Tunisie : à Bizerte, un pianiste proteste en jouant dans les ordures
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Pour protester contre la prolifération des déchets dans la ville de Bizerte, le musicien Tunisien Lotfi Garbys a installé dimanche son piano en plein milieu d’une décharge, et y a tourné un clip.
Masque chirurgical sur le visage, il a inscrit sa démarche en solidarité avec une campagne lancée par des habitants de Bizerte sur les réseaux sociaux, qui vise à dénoncer la "dégradation de l’environnement et l’infrastructure" de la ville.
"Ici les ordures sont ramassées au mieux deux fois par semaine"
Lotfi Garbys est originaire de Bizerte. Il est membre du groupe de rock Tunisien Garbys.En jouant en plein milieu d’une poubelle, j’ai voulu envoyer un message aux responsables locaux. Il faut qu’ils fassent le nécessaire pour empêcher ce genre de spectacle désolant.
Les ordures ont été ramassées peu après ma prestation, comme on le voit sur les photos. Je ne sais pas si c’est un hasard et si c’est dû à ma présence. En tout cas, ici, les ordures sont ramassées au mieux deux fois par semaine.
Ce n’est pas normal de laisser les déchets s’accumuler ainsi plusieurs jours. Pourquoi n’y a-t-il pas un service de ramassage quotidien ? Et pourquoi dans certaines décharges n’y a-t-il même pas de benne à ordures ?
Les autorités ne sont pas les seules responsables de cet état de dégradation de la ville. C’est aussi le manque de civisme de certains citoyens qui jettent les déchets n’importe où, qui conduit à cette situation.
Contacté par France 24, Mohamed Riadh Ellazem, le maire de Bizerte, assure prendre le problème en main :
Nous avons traité le problème des décharges sauvages dès mon arrivée à la mairie il y a cinq ans. En 2011, il y avait 131 décharges sauvages à Bizerte. Aujourd’hui, il en reste 37. Ces décharges improvisées sont créés par certains citoyens qui jettent leurs déchets n’importe où. Nous ramassons ces immondices deux à trois fois par semaine. Nous avons des moyens limités et il nous est pour le moment difficile de faire mieux.
La campagne de protestation contre la "dégradation de l’environnement" à Bizerte a été lancée début août sur Twitter. Sous le hashtag #بنزرت_الرخ_لا (Bizerte, on ne lâche pas), des riverains ont posté des photos montrant notamment des bouches d’égout ouvertes, des voitures garées sur les trottoirs, et des décharges sauvages à proximité des écoles.