IRAN

Un élu municipal détruit un symbole zoroastrien, des Iraniens le comparent à l’EI

L'élu municipal Abbas Gaziri détruit un symbole zoroastrien dans la salle du conseil municipal de Yazd
L'élu municipal Abbas Gaziri détruit un symbole zoroastrien dans la salle du conseil municipal de Yazd

Publicité

La vidéo montrant un conseiller municipal de la ville de Yazd en train de détériorer une décoration zoroastrienne a déclenché la fureur de la toile iranienne. Les internautes comparent son acte aux destructions des monuments anti-islamiques perpétrées par l’organisation État islamique (EI) en Syrie et en Irak.

La vidéo prend Abbas Gaziri, conseiller municipal de la ville de Yazd, en flagrant délit de détérioration de la mairie. On le voit, dans une salle de réunion, en train de faire disparaître sous une peinture blanche la représentation du temple de Bahram dessinée au mur. Ce lieu de culte, qui se trouve à Yazd, revêt une importance particulière dans la religion zoroastrienne. Ce "temple du feu" abrite une flamme qui ne doit jamais s’éteindre : les fidèles doivent prier face à la lumière.

Partagée plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux, la vidéo a provoqué la colère des internautes. Certains ont comparé l’attitude de ce mollah à celle du groupe jihadiste État islamique, qui détruit des monuments historiques anti-islamiques en Irak et en Syrie. Sur Twitter, un internaute accuse l'élu municipale d'avoir des "pratiques du style de l’EI au conseil municipal de Yazd" :

"Les personnes très conservatrices considèrent les symboles zoroastriens comme profanes"

Barbod habite à Yazd. Il est zoroastrien.

Cela m’a vraiment choqué même si cette attaque est l’œuvre d’Abbas Gaziri. Cet homme est célèbre à Yazd pour son zèle religieux, non pas envers les Zoroastriens uniquement, mais avec tous les habitants.

Ce qu’il a détruit est le signe "Farvahar", sur la façade du "temple du feu" Bahram à Yazd. Certaines personnes très conservatrices pensent que "Farvahar" est un totem, ce qu’ils considèrent comme profane. Mais ce n’est pas correct, il représente seulement des symboles spirituels du zoroastrisme : "Bonnes pensées, bonne parole, bons actes, la sagesse et la Terre". Ce n’est absolument pas une représentation de Dieu.

Outre les réactions exprimées sur les réseaux sociaux, j’attends une réaction de Sepanta Niknam, qui est le seul membre zoroastrien du conseil municipal.

Cependant, je considère cette attaque comme l’acte isolé d’une personne intolérante. Il n’y a jamais eu de problèmes entre les habitants zoroastriens et musulmans à Yazd. Les musulmans respectent notre communauté. Sepanta Niknam a reçu plus de 20 000 voix lors de son élection en 2012, alors que la communauté zoroastrienne compte 5 000 membres. Cela signifie que des musulmans ont voté pour lui [Abbas Gaziri a eu 3 000 voix de moins que lui, NDLR].

Ce n’est cependant pas la première fois que des officiels ultraconservateurs de Yazd remettent en cause le zoroastrisme. En 2013, Mohammad Horzdeh, mollah ultraconservateur et ancien membre du conseil municipal, avait protesté publiquement contre l’élection de Sepanta Niknam.

Le zoroastrisme est une religion monothéiste apparue en Iran entre le IIe et le VIIe siècle avant Jésus-Christ. La religion est officiellement reconnue par la constitution iranienne, et le Parlement iranien compte un membre zoroastrien. Selon les chiffres officiels, il y a environ 25 000 zoroastriens en Iran aujourd’hui.