Massacres près de Béni : les autorités offrent des cercueils, la population les brûle
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Après que de nouveaux massacres ont été commis en début de semaine dans la région de Béni, au nord-est de la République démocratique du Congo, les autorités locales ont jugé bon, en signe de compassion avec les familles de victimes, d’offrir des cercueils. La population leur a répondu en les incendiant, sous le regard de notre Observateur.
Dans la nuit du lundi 31 octobre au mardi 1er novembre, le village de Kithevya a été le lieu d’une attaque sur des populations civiles faisant au moins sept morts. Un épisode de violences comme la région de Béni en connaît maintenant régulièrement depuis deux ans. Ces attaques, régulièrement attribuées au groupe ADF-Nalu par le gouvernement congolais, auraient fait entre 700 et 1 200 morts depuis octobre 2014, selon différentes ONG.
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"Ici, le sentiment, c’est que les responsables politiques passent leur temps à dépenser de l’argent et à trouver des solutions après coup"
Le lendemain, les autorités d’Oicha, chef-lieu de la région, ont décidé d’offrir des cercueils aux familles des victimes. Mais ils sont vite partis en fumée, sous les yeux de Josué Bashizi, directeur de la radio locale Muungano-Oicha, présent sur place.Les gens ont mis le feu aux cercueils, car pour eux, ce "cadeau" démontrait que les autorités n’avaient rien compris. Ils disaient : "On n’a pas besoin de cercueil, trois planches de bois et neuf dollars nous suffisent !". Ici, le sentiment, c’est que les responsables politiques passent leur temps à dépenser de l’argent et à trouver des solutions après coup.
Ça ne part pas d’un mauvais sentiment, mais les habitants ont considéré que c’était un peu à côté de la plaque. Ils ont surtout besoin que les autorités prennent de vraies décisions pour arrêter les massacres.
Début octobre, Human Rights Watch a dénoncé l’incapacité des autorités congolaises et des Casques bleus de l’ONU à ramener la sécurité dans cette zone du Nord-Kivu. Des experts des Nations unies accusent par ailleurs des généraux appartenant à l’armée congolaise d’avoir formé une milice dans la région. Des affirmations rejetées par les autorités congolaises.