Elections au Gabon : retour sur le scrutin en images amateur… et quelques couacs
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Les Gabonais étaient appelés aux urnes samedi 27 aout pour élire leur nouveau président. Arrestations, dépouillements dans la pénombre et bulletins brûlés : nos Observateurs nous ont fait parvenir durant le week-end plusieurs vidéos amateur faisant état des à-côtés de l’élection et de quelques incidents survenus en marge du scrutin.
Près de 630 000 Gabonais étaient appelés aux urnes samedi pour élire leur futur président, dans 2 580 bureaux de vote. Cinq candidats étaient en lice, mais la victoire devrait se jouer entre les deux favoris, le président sortant Ali Bongo et son opposant Jean Ping. Les résultats définitifs devraient être connus mardi.
Le ministre de l’Intérieur a fait état d'un "taux de participation élevé", sans donner de précisions. Le scrutin s’est déroulé dans le calme, selon la plupart de nos Observateurs, à quelques exceptions près, comme en témoignent les images envoyés certains d'entre eux.
1. Des arrestations d’individus étrangers munis de cartes d’électeurs
Dans le centre de vote des Deux écoles, en périphérie de Libreville, l'un de nos Observateurs a été témoin de l’arrestation d’un individu par des militaires. Il venait de se présenter dans un bureau de vote où il n'était pas inscrit.
"Ce dernier a donné son nom, mais celui-ci ne figurait pas sur la liste" explique notre Observateur, qui a souhaité conserver l’anonymat. "Les militaires sont venus l’extirper car la foule commençait à le fouiller pour trouver sa réelle identité. Les officiels qui se trouvaient dans le bureau où cet homme a tenté de voter ont demandé l'intervention des soldats pour qu'il soit interpellé. Je n'ai pas pu voir ses documents directement, mais certains ont affirmé qu'il était de nationalité béninoise" ajoute-t-il.
#Gabon arrestation ce matin d'un individu originaire du #Bénin suspecté d'avoir tenté de voter #Gabon2016 #oF24 pic.twitter.com/Zh44PB2gMs
— Alexandre Capron (@alexcapron) 27 août 2016
Une scène similaire nous a été signalée par un autre Observateur à l’école publique de Louis à Libreville et également au bureau de vote de Saint-André à Port-Gentil. Des photos et vidéos montrent les individus être arrêtés par des soldats alors qu’ils tentaient de se rendre dans un bureau pour voter.
2. Faute d’électricité, dépouillement à la lumière des smartphones
À la tombée de la nuit de samedi, certains dépouillements n’étaient toujours pas terminés. Mais faute de courant, c’est à la lumière des smartphones et des lampes-torches que le comptage des voix s’est effectué.
Notre Observateur Boursier Tchibinda, qui était observateur de la société civile pour cette élection, a filmé dans l’école Roger Butin à Port-Gentil. Il explique :
J’ai été marqué par la ténacité des électeurs, quel que soit leur camp, à assister au dépouillement de certains bureaux de vote, même en l'absence d'électricité. Tout le monde était un peu sur les nerfs, car l’absence de lumière rendait difficile le décompte, même si la couleur des bulletins de vote de certains candidats apparaissait mieux. Ces images montrent malheureusement qu’on ne peut toujours compter sur la possibilité d’avoir de l’électricité, y compris dans une école.
3. Des bulletins de vote brûlés après dépouillement
Après les dépouillements, dans certains bureaux de vote, comme au bureau numéro 7 à Libreville, des électeurs ont jugé bon de mettre le feu aux bulletins de vote une fois les résultats entérinés. "C’est une façon pour eux de s’assurer que les bulletins ne soient pas recomptés une deuxième fois ou utilisés à des fins de fraudes" explique l'un de nos Observateurs qui a assisté à la scène.
Cependant, un autre de nos Observateurs, Boursier Tchibinda, s’inquiète :
L’émotion collective a primé sur l’esprit démocratique… Même si ce genre de scènes n’a pas eu lieu partout, que va-t-il se passer si, en cas de contentieux électoral, les bulletins doivent être recomptés ?
Vous aussi vous avez pris des images que vous souhaitez nous transmettre ? N’hésitez pas à nous les envoyer à observateurs@france24.com ou sur WhatsApp : +33 6 30 93 41 36 !