Cinq intox qui ont marqué 2016
Publié le : Modifié le :
Une star congolaise empoisonnée par son micro, un mexicain décédé trois fois dans des attentats, une fausse "superwoman israélienne", des médias russes qui accusent des migrants de viol avec de vieilles vidéos, une Libanaise de sept ans victime de photomontages en Syrie… Retour sur cinq tentatives de désinformation qui ont marqué 2016.
Papa Wemba empoisonné sur scène… par son micro ?
La mort du chanteur congolais Papa Wemba, en plein concert à Abidjan, a endeuillé le monde de la musique en avril dernier. Quelques heures après l’annonce de son décès, une théorie rocambolesque a enflammé les réseaux sociaux : des internautes ont assuré que la star avait été empoisonnée… par son micro.
Cette hypothèse s’appuyait sur une vidéo du concert où un technicien enlève un micro de la scène et en apporte un nouveau, prétendument "empoisonné". L’analyse des images a même donné lieu à un débat sur la chaîne nationale congolaise !
Sauf que l’assistant n’a pas emmené un "nouveau micro", mais un trépied. D’autres images du concert montrent Papa Wemba se diriger vers le trépied et y placer le micro qu'il tient déjà dans sa main. Contactée par France 24, la manager de l’artiste avait confié avoir refusé de regarder ces vidéos jugées "ridicules". Elle avait aussi révélé les problèmes de santé de Papa Wemba.
RELIRE NOTRE ARTICLE : "Papa Wemba empoisonné par son micro" : la théorie complotiste ubuesque venue de RDC
Le Mexicain qui mourrait à tous les attentats…
Attentats, accidents, bavures policières : à l’occasion de nombreux drames survenus récemment, le visage d’un homme, présenté comme l’une des victimes, circule sur les réseaux sociaux. L’équipe des Observateurs de France 24 est tombée sur sa photo pour la première fois après le crash de l’avion EgyptAir, en mai.
Des internautes affirmaient qu’il était à bord. Lors de la tuerie survenue à Orlando dans une boite de nuit gay le 12 juin, son portrait revient dans une vidéo du New York Times présentant les victimes du drame. Puis, sa photo est publiée sur Twitter après la fusillade à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, le 28 juin.
Intrigué par la récurrence de ces photos, notre équipe avait mené l’enquête. Résultat : cet homme est bel et bien vivant…
L'intégralité des publications le concernant renvoyait à des internautes basés au Mexique. Ces derniers, contactés par France 24, donnaient tous la même version : ils avaient été escroqués par cet homme dans une affaire de prêts et voulaient se venger. Contacté par nos journalistes, l'homme en question nie toute escroquerie et se dit dépassé par cette plaisanterie.
RELIRE NOTRE ARTICLE : Mais qui est ce Mexicain qui meurt dans tous les attentats ?
Une "superwoman" israélienne ?
Des images de caméra de sécurité, filmées dans un bar en Israël, avaient fait le buzz sur les réseaux sociaux en février. On pouvait y voir une jeune femme mettre K.O trois hommes en train de la harceler.
La vidéo avait d’abord été publiée par la femme qui apparaît sur les images : Gili Ganani, 19 ans et ceinture noire de Krav Maga. Sa publication, en hébreu, a été reprise par un utilisateur de Facebook qui l’a traduite en anglais le 29 février. Cette version a été vue plus de 8 millions de fois !
Mais il s'agissait en réalité... d'une publicité pour le professeur d’arts martiaux de la jeune femme, qu’elle remercie d’ailleurs à la fin de la vidéo. Ganani elle-même a finalement admis qu’il s’agissait d’une mise en scène.
C’est l’un des nombreux exemples de publicité cachée circulant sur les réseaux sociaux. Ces vidéos, qui deviennent virales, offrent aux entreprises un accès rapide à une très grande audience…
RELIRE NOTRE ARTICLE : La "superwoman" israélienne fait un énorme buzz, mais c'est bidon
Viol présumé à Berlin : des médias russes accusent des migrants avec une fausse vidéo
Le 11 janvier dernier, une adolescente germano-russe de 13 ans avait prétendu avoir été enlevée et violée par des "Méditerranéens" à Berlin. La police allemande avait confirmé sa disparition, mais la jeune fille aurait présenté des "versions contradictoires" lors de son audition. Si bien que le 18 janvier, la police de Berlin avait expliqué qu’après enquête, il n’y avait eu ni enlèvement, ni viol.
Mais l'histoire créé un incident diplomatique entre l'Allemagne et la Russie, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accusant Berlin d'avoir dissimulé des informations sur le dossier. Un journaliste de Perviy Kanal, la principale chaîne publique russe, relaie alors une vidéo pour prouver qu’il y a bien eu viol…
Sur celle-ci, plusieurs hommes se filment avec un téléphone portable et expliquent en allemand qu’ils ont "violé une jeune fille vierge". Une simple recherche sur YouTube permet pourtant de prouver que les images ont déjà été publiées en septembre 2009… avec pour titre "Des Turcs parlent ouvertement de viol".
Près d’un an plus tard, aucun des médias russes l’ayant diffusée n’a fait de correctif pour dire que la vidéo était ancienne, et les reportages sont toujours disponibles sur leurs sites.
RELIRE NOTRE ARTICLE : Viol présumé à Berlin : des médias russes accusent des migrants avec une fausse vidéo
La photo de la "Joconde syrienne" est un fake
Début janvier 2016, une campagne sur les réseaux sociaux bat son plein pour venir en aide à la population de Madaya, ville syrienne située près de la frontière avec le Liban. Assiégée depuis six mois par l’armée de Bachar al-Assad et le Hezbollah libanais, la ville est au bord de la famine.
Du flot des clichés montrant des enfants de Madaya souffrant de malnutrition, émerge l’image d’une petite fille aux grands yeux bleus juxtaposée à la photo d’un enfant squelettique. Le photomontage est accompagné de ce commentaire : "La Mona Lisa syrienne est en train de mourir de faim !"
Appel aux dons pour les habitants de Madaya posté sur la page Facebook du Conseil des oulémas musulmans.
Pourtant, la petite fille aux yeux bleus s’appelle Marina Mazeh, est originaire d’un village près Tyr, dans le sud du Liban, et n’a rien à voir avec la catastrophe humanitaire de Madaya.
Ce n’était pas la première fois que la photo de Marina faisait l’objet d’un détournement. En janvier 2014, des internautes l'avaient déjà publiée, décrivant l'enfant comme une réfugiée syrienne vendant des chewing-gums dans un camp de réfugiés en Jordanie.
RELIRE NOTRE ARTICLE : La photo de la "Joconde syrienne" est un fake
Pour repérer les Intox qui circulent sur les réseaux, lisez notre guide de vérification des images.