Risquée et jamais-vue : l’opération escargot des chauffeurs de bus de Téhéran
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Les habitants de Téhéran n’ont probablement jamais assisté à une grève d’une telle ampleur : lundi 5 décembre, environ 400 chauffeurs de bus de la capitale iranienne ont roulé à vitesse très réduite, toutes lumières allumées. Ils protestaient contre la non-obtention d’une aide au logement que la compagnie de transport publique s’était engagée à leur fournir. Une démarche courageuse, alors que les précédentes manifestations avaient été violemment réprimées.
Cette opération escargot avait été décidée en réaction à la répression dont avaient été victimes les chauffeurs la veille. Le 4 décembre, ils avaient organisé une première manifestation devant la mairie de Téhéran. Les forces sont de l’ordre sont brutalement intervenues pour les disperser : 20 manifestants ont été arrêtés, certains ont le nez cassé, d’autres ont été blessés par des coups de matraque.
Chauffeurs blessés après la manifestation de dimanche.
Le syndicat des chauffeurs de bus de Téhéran a alors décidé que le 5 décembre, les véhicules ne rouleraient pas à plus de 30 km/h, avec tous leurs feux allumés, comme en ont témoigné des images postées sur les réseaux sociaux.
Une grève de cette ampleur est très rare en Iran. Lors d’un précédent mouvement social, deux chauffeurs avaient écopé de cinq ans de prison, d’autres avaient été licenciés.
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Les chauffeurs ont en tous cas trouvé du soutien sur les réseaux sociaux.
"Conduire lentement, c’est une façon de protester pour les chauffeurs de bus. J’espère que nous verrons tous leur grève et pourrons les féliciter "
Selon une décision de la municipalité de Téhéran, les conducteurs de bus doivent pouvoir accéder à un logement à prix modéré : la compagnie publique de bus bénéficie d’un crédit de 22 millions d’euros pour construire des logements à bas coût, mais n’a pas rempli ses obligations selon les chauffeurs grévistes.