PARAGUAY

Un Paraguayen brûle les fesses d’un enfant "pour qu’il ne fasse plus pipi au lit"

Capture d'écran de la vidéo diffusée sur Twitter par le journaliste paraguayen Rolando Rodi.
Capture d'écran de la vidéo diffusée sur Twitter par le journaliste paraguayen Rolando Rodi.
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Dans une vidéo circulant depuis plusieurs jours au Paraguay, on voit un homme allumer un feu dans la cour d’une maison, puis prendre un petit garçon nu dans ses bras, avant de le passer au-dessus des flammes durant une quinzaine de secondes. Un châtiment censé l’empêcher de refaire pipi au lit, qui a choqué de nombreux Paraguayens.

Les faits se sont déroulés dans un quartier pauvre de Limpio, une ville située dans la banlieue de la capitale paraguayenne, dans la matinée du 25 juin.

Choqués par la scène à laquelle ils avaient assisté, des voisins ont porté plainte dans la soirée contre l’homme que l’on voit dans la vidéo, qui est le beau-père de l’enfant. La police est alors venue l’arrêter. L’enfant, âgé de 3 ans, a immédiatement été amené à l’hôpital, où il a été examiné. Le personnel médical a indiqué qu’il avait des brûlures au premier degré.

Le lendemain, une vidéo montrant la scène a été diffusée par le journaliste Rolando Rodi sur Twitter. Très relayée sur les réseaux sociaux, elle a suscité l’indignation de nombreux internautes.

France 24 a décidé de ne publier que des captures d'écran de cette vidéo et de les flouter :

Au début de la vidéo, on voit l'homme préparer le feu, avant de passer l'enfant au-dessus des flammes.

"J’ai posté cette vidéo pour que les autorités réagissent et que l’affaire ne reste pas impunie"

Rolando Rodi travaille pour la chaîne paraguayenne SNT Canal 9. Il explique pourquoi il a souhaité diffuser ces images.

La vidéo a été tournée par la tante de l’enfant. Mais c’est une autre personne de la famille qui me l’a envoyée le lendemain. Je l’ai postée sur Twitter pour deux raisons.

Premièrement, je voulais que les autorités en charge des questions liées à l’enfance réagissent, pour que cette affaire ne reste pas impunie, comme c’est souvent le cas.

Deuxièmement, c’était l’occasion de débattre de la violence domestique, dans la mesure où les lois concernant les enfants en particulier sont encore très laxistes. [Selon l’article 134 du code pénal, une personne maltraitant un mineur peut être condamnée à deux ans de prison au maximum ou à une amende, NDLR.] D’ailleurs, le procureur a finalement inculpé l’homme pour "violence familiale", et non pour "maltraitance", car cela devrait permettre de le punir plus sévèrement.

Âgé de 18 ans, le beau-père de l’enfant se trouve actuellement en détention. "C’est ma grand-mère qui m’a dit de le passer au-dessus du feu, pour qu’il arrête de faire pipi au lit", a-t-il déclaré selon le quotidien La Nación, tout en assurant "regretter son geste".

En revanche, la mère de l’enfant, âgée de 21 ans, n’a pas été arrêtée. Elle a d’ailleurs récupéré son fils, après son passage à l’hôpital. Selon elle, son conjoint le maltraitait régulièrement et lui avait déjà infligé cette punition.

"Cette famille vit dans une pauvreté extrême"

Après avoir publié la vidéo, je me suis rendu à l’endroit où elle avait été tournée, afin d’en savoir plus sur cette famille. Ils vivent dans une pauvreté extrême. Le beau-père est analphabète et il avait déjà agressé sa copine, qui est la mère de l’enfant.

J’avais déjà entendu parler de ce type de punition. On m’avait dit qu’elle était infligée aux enfants à la campagne en particulier. Mais je n’avais encore jamais vu ça directement. Selon le procureur, il s’agit d’une méthode traditionnellement utilisée par les indigènes, consistant à placer l’enfant au-dessus de la fumée – et non des flammes, comme ce que l'on voit dans la vidéo – tout en lui faisant faire un mouvement de croix. La grand-mère de l’enfant a d’ailleurs des origines indigènes.

La cour où a été infligée la punition à l'enfant (fin de la vidéo).

"Les gens portent davantage plainte qu’avant"

Anibal Cabrera travaille pour la Coordination pour les droits des enfants et des adolescents, qui réunit 35 organisations au Paraguay.

Des enfants sont victimes de violences au sein de toutes les classes sociales, en ville et à la campagne. Mais les cas de violences impliquant les classes populaires sont davantage médiatisés en général. Le point positif, c’est qu’il y a davantage de plaintes déposées qu’auparavant.

Afin de lutter contre la maltraitance infantile, un projet de loi est actuellement examiné au Parlement concernant la protection des enfants contre les "châtiments corporels et autres traitements cruels, inhumains et dégradants", pour encourager les adultes à les éduquer de façon non-violente.

Selon une étude sur la maltraitance des enfants au sein de la sphère familiale au Paraguay publiée par l’Unicef en 2011, 61 % des enfants et adolescents disent avoir été victimes de violences physiques, verbales ou psychologiques de la part de leurs proches. 35 % des jeunes affirment avoir subi des violences physiques graves (coups avec des objets, coups de pied, brûlures, asphyxie), 13 % assurent avoir été victimes de violences physiques légères (fessées, gifles, cheveux tirés, pincements, obligation de rester dans des positions inconfortables) et 13 % disent avoir subi des violences psychologiques (insultes, malédictions, menaces d’abandon, etc.).