gens de tous les âges, de tous les quartiers et parfois même des touristes qui se joignaient à nous en nous voyant ramasser les déchets.

Maintenant, nous essayons de faire des événements plus ciblés. C’est pourquoi nous avons organisé une collecte spécialement axée sur les mégots de cigarette le 22 avril 2017, pour le premier anniversaire du lancement du collectif. Nous nous sommes concentrés sur le centre-ville de Bruxelles pour montrer que, même si c’est l’un des endroits les plus régulièrement nettoyés de la ville, il est complètement pollué par les mégots. C’était d’autant plus important que les mégots sont des déchets acceptés socialement : certains fumeurs n’hésiteraient pas à jeter leurs mégots par terre, sans que personne ne leur dise rien, alors même qu’ils ne jetteraient jamais une canette sur la Grand-Place par exemple ! Lors de cette collecte, j’ai moi-même été impressionné par la quantité de mégots que nous avons ramassée, près de 120 000 rien que dans le centre-ville alors que l’objectif était, à la base, d’en ramasser 30 000 en deux heures. Nous les avions placés dans un grand tube en plastique pour que les passants puissent se rendre compte de l’ampleur du problème.

"Nous espérons à l’avenir trouver un moyen de valoriser ces déchets"

Grâce à l’aide de la Ville de Bruxelles, nous avons également distribué aux fumeurs que l’on croisait des cendriers de poche, en expliquant pourquoi il était important de ne pas jeter les mégots par terre, notamment parce que c’est le premier déchet mondial, qu’il met 12 ans à se dégrader et qu’il contient des substances chimiques.

Les mégots ont ensuite été récupérés par le service de nettoyage de la Ville qui s’est chargé de les jeter. Nous espérons à l’avenir trouver un moyen de valoriser ces déchets, en les donnant par exemple à des entreprises qui permettent de les recycler. Pour l’instant, nous faisons cela gratuitement, et sur notre temps libre, mais c’est un des développements possibles du projet. J’espère aussi que le mouvement pourra se décliner dans d’autres villes de la Belgique, voire même à l’étranger.