À Mossoul, des jeunes effacent les traces de l’EI à coups de balai
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La vie reprend progressivement son cours dans les quartiers est de Mossoul, depuis le 18 janvier, date à laquelle les forces armées irakiennes et leurs alliés ont repris cette zone aux jihadistes de l’organisation État islamique. Son quartier à peine libéré, notre Observateur s’est retroussé les manches pour effacer les traces de l’occupation et sensibiliser au "vrai islam" , loin de la haine extrémiste. .
L'armée irakienne contrôle désormais la totalité des quartiers est de Mossoul. Cependant, l’EI contrôle toujours l'ouest de la grande métropole du nord de l'Irak, où vivaient près de deux millions de personnes avant que la ville ne tombe aux mains de l’EI en juin 2014. Les deux parties de la ville sont séparées par le Tigre, le fleuve est donc devenu une ligne de front ces derniers jours.
Notre Observateur Mahmoud Chaker vit à al Zohor, un quartier résidentiel dans la partie est de Mossoul, où la vie "semble presque normale aujourd’hui". Avec deux amis, il a lancé une campagne sur les réseaux sociaux sous le slogan "Rendez Mossoul plus belle".
"Nous avons effacé des dessins sur des murs montrant des scènes de décapitation"
Malgré la poursuite des combats à quelques kilomètres, nous nous sentons enfin en sécurité. Les employés ont repris le chemin de leur travail, la plupart des magasins ont rouvert, et la circulation des voitures a repris.
Des bâtiments, des rues ont été endommagés durant les combats. Je me suis dit qu’il fallait que j’apporte ma contribution à la reconstruction de la ville. Alors, avec deux amis, j’ai lancé sur les réseaux sociaux cette campagne de nettoyage. Avec des balais, des sceaux et des brouettes, nous avons commencé l’opération de nettoyage le 26 janvier.
Nous sommes d’abord allés dans une maternité du quartier Sokkar, qui avait été incendiée, début janvier. Nous étions une centaine de jeunes à travailler dans ce bâtiment. En deux jours, nous avons pu réhabiliter notamment la salle des urgences, le service de radiographie, la partie administrative ainsi que la pharmacie. Nous avons notamment rétabli le courant et ramené des médicaments.
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© {{ scope.credits }}Nous avons ensuite nettoyé les quartiers Zohor et celui de Muthanna, une zone commerçante où il y avait beaucoup de débris de bâtiments endommagés. Quand les riverains nous ont vus, ils étaient très contents. Ils nous ont encouragé, et nous ont offert des rafraichissements et des gâteaux.
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© {{ scope.credits }}Nous avons balayé les décombres dans les rues et également effacé des dessins peints sur les murs par les jihadistes. Ce sont des dessins épouvantables. Il y en a notamment un qui montre un jihadiste en train de décapiter un homme. Un autre met en scène un combattant brandissant le drapeau de l’organisation et en train de piétiner la Constitution. À Mossoul, les éléments de l’EI dessinaient partout sur les murs. Les personnes qui le faisaient se cachaient toujours le visage avec un voile, donc impossible de les reconnaître.
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© {{ scope.credits }}Dans les prochains jours, nous comptons étendre l’opération de nettoyage aux autres quartiers. Nous ne pourrons toutefois pas nous approcher du fleuve, car des obus atterrissent souvent dans cette zone. J’ai une tante qui vit sur l’autre rive et ma famille est très inquiète car elle n’a pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours.
Ce qui est plus rassurant en revanche, c’est que toutes les écoles de la partie est rouvriront leurs portes dès la semaine prochaine. Nous comptons d’ailleurs y mener une campagne de sensibilisation aux vraies valeurs de l’islam. Le but c’est d’aller dans les salles de cours et d’expliquer aux enfants que l’islam tel que promu par l’EI n’est pas le vrai islam, qu’il faut rejeter la violence et accepter son prochain même s’il est d’une religion différente.