ÉTATS-UNIS

Mais pourquoi ces hommes postent-ils des photos d’eux en tutu ?

Des hommes posent en tutu en solidarités avec Roo
Des hommes posent en tutu en solidarités avec Roo

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Agressée verbalement par un passant à cause de la tenue de son fils, qui portait un tutu, une mère américaine a partagé ses impressions dans un post Facebook devenu viral. Sa détermination à accepter les choix vestimentaires de son fils sans l’enfermer dans un genre a déclenché une vague de solidarité sur les réseaux sociaux.

Le 23 août, Jen Anderson Shattuk affirme s’être faite alpaguer dans la rue par un inconnu lui demandant pourquoi Roo, son fils de trois ans et demi, portait un tutu. “Elle ne devrait pas te faire ça”, a alors lâché le passant à l’enfant, avant d’ajouter : “Tu es un garçon, elle est une mauvaise maman, c’est de la maltraitance infantile”. Toujours d’après Jen Anderson Shattuk, l’homme a décidé ensuite de prendre des photos, “pour que tout le monde soit au courant”.

Elle a répondu à cet homme le lendemain, sur son compte Facebook. Son post a été partagée plus de 53 000 fois ce mercredi. “Dans notre monde à nous, c’est un non-problème”, affirme-t-elle, précisant que son fils porte des tutus à l’église comme au bac à sable. “On nous a déjà posé des questions bien-intentionnées, auxquelles on a répondu, et jusqu’à maintenant tout allait bien.”

Jen Anderson Shattuk, choquée par cette agression verbale, a porté plainte contre l’inconnu auprès de la police. Et s’est dite déterminée à soutenir son fils. “Je ne laisserai pas des inconnus énervés dire à mon fils ce qu’il peut porter ou non”, clame-t-elle dans son post. “Je défendrai, crierai son droit à marcher dans la rue en paix, en portant tous les vêtements qu’il veut, quels qu’ils soient (...) Je lui montrerai (…) que j’apprécie la personne qu’il est, que j’ai confiance dans sa vision de lui-même, et que je supporte ses choix (…)".

Cette déclaration pleine de conviction a déclenché une vague de solidarité sur la toile. Sur Twitter et Facebook, sous le hashtag “#TutusForRoo” (des tutus pour Roo), des internautes masculins ont partagé des messages de soutien et des photos d’eux-mêmes en tutu :

"Parce que chacun d'entre nous peut porter ce qu'il a envie de porter"

"Salut Roo, je suis un mari, un papa, un joggeur, un haltérophile, un vétéran de l'armée, et je pense que les tutus sont supers"

Pour les transgenres, des droits encore chancelants

Le sujet renvoie, par extension, à la question de l'identité de genre aux États-Unis. Si être transgenre n’est plus considéré comme une maladie mentale depuis 2012, les discriminations continuent malgré tout. En février, une loi hostile aux transgenres, leur interdisant d’utiliser les toilettes autres que celles correspondant à leur sexe d’origine, a été adoptée par l’État de Caroline du Nord. La nouvelle avait alors déclenché la protestation de nombreuses personnalités du monde culturel. D’après le Los Angeles Times, huit autres États seraient en train d'essayer de passer des lois similaires et seuls 18 États permettent aux personnes transgenres d'utiliser les toilettes de leur choix.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est elle aussi à la traîne : elle classe encore le transgenre au chapitre des "Troubles mentaux et du comportement". Pourtant, une étude publiée récemment dans The Lancet Psychiatry et reprise par journal canadien Le Devoir montre que “ce sont le rejet social et la violence qui causent de la détresse chez les transgenres, bien plus que les caractéristiques inhérentes de leurs 'incongruences de genre', telles que les chercheurs proposent de les appeler”.