IRLANDE – ROYAUME-UNI

Un drone largue des pilules abortives en Irlande du Nord

Photo : Marc Godefroy pour Women on Waves.
Photo : Marc Godefroy pour Women on Waves.
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Des pilules permettant d’avorter après plusieurs semaines de grossesse ont été larguées par un drone en Irlande du Nord mardi, après avoir été envoyées d’Irlande. Le but des militantes à l’origine de cette action : dénoncer les lois très restrictives qui règnent dans les deux parties de l’île en matière d’avortement, interdisant notamment l’utilisation de ce comprimé.

Après avoir décollé d’Omeath, un village situé dans le nord-est de la République d’Irlande, le drone a atterri quelques centaines de mètres plus loin, à Narrow Water Castle, une localité d’Irlande du Nord. Deux femmes ont alors récupéré les comprimés livrés par l’engin, avant d’en avaler un chacune.

 

Vidéo : Women on Waves.

 

"Ces pilules ne présentent généralement aucun danger. Les prendre revient à faire une fausse couche"

Rebecca Gomperts, médecin, est la fondatrice de Women on Waves, une association néerlandaise pro-choix, à l’origine de cette action avec les organisations ROSA (Reproductive rights against Oppression, Sexism and Austerity), Alliance for Choice et Labour Alternative.

 

 

 

Nous avons expédié des comprimés de mifépristone. C’est un médicament administré par voie orale, qui bloque l’action de la progestérone, une hormone indispensable au déroulement de la grossesse.

Une fois ce comprimé avalé, il faut ensuite prendre du misoprostol, généralement 48 heures plus tard. C’est un médicament à insérer dans le vagin ou pouvant se prendre par voie orale, qui entraîne des contractions et provoque l’expulsion de l’œuf. C’est ainsi que l’on réalise une IVG médicamenteuse.

Ces deux médicaments peuvent être pris par les femmes jusqu’à neuf semaines de grossesse. [Selon le ministère de la santé français, ils peuvent être pris jusqu'à sept semaines de grossesse, soit 9 semaines après les dernières règles. Au-delà de ce terme, il est toujours possible d’avorter en France, mais par voie chirurgicale, NDLR.] Ils sont disponibles dans presque tous les pays européens mais ni en Irlande, ni en Irlande du Nord. Leur utilisation est pourtant approuvée par l’Organisation mondiale de la santé depuis 2005.

À travers cette action, nous souhaitions donc montrer que ces pilules existent et qu’elles ne présentent aucun danger particulier. Les prendre revient à faire une fausse couche.

 

Les lois en matière d’avortement en Irlande sont les plus strictes d’Europe. En République d’Irlande, une femme peut interrompre sa grossesse uniquement lorsque celle-ci présente un danger de mort pour elle. L’avortement pour tout autre motif – viol, inceste, malformation grave ou mortelle du fœtus – est donc strictement prohibé. Les femmes ayant avorté illégalement ou les personnes les ayant aidées dans cette démarche encourent jusqu’à 14 ans de prison. Selon Amnesty International, au moins 4 000 Irlandaises se rendent à l’étranger tous les ans pour interrompre leur grossesse.

En Irlande du Nord, il est également interdit de recourir à l’IVG, sauf lorsque la vie ou la santé mentale de la mère est menacée. Toute personne enfreignant la loi est passible d’une peine de prison à vie. Cette législation – datant de 1861 – est très différente de celle en vigueur dans les trois autres nations constituant le Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays-de-Galles), où l’avortement est autorisé.