TURQUIE

Le Parlement turc transformé en ring de boxe

Capture d'écran d'une des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrant la bagarre.
Capture d'écran d'une des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrant la bagarre.
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D’un côté les députés de l’AKP, le parti au pouvoir, de l’autre des parlementaires de la formation d’opposition pro-kurde HDP.  Ces images de bagarre générale n’ont pas été tournées dans un bar malfamé, mais au Parlement turc.

Le 29 avril, une commission parlementaire devait discuter de la proposition du gouvernement de retirer leur immunité aux parlementaires. La loi actuelle interdit en effet pour l’instant les poursuites judiciaires à l’encontre des députés en fonction.

Mais une bagarre a éclaté entre deux élus de l’AKP et un élu du HDP.

Vidéo prise par l'un des députés dans le Parlement et publiée sur les réseaux sociaux.

Selon NTV, la bagarre n’a débouché que sur des blessures légères.

La scène est accablante pour l’image des hommes politiques en Turquie. Elle intervient sur fond de guerre en Syrie, où s’affrontent des groupes armés kurdes et des forces soutenues par Ankara, et de combats sur le sol turc entre le groupe armé kurde PKK et les forces gouvernementales.

Le président Erdogan, fondateur de l’AKP,  voudrait que les membres du HDP puissent être traduits en justice, les accusant d’être un prolongement du PKK, considéré comme un groupe terroriste par la Turquie, les États-Unis et l’Union européenne. Une accusation démentie par le HDP.

Vidéo prise par l'un des députés dans le parlement et publiée sur les réseaux sociaux.

Emre Demir, rédacteur en chef de "Zaman France" est spécialiste de la politique turque.

Nous avons déjà connu des bagarres dans l’enceinte du Parlement turc, mais ce niveau de violences était inédit. Pour comprendre cet incident, il faut revenir aux élections générales de juin 2015, quand l’AKP a perdu la majorité absolue dans l’Hémicycle. Pour la première fois, le parti pro-kurde a pris près de 13% des suffrages.

De son côté, le PKK est sorti affaibli. Mais en reprenant la guerre contre le PKK, le parti au pouvoir a depuis regagné en popularité. Dans un pays à majorité sunnite et conservateur, cette posture guerrière est appréciée… De son côté, le PKK lui aussi perdait en notoriété et ce conflit l’a relancé. Les extrêmes se renforcent, et c’est la démocratie qui en sort affaiblie.