Mieux que les cours d’instruction civique, l’intégration des réfugiés… par le surf
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Pour aider à leur intégration, la plupart des réfugiés se voient offrir des cours de langue ou de longues tirades sur les valeurs de leur pays d’accueil. Une ONG Australienne a choisi une méthode moins austère : l’intégration par le surf.
Laisser sa vie derrière soi et en bâtir une nouvelle, c’est le lot de tout réfugié. Pour aider les demandeurs d’asile à dépasser ce déracinement et à s’intégrer, l’organisation humanitaire Settlement Services International a créé “Surfing Without borders” [Surfer sans frontières]. Car quoi de mieux que la pratique de ce sport pour s’imprégner de l’état d’esprit australien ?
Les leçons se déroulent sur la plage légendaire de Bondi Beach en collaboration avec l’école de surf "Let’s go surfing".
Photo : Surfing Without Borders album
(Photo ; SSI)
“Quand je suis dans l’eau, je me sens en confiance, heureux et fort”
Danny est un réfugié politique originaire d’Iran qui participe au programme.En Iran, j’ai suivi des leçons de natation quand j’étais enfant. J’adore l’eau - j’ai même travaillé comme sauveteur. J’avais donc vraiment très envie d’essayer le surf. Quand je suis dans l’eau, je me sens en confiance, heureux et fort. Ça m’a toujours donné un sentiment de liberté.
Moi j’ai eu de la chance, mais de nombreux migrants meurent pendant la traversée. [Comme Danny, de nombreux réfugiés paient des passeurs pour faire la traversée d’Indonésie en Australie par bateau. Des centaines d’entre-eux le paient chaque année de leur vie. Notamment depuis l’an dernier, car l’Australie a durci sa politique sur les entrées clandestines par l’océan, renvoyant parfois les migrants vers l’Indonésie dans leurs embarcations de fortune, NDLR]. Donc avant même de pouvoir participer aux cours de surf, les instructeurs doivent réhabituer les réfugiés à l’eau.
(Photo: Surfing Without Borders)
J’ai rencontré plein de gens lors des cours de surf - des réfugiés iraniens et afghans, mais aussi nos instructeurs australiens. Et puis maintenant, comme je vis à côté de la plage, je surfe chaque week-end. Je m’adapte à la vie en Australie. Quand je suis arrivé, je ne parlais pas anglais, mais je me suis beaucoup amélioré. J’ai même un travail dans le secteur de la construction et une petite amie Australienne.
Le cas de Danny est toutefois relativement rare. Les demandeurs d’asile, et spécifiquement ceux qui arrivent clandestinement en Australie par bateaux, ont rarement l’opportunité de s’installer dans le pays.
En 2013, l’Australie a réintroduit la sous-traitance des demandeurs d’asile à des centres “offshore”. Les migrants sont ainsi nombreux à être détenus dans des centres en Papouasie-Nouvelle-Guinée et sur l’île de Nauru, dans l’attente que leur dossier de demande d’asile soit examiné par l’Australie. Le Premier Ministre Australien, Kevin Rudd, a d’ailleurs précisé qu’"en vertu de l’accord régional de replacement des migrants, les demandeur d’asile qui arrivent illégalement par bateau en Australie n’ont aucune chance d’être accueillis comme réfugié dans le pays ". Si leurs requêtes sont acceptées, les demandeurs d’asile seront accueillis dans des pays tiers, comme le Cambodge, qui a signé un accord avec l’Australie. Si leurs demandes sont rejetées, ils pourront être reconduits dans leur pays d’origine.
Même si ce programme de surf est une réussite, tout n’est pas rose pour les réfugiés en Australie. Nous avons d’ailleurs documenté les mauvaises conditions de détention des demandeurs d’asile sur l’île de Nauru, où sont parqués les réfugiés.